Topkapi

Un grand merci à Movinside Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Topkapi » de Jules Dassin.

Topkapi

« Tu n’es jamais sérieuse, sauf quand il s’agit de voler des émeraudes »

Elizabeth Lipp, grande amatrice de pierres précieuses, engage Walter Harper pour organiser le vol de la dague du sultan, incrustée de diamants et d’émeraudes, conservée au Palais de Topkapi à Istanbul. Lipp et Harper recrutent un acrobate, un colosse et un expert en électronique, puis se rendent à Kavala, dans le nord de la Grèce, en quête du «  pigeon  » qui devra passer la frontière turque avec le matériel nécessaire au cambriolage…

« Arthur, tu es un furoncle sur le derrière de l’Humanité ! »

Topkapi_Mercouri

Fils d’un modeste coiffeur immigré ukrainien, Jules Dassin s’intéresse très tôt au théâtre. S’il commence au début des années 30 comme acteur au sein de la Yiddish proletarian theater company, c’est grâce à ses mises en scène qu’il est véritablement repéré par les studios. La RKO l’embauche ainsi en 1940 en qualité d’assistant d’Alfred Hitchcock sur « Joies matrimoniales », lui mettant ainsi le pied à l’étrier. Après un premier court-métrage à succès, « Le cœur révélateur » (1941), il enchaine pendant quelques années les films de commande à petits budgets (« The affairs of Martha », « Quelque part en France » avec John Wayne...). Alors que sa carrière décolle véritablement et qu’il peut tourner des projets plus personnels (« Les démons de la liberté », « Les bas-fonds de Frisco »), il est rattrapé par la Commission des activités anti-américaines du Sénateur McCarty qui lui reproche son adhésion au Parti Communiste durant les années 30. Blacklisté et interdit de séjour à Hollywood, il parvient tout de même à finir « Les forbans de la nuit » à Londres, avant de s’exiler définitivement en Europe. Si son exil passe d’abord par Paris, où le succès de « Du rififi chez les hommes » (1955) le relance, puis par l’Italie, c’est finalement en Grèce, patrie de sa nouvelle compagne, la comédienne Melina Merkouri, qu’il trouve refuge. Il y tourne « Jamais le dimanche » (qui vaut à cette dernière  une nomination aux Oscars et un Prix d’interprétation à Cannes) et « Phaedra » avant de se voir proposer de tourner « Topkapi », adaptation d’un roman de l’anglais Eric Ambler, qui marque son retour aux commandes d’une production américaine. Pour la petite histoire, Dassin voulait initialement confier le rôle central de Simpson à Peter Sellers, qui déclina l’offre en raison d’une incompatibilité d’humeur avec Maximilian Schell. Il fut finalement remplacé par Peter Ustinov qui décrocha pour ce rôle l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle.

« Je ne peux pas perdre mon sang-froid, je n’en ai jamais eu ! »

Topkapi_Dassin

« Topkapi » est un film à part dans la filmographie plutôt grave et sombre de Jules Dassin. Une sorte de récréation artistique qui dénote par sa tonalité purement joyeuse. Basé sur une intrigue policière extrêmement classique - une bande prépare un casse de haut vol afin de dérober la plus belle pièce du plus prestigieux musée d’Istanbul - le film donne ainsi lieu à une comédie policière totalement rocambolesque et décomplexée. Une sorte de croisement improbable entre « Le corniaud » et « Ocean’s eleven », sur lequel souffle un vent de liberté très sixties et propice à se laisser aller à toutes les fantaisies. Avec une liberté de ton plutôt audacieuse pour l’époque (l’héroïne se définit elle-même comme nymphomane), le cinéaste s’amuse ainsi à détourner les codes du polar qu’il connait à la perfection pour les passer à la moulinette de la comédie. Alors bien sûr, on pourra toujours reprocher à ce film son manque de véritable enjeu qui pourrait créer un semblant de suspense. Mais qu’importe au final si l’entreprise de cette bande de joyeux drilles réussit ou non. Le film n’a d’autre prétention que de divertir le spectateur et Dassin semble y prendre un malin plaisir. Même la très longue scène du casse, plutôt spectaculaire mais quasi muette sur plus de vingt minutes, passe comme une lettre à la poste. Il faut dire qu’avec ses personnages hauts en couleurs (un nigaud maladroit et pas très vif, un acrobate muet, un gentleman british qui promène son perroquet automate, un cuisinier alcoolique et paranoïaque...), ses quiproquos drôlossimes (dus au double jeu de Simpson) et le formidable décor offert par la ville d’Istanbul, le film se révèle à la fois coloré, léger et extrêmement joyeux. A l’image de la jolie musique de Manos Hadjidakis. Surtout, il bénéficie d’un casting international de premier ordre (Melina Mercouri, Maximilien Schell, Robert Morley, et même Joe Dassin dans un petit rôle) avec à sa tête le formidable Peter Ustinov. Même s’il faut avouer que le film a un peu souffert des affres du temps (certaines scènes, comme le générique d’ouverture, paraissent terriblement datées), « Topkapi » n’en demeure pas moins une comédie sans prétention et éminemment sympathique qui se révèle très plaisante à redécouvrir.

Topkapi_Ustinov

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau master haute-définition, en version originale (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation du journaliste Marc Toullec.

Edité par Movinside Editions, « Topkapi » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 29 août 2017.

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