« Epouse-moi mon pote » : Bêtises et clichés.

« Epouse-moi mon pote » : Bêtises et clichés.

On ne les arrête définitivement plus. Seulement quelques mois après le succès d'Alibi.com, le duo Boudali/Lacheau revient toujours sans subtilité avec " Épouse-moi mon pote ", comédie gênante parlant des sans-papiers et du mariage gay, rien que ça...

C'est dommage ! Non pas que les thèmes supposés par le synopsis et la bande-annonce laissaient présager une subtilité sans faille mais il y a dans le cinéma du duo Boudali/Lacheau une volonté charmante de proposer un comique basé sur le visuel. Dans Babysitting, la surprise était de voir une comédie sans temps mort où la caméra volatile, issu du found-footage, laissait la possibilité à une multitude de gags. Et même si la formule comique du duo se déroulait de manière plus mécanique au fil de leurs succès suivants, cette envie de faire rire par le visuel transparaissait au sein de l'image. Un humour pouvant même rappeler les frères Farelly ou un film d'Adam Sandler !

Des influences pour le meilleur et pour le pire, en revanche. Car si le duo incarne l'essence français de leurs idoles américaines, quitte à le repomper (running-gag d'un personnage aveugle, repris à Dumb & Dumber et pitch d' Epouse-moi mon pote aux airs de Quand Chuck rencontre Larry... ), ils ont pris aussi leurs aspectsles plus problématiques. Car fidèle aux failles de la comédie française populaire, Epouse-Moi Mon Pote ne devient qu'une compilation de clichés irritants sur l'homosexualité. Une remarque bi-phobe venant d'un comic-relief lourdingue (" Je suis hétéro mais j'adore sucer... "), le cliché du caïd viril avouant avec honte son homosexualité aux héros (traité sur le ton du running-gag), et blagues vaseuses basées sur les sex-toys et Brockback Mountain. Déjà, rien qu'avec ça, difficile de ne pas y voir un risque de blesser tant décrié par le réalisateur Tarek Boudali lors de la rencontre post-projection avec l'équipe ce lundi.

Et la communauté LGBT n'est pas la seule à subir, on repassera aussi sur les élèves de banlieues prenant uniquement les cours avec des insultes et des chichas ; ainsi que le trope de l'ex-petite amie en surpoids peu sûre d'elle qui, deux ans plus tard, devient plus confiante d'elle en étant mince (bonjour le cliché grossophobe...). Pour sa première réalisation, Tarek Boudali ne semble pas se rendre compte de la gravité d'évoquer ces clichés, avec une certaine innocence.

Parce qu'il faut le rappeler : Ce n'est pas rire avec une communauté d'accumuler ses clichés pré-conçus, c'est rire d'elle.

Victor Van De Kadsye