Phantasm

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Phantasm » de Don Coscarelli.

Phantasm

« Je n’arrive pas à croire que Jimmy soit mort. Drôle de fin pour notre trio... »

Orphelin depuis peu, Mike découvre que des faits étranges se déroulent dans le cimetière de Morningside. Il remarque un croque-mort à l’allure sinistre porter des cercueils comme s’il s’agissait de simples boîtes de carton, puis de petites créatures encapuchonnées aux activités pas moins suspectes… Effrayé mais curieux, aidé de son ami Reggie, Mike cherche à savoir ce qui se passe réellement. Il n’est pas au bout de ses surprises.

« C’est un réflexe. La peur tue. C’est ce que grand-mère a voulu t’apprendre »

Phantasm_Coscarelli

Passionné de cinéma depuis son plus jeune âge, le jeune Don Coscarelli se fait remarquer dès l’adolescence pour ses courts-métrages amateurs, dans lesquels il dirige ses petits camarades de quartier, et qui lui valent de gagner quelques prix à la télévision locale. De fil en aiguille, poursuivant ses rêves, il parvient à réaliser en 1974 « Jim the world’s greatest », son premier long-métrage qui en fait à 19 ans seulement le plus jeune cinéaste à être distribué par un grand studio hollywoodien. Malheureusement pour lui, son ascension est quelque peu freinée par l’échec de son deuxième film, la comédie « Kenny & company » (1976). Dès lors, il amorce un virage radical en ne se consacrant plus qu’au cinéma de genre, essentiellement épouvante et fantasy. En 1979, il signe ainsi le film d’épouvante « Phantasm » pour lequel il est récompensé du Prix du jury au Festival d’Avoriaz et qui restera certainement comme son film le plus emblématique. Il en réalisera d’ailleurs trois suites en 1988, 1994 et 1998. Pour le reste, on retiendra de sa discrète carrière quelques films d’aventures comme « Dar l’invincible » (1982) et « Survival quest » (1988) ou encore le fantasque « Bubba-Ho-Tep » en 2002.

« Une arme c’est fait pour tuer et juste pour tuer. Si tu dois tirer, tire pour tuer. Il n’y a rien de plus con qu’un tir de sommation »

Phantasm_Angus_Scrimm

En cette décennie des 70’s, la production cinématographique américaine connait des profondes mutations. Les genres phares qui prévalaient jusqu’alors (western et film noir) sont sur le déclin tandis qu’on assiste à l’avènement de genres considérés jusqu’ici comme marginaux. A l’image du drame social réaliste, du polar paranoïaque ou du film d’horreur, qui s’émancipe sous la houlette d’une poignée de jeunes réalisateurs tels que Romero (« Zombie »), Argento (« Les frissons de l’angoisse »), Craven (« La colline a des yeux ») ou encore Hooper (« Massacre à la tronçonneuse »). Sans parler des succès de « L’exorciste » (Friedkin) et « Carrie » (De Palma). Avec « Phantasm », Coscarelli prend le train en marche et imagine à son tour un conte d’épouvante macabre et à la lisière du surnaturel, opposant un adolescent intrépide à un inquiétant croque-mort soupçonné de se livrer à toutes sortes de manipulations sur les corps qui lui sont confiés. Avec une rare économie de moyens, le cinéaste s’emploie ainsi à créer une ambiance glauque et poisseuse des plus réussies, déclinant pour l’occasion toute une série d’éléments classiques relevant du registre du macabre (ambiance nocturne, décors de cimetière et de corbillard, croyance dans la voyance et dans la magie noire) auxquels il ajoute sa propre touche créative (le sang jaune des créatures, le doigt coupé qui se transforme en insecte géant, la sphère tueuse). Surtout, ce qui fait la spécificité de ce « Phantasm » c’est sa dimension ambiguë, se faisant tour à tour macabre et peuplée de créatures inquiétantes (des nains zombies aux visages déformés…) et en même temps traversée d’improbables saillies oniriques (le numéro musical à deux guitares) voire humoristiques (le frangin qui drague une fille au bar). Mais comme son titre l’indique, nous ne saurons jamais véritablement ce qui relève du rêve et de la réalité, le cinéaste s’amusant à nous perdre dans un récit des plus labyrinthiques. C’est finalement peut-être là que le bât blesse, le film souffrant de son scénario un peu foutraque et parfois trop léger, ainsi que d’effets spéciaux un peu cheap qui ont parfois mal vieilli. Reste un film sympathique, plus étrange que réellement inquiétant, dominé par la silhouette inquiétante d’Angus Scrimm, dont le personnage de « Tall man » est à ranger au panthéon des méchants de slasher aux côtés de Freddy Kruger, Leatherface ou Michael Myers.

Phantasm_DVD

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Le DVD : Le film est présenté dans une nouvelle copie tirée d’un master restauré en 4K par Bad Robot. Il est proposé en version originale américaine (5.1 et 2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une interview inédite de 2017 de Guy Astic et Julien Maury (20 min.), d’une interview d’époque du réalisateur Don Coscarelli et de l’acteur Angus Scrimm réalisée en 1979 (28 min.), d’une intervention d’Angus Scrimm à une Convention en 1989 (10min.), d’une Bande-annonce et d’une galerie de photos.

Edité par ESC Editions, « Phantasm » est disponible en DVD ainsi qu’en édition steelbook combo DVD + blu-ray depuis le 6 juin 2017.

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