[Critique] « La Tour Sombre » – Nikolaj Ancel

Par Victorvandekadsye @BrouillonsCine

" La Tour Sombre est le Jupiter du système solaire de mon univers " c'est ainsi que Stephen King définit son œuvre littéraire majeure. Mais Jupiter est une immense planète, comment en faire le tour. Cette question, les producteurs se l'ont posés depuis 2007, depuis que les droits de La Tour Sombre ont été racheté. 10 ans d'attente... pour ça.

Désireux de se venger du mystérieux Homme en noir, le Pistolero Roland Deschain erre dans un monde ressemblant au Far West, à la recherche de la légendaire Tour Sombre, qu'il espère capable de sauver son monde qui se meurt.

Jugé inadaptable, pas étonnant que les réalisateurs aient eu peur d'un tel projet. Pourtant, adapter des œuvres inadaptables a déjà été fait par réalisateurs comme Peter Jackson ou Lily et Lana Wachowski. C'est possible, mais comme tout les premiers volets de saga, il faut prendre le temps de développer, l'univers, le contexte et l'histoire, et en 1h45, c'est très difficile voire impossible.

Mais le problème de La Tour Sombre n'est pas son scénario. Son scénario est cohérent et simple, pour un film de cette durée. On peut être choqué d'un blockbuster de cette durée et de ce budget (60 millions de dollars) en 2017. Le véritable problème du film c'est sa contenance. C'est un vide abyssal, les personnages manquent de développement, les scénaristes ont pris le point de vue du jeune garçon recalant Idris Elba et Matthew McConaughey au rangs de personnages attraction, juste là pour les scènes d'action. Idris Elba joue sans âme et Matthew McConaughey surjoue un personnage aussi creusé que le col de son T-shirt.

La réalisation ne crée aucun moment épique, excepté un début prenant à la Kingdom Hearts qui nous laisse tomber au premier ¼ d'heure. La photographie et la couleur d'un gris froid pour l'entre-deux mondes marque une opposition intéressante avec la vie terrestre, un choix banal de réalisation mais à noter quand même.

La Tour Sombre est prisonnier par son format d'adaptation, les producteurs veulent suivre le film par une série télévisée avant de lancer la suite. Qui va suivre la série télévisée ? Les spectateurs non-averti vont-il comprendre le deuxième film ? Si ce dernier sort, faudra-t-il vraiment rapprocher ces deux médias ?

La Tour Sombre est un mauvais produit d'un mauvaise initiative.

Léo Tyran