La fille des boucaniers

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La fille des boucaniers » de Frederick De Cordova.

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« Si j’avais su que votre sale rafiot serait capturé par une bande de pirates, je serais restée à Boston ! »

Passagère clandestine à bord d’un bateau en partance pour la Nouvelle-Orléans, Deborah McCoy est envelée par le pirate Frederic Baptiste qui pille les embarcations du riche armateur Narbonne pour venir en aide aux marins défavorisés. Parvenant à s’enfuir, la jeune femme est recueillie par une dame qui la présentera à… Frederic Baptiste !

« Si elle reste deux jours de plus à bord, mes hommes finiront par se laver les pieds ! C’est une honte ! Moi qui est toujours été si fier d’avoir l’équipage le plus sale du Golfe du Mexique ! »

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Né de parents comédiens de théâtre, Frederick De Cordova grandit dans l’univers  du spectacle et de la scène, entouré d’une communauté de saltimbanques. Après des études de droit et d’art, il intègre tout naturellement à son tour le monde du théâtre au début des années 30. Durant une dizaine d’années, il fera ainsi ses armes à Broadway en multipliant les expériences, se faisant tour à tour acteur, metteur en scène, dialoguiste ou manager. Remarqué par la Warner, il part à Hollywood au début des années 40 d’abord comme dialoguiste avant de pouvoir réaliser ses propres films. Cinéaste de commande, il réalise ainsi une vingtaine de films pour les studios - essentiellement des séries B tournés vers les genres du western (« L’héroïque lieutenant » avec Audie Murphy) et de l’aventure (« Les boucaniers de la Jamaïque ») - avant de finalement se consacrer de façon exclusive à la télévision pendant plus de vingt ans, pour laquelle il réalisera de nombreux épisodes de séries. En 1950, il réalise le film d’aventures « La fille des boucaniers », deuxième de ses trois collaborations consécutives avec l’actrice Yvonne De Carlo après « La belle aventurière » et avant « L’aigle du désert ».

« Le danger n’existerait que si quelqu’un qui avait été à mon bord me croisait à la Nouvelle-Orléans »

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Genre en vogue dans les années 20 et 30, le film de cape et d’épée connait un éphémère retour en grâce de la fin des années 40 à la moitié des années 50. Outre les fresques moyenâgeuses de Richard Thorpe (« Ivanhoé », « Les chevaliers de la table ronde »), les films de pirateries reviennent également sur le devant de la scène (« Capitaine sans peur », « Le vagabond des mers », « A l’abordage », « Le corsaire rouge »...). A première vue, « La fille des boucaniers » - libre et lointaine adaptation des « Aventures de Zorro » transposée dans la bonne société de la Nouvelle-Orléans - s’inscrit dans cette tendance. Mais Frederick De Cordova manie à merveille l’art du contrepied. Et à peine le premier assaut des pirates donné contre une riche embarcation bourgeoise que le film d’aventures annoncé glisse pleinement vers le registre de la comédie. Au centre du récit, un personnage féminin aux contours un peu flous (est-ce une entraineuse ou pire encore ?) mais au caractère bien trempé fera voler en éclats les bonnes manières de la bonne société louisianaise conservatrice autant qu’elle mettra tous les hommes à ses pieds, donnant ainsi lieu à des quiproquos délicieusement savoureux. Alternant le burlesque (notamment durant les scènes de bataille), les bons mots et le comique de situation, De Cordova signe là une comédie enlevée (grâce à un format resserré d’à peine 70 minutes), à la fois très fraiche et virevoltante, jusque dans ses tours de chant. Un succès largement dû à la jolie Yvonne De Carlo qui, avec sa forte personnalité et ses mimiques mutines, assure le show pour notre plus grand plaisir. Qu’importe donc si au final la comédie prend le pas sur le récit lui-même à tel point qu’on en oublierait presque par moments les enjeux de l’intrigue (qui en ces temps de chasse aux sorcières se livre quand même à une critique audacieuse du capitalisme et de l’exploitation des masses populaires par les riches !). Force est de constater que l’on passe un très plaisant moment devant ce divertissement populaire - au sens noble du terme - de bonne facture !

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Le DVD : le film est présenté dans un nouveau master haute définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également proposés.

Côté bonus, le film est accompagné d’une Analyse du film par un cinéaste et d’un Module sur la restauration du film.

Edité par ESC Editions, « La fille des boucaniers » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 8 août 2017.

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