D’APRES UNE HISTOIRE VRAIE (Critique)

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SYNOPSIS: Delphine est l'auteur d'un roman intime et consacré à sa mère devenu best-seller. Déjà éreintée par les sollicitations multiples et fragilisée par le souvenir, Delphine est bientôt tourmentée par des lettres anonymes l'accusant d'avoir livré sa famille en pâture au public. La romancière est en panne, tétanisée à l'idée de devoir se remettre à écrire. Son chemin croise alors celui de Elle. La jeune femme est séduisante, intelligente, intuitive. Elle comprend Delphine mieux que personne. Delphine s'attache à Elle, se confie, s'abandonne. Alors qu'Elle s'installe à demeure chez la romancière, leur amitié prend une tournure inquiétante. Est-elle venue combler un vide ou lui voler sa vie ?

D'après une histoire vraie, le nouveau Roman Polanski, présenté hors compétition au Festival de Cannes, comme pour éviter un nouveau scandale après la polémique des César en début d'année, n'est autre qu'une adaptation par Olivier Assayas et Polanski lui-même du best-seller éponyme de Delphine de Vigan. Le postulat ? Après la parution de son dernier roman, Delphine, une écrivain notoire, a cessé d'écrire. Ce mutisme vient d'une fragilité qui se trouve amplifiée par des lettres anonymes l'accusant d'avoir blessé sa famille à travers son précédent livre. Une femme nommée " L " surgit alors dans sa vie. Et bientôt, L prend la main pour que l'auteure écrive le roman qu'elle veut lire, même si cela doit faire du mal à certains. Elle commence à brider la romancière, qui se laisse faire, et exploite alors sa fragilité, la coupant de tous ses proches et de ses lecteurs jusqu'à prendre sa place. Dans le rôle de Delphine, L, la française Eva Green. Rencontre inégale quoiqu' intéressante entre son propre Emmanuelle Seigner. Dans la peau de Ghost Writer, le Rob Reiner et Misery de Ozon. Voilà comment on pourrait résumer, en quelques mots, le nouveau Polanski. Swimming Pool d'

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D'après une histoire vraie est en effet un film plutôt mineur pour le réalisateur franco-polonais, qui lui permet seulement d'offrir, avec deux ou trois degrés de lecture possibles, un thriller miroir et méta à son Ghost Writer. En s'attardant sur quelques thèmes et motifs qui lui sont chers, comme la figure du double (dans la diégèse et de manière extra-diégétique), le fameux syndrome de la page blanche, et ce qui peut provoquer l'inspiration chez une romancière en " panne ", Polanski renoue avec ses chimères d'antan, brouille les pistes et invite le spectateur, parfois finement, parfois assez lourdement, à interpréter quantité de signes, d'indices et de symboles pour délivrer in finale un propos attirant sur l'identité, les affres du processus créatif et la confusion toujours frappante entre réel et fiction. Roman Polanski manque hélas cruellement d'ambiguïté, d'ironie trouble et d'anxiété diffuse pour convaincre pleinement dans sa réflexion, mais sa tentative reste curieuse par moments, notamment par l'inquiétante étrangeté et le sentiment d'oppression qu'elle suscite parfois, rappelant alors ses premiers chefs-d'œuvre ( Le Locataire et Rosemary's Baby).

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Si D'après une histoire vraie manque un peu le coche, c'est aussi faute à des interprétations très inégales. Emmanuelle Seigner est vraiment catastrophique, à la fois mal dirigée - surjouant l'impuissance de Delphine - et complètement miscastée en romancière à succès (on n'y croit pas une seconde!), tandis que de son côté Eva Green s'avère un peu plus convaincante, irradiant l'écran de sa beauté fascinante et tirant son épingle du jeu avec des scènes d'une cocasserie surprenante, même si son personnage pâtit hélas d'une écriture caricaturale et creuse. Mauvaise surprise également côté mise en scène : s'il fait illusion au départ avec son ambiance travaillée, D'après une histoire vraie s'avère par la suite formellement décevant, avec son image terne assez moche, son rythme en dents en scie, son découpage inadapté, ses effets spéciaux qui frisent le grotesque (le jaillissement du visage d' Eva Green depuis une page Facebook), sa composition musicale dispensable ( Alexandre Desplat en pilotage automatique) et ses quelques scènes totalement ringardes et risibles (les cauchemars de l'héroïne atrocement filmés). Incompréhensible au regard de la carrière de Polanski !

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