Happy End (2017) de Michael Haneke

5 ans après le triomphe du film "Amour" (2012) et ses prix multiples (dont Oscar, César et Palme d'Or !) le réalisateur Michael Haneke revient avec un drame familial froid et toujours aussi clinique dans sa description du microcosme social. Après le couple âgé dans l'attente d'une mort attendue il nous immerge au sein d'un famille bourgeoise du Nord de la France. Le cinéaste fait appel à deux de ses acteurs de "Amour", Jean-Louis Trintignant et Isabelle Huppert (4ème film avec Haneke après "La Pianiste" en 2000, "Le Temps du Loup" en 2002 et "Amour") qui reprennent leurs rôles respectifs père-fille. A leurs côtés il y a Mathieu Kassovitz qui retrouve lui Trintignant après "Regarde les Hommes tombés" (1994) et Héros très discret" (1996) tous deux de Jacques Audiard, ainsi que Laura Verlinden (vue dans "Le Tout Nouveau Testament" en 2015 de Jaco Van Dormael) Franz Rogowski (vu dans "Victoria" en 2015 de Sebastian Schipper) et Toby Jones (récemment dans "Atomic Blonde" de David Leitchavec en prime la jeune Fantine Harduin (12 ans).

Happy End (2017) de Michael Haneke

Ceux qui connaissent le cinéma de Haneke ne seront pas surpris. Il s'agit toujours d'un style sans concession, à la mise en scène très méticuleuse et clinique avec un fond philo-psychologique pour ne pas dire ethnologique avec ses thèmes de prédilection que sont la mort et le deuil, l'enfance oppressée (à l'insu du plein gré ou non !), le poids des convenances... Le film débute en vidéo smartphone sur une scène dont on se fout royalement, sentiment confirmé par la suite des évènements. Haneke cherche une fois de plus, et c'est tout à son honneur, d'innover plus ou moins dan sa mise en scène mais cette fois on ne saisit pas forcément le lien entre forme et fond. En effet, il insiste longuement sur certaines séquences alors qu'il n'y a guère d'intérêt comme les gros plans sur un écran d'ordinateur où s'écrivent des messages érotiques. Pourquoi ?! Il suffit de quelques secondes pour comprendre le contenu alors pourquoi nous y laisser le temps d'y lire plusieurs paragraphes ?! De longs plans sur des visages et des regards qui en disent parfois longs, on comprend, ici ce n'est que de l'inutile. Cette fois Haneke se perd lui-même comme si il s'auto-caricaturait à l'extrême.

Happy End (2017) de Michael Haneke

Sa critique acerbe de la bourgeoisie mortifère fait son effet, dans une mise en scène qui l'est tout autant on suit une famille inintéressante au possible, sans vie, sans envie, digne effectivement d'un besoin de suicide ! Dommage, car les acteurs sont impeccables, surtout Trintignant (qui a déclaré que Haneke était le plus grand réalisateur avec qui il a tourné, quand on connait la filmographie de l'acteur ça laisse pantois !) et la petite Fantine Harduin. Quelques séquences valent pourtant le détour mais ça reste insignifiant quand Haneke râte ainsi sa cible. Chose rare pour le préciser, ce film est à coup sûr son plus mauvais depuis très longtemps ! Cette famille est trop vide de substance pour qu'on s'y intéresse, qu'on s'y attarde un temps soit peu. Les "soucis" de chacun restant trop en retrait pour interférer avec les autres protagonistes. Malheureusement, cette fois le cinéaste allemand ne parvient pas à raconter quelque chose, sans âme et sans émotion, finalement son film est raccord avec cette famille.

Note :

Happy (2017) Michael Haneke