La mousson

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La mousson » de Jean Negulesco.

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« Je vous ai épousé parce que j’aimais votre titre. Toutes les petites filles pauvres rêvent de devenir princesses. Et les petites filles riches aussi. »

En Inde, dans les années 1930. Le quotidien, ennuyeux et mesquin, d’une colonie d’européens installés à Ranchipur est perturbé par l’arrivée de Lord et Lady Esqueth. Lui est grossier, brutal et immensément riche. Elle est belle, racée, mais précédée d’une réputation sulfureuse. Lors d’une soirée, Lady Esqueth fait la connaissance du Major Rama Safti, chirurgien hindou et homme séduisant qui a étudié en Angleterre. La mousson éclate, d’une rare violence. Lors de la catastrophe qui en résulte, les caractères se révèlent.

« Faire de bonnes actions ne suffit pas. C’est être bon qui compte. Un homme bon ne peut nuire ni à lui-même ni à autrui »

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Né en Roumanie aux premières heures du vingtième siècle, Jean Negulesco (de son vrai nom Ioan Negulescu) se destinait d’abord à la peinture et aux arts plastiques. Il sillonne ainsi une Europe dévastée par la guerre pour parfaire ses études, passant notamment par Vienne et Paris. Il devient un temps, au cours des années 20, décorateur de théâtre en France puis dans sa Roumanie natale, avant de saisir l’opportunité de partir pour New-York où il souhaite exposer ses œuvres. Finalement, le destin le mène jusqu’en Californie où de fil en aiguille il intègrera la toute jeune industrie cinématographique, d’abord en qualité de scénariste puis comme assistant de production et enfin comme assistant réalisateur. Jusqu’à pouvoir réaliser ses propres films au début des années 40. Homme des studios, il mènera une carrière prolifique jusqu’à la fin des années 60, s’illustrant aussi bien dans le registre du film noir (l’excellent « Le masque de Dimitrios »), du drame (« Humoresque », « Johnny Belinda ») que dans des films plus légers (« Comment épouser un millionnaire », « La fontaine des amours », « Papa longues jambes »). En 1955, il signe la fresque mélodramatique « La mousson », adaptation du roman « The rains came » de Louis Bromfield.

« Il est aussi impossible d’expliquer quand vient l’amour que pourquoi »

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En cette décennies des 50’s, la tendance hollywoodienne est au recyclage de ses propres succès. Les studios financent ainsi plusieurs remakes de standards cinématographiques des années 30, tels que « Une étoile est née » (Cukor), « Elle et lui » (McCarey), « Haute société » (Walters), « Mogambo » (Ford) ou encore « Mirage de la vie » (Sirk). C’est ainsi que Jean Negulesco se voit proposer de remettre au goût du jour le film « La mousson » réalisé par Clarence Brown seize ans plus tôt avec Tyrone Power et Mirna Loy en têtes d’affiche. A l’évidence, il offre au film une véritable cure de jouvence. Sur la forme du moins. Car avec sa débauche de moyens - décors fastueux et costumes colorés sublimés par un Technicolor éblouissant - le film est un bonheur visuel de tous les instants. Sur le fond en revanche, le choix a été fait de s’éloigner - beaucoup ! - du matériau d’origine. Quitte à dénaturer un peu le récit en le privant d’une partie de sa substantifique moelle. Et notamment de toute sa dimension morale, relative à la rédemption par le don de soi, qui est ici tout bonnement sacrifiée, privant au final le film de sa vraie force tragique. A défaut, Negulesco signe ici un mélodrame à la fois plaisant  mais manquant peut-être un petit peu de souffle épique et de passion. Ce qui est un peu dommage tant le film ne manque pas par ailleurs d’audace, notamment par la représentation du personnage de Lady Esqueth, femme libre et délibérément adultère, qui contrevient aux mœurs du Code Hays. « La mousson » jouit également d’un casting de luxe, dominé par l’incendiaire Lana Turner ainsi que par un Richard Burton lumineux mais peu crédible en prince oriental. Mais c’est finalement la belle présence de l’expérimenté Fred McMurray qui retient le plus l’attention. Si elle ne soulève au final pas les cœurs autant qu’elle l’espérait, « La mousson » n’en demeure pas moins une fresque mélodramatique à l’exotisme parfaitement ancrée dans les standards de son époque ainsi qu’un film tout à fait agréable et recommandable.

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Le DVD : Le film est proposé dans un nouveau master haute-définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également proposés.

Côté bonus, le film est accompagné de deux modules : L'exotisme made in Hollywood présentation du film par le journa

Edité par ESC Editions, « La mousson » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 8 août 2017.

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