[critique] baby driver

[CRITIQUE] BABY DRIVERFICHE TECHNIQUE

  • Sortie : 19 juillet 2017
  • Titre original : -
  • Réalisateur : Edgar Wright
  • Scénariste : Edgar Wright
  • Acteurs : Ansel Elgort, Lily James, Kevin Spacey...
  • Compositeur : Steven Price
  • Genre : Music-hall the time
  • Pays : Amérique
  • Durée : 1h50

Écouteurs vissés dans les oreilles, lunettes de soleil en permanence, mutisme exacerbé, Baby est un as du volant. Un chauffeur hors pair qui bosse pour le Doc, un Frank Underwood de la mafia, qui la plupart du temps organise des braquages vite fait bien fait. Mais pour Baby, le nouveau boulot qu'on lui demande s'agira de sa dernière course. Il va tout arrêter. Enfin, il voudrait tout arrêter...

Dopé d'une playlist entraînante, filmé souvent gracieusement, interprété sans aucune fausse note, Baby Driver donne la pêche dès qu'il démarre - une poursuite monumentale, puis un plan-séquence savoureux rappelant les comédies musicales. Le personnage principal ( Ansel Elgort) est au cœur du récit, et bien que son traitement soit classique voire cliché (un traumatisme du passé, un désir d'évasion, des principes bienveillants...), on s'attache facilement à lui. Heureusement d'ailleurs, car Baby Driver n'a qu'un seul point de vue : celui de Baby.

Et c'est là un atout indiscutable du film d' Edgar Wright : la trame évolue au fur et à mesure que Baby découvre vraiment le milieu des malfrats. Coincé dans son bolide durant les braquages, il ne côtoie que rarement les hommes et femmes qui vont au front, et n'imagine pas la violence qui en découle. Du moins, il ne veut pas le savoir - comme le montre un plan où il décale sa voiture pendant le méfait, loin de son champ de vision (et de celui de la caméra) pour se remettre en place quand le temps est écoulé. C'est une force indéniable du film, car quand Baby Driver dégénère ensuite dans une scène de fusillade, où la dure réalité attrape ce jeune naïf par le col et lui fout une branlée comme jamais, tout s'envole, aussi bien au niveau du rythme que dans la façon de traiter l'univers.

Seulement, avant que ce moment n'arrive, Edgar Wright s'amuse. Il s'éclate comme un fou à parler musique et à balancer des sons funk/pop/rock afin d'ambiancer son film sur une touche de légèreté. Une playlist interminable, reprenant parfois un même morceau remixé, et si on saisi la raison de cette insistance - Baby est victime de ses acouphènes à longueur de temps et se soulage en écoutant ses titres préférés sur ses iPods -, ça en devient véritablement épuisant. Rares sont les scènes sans morceaux musicaux, et l'effet cool-attitude que Wright met en place au début tend à un effet barbant ensuite.

C'est pourtant un parfait " pied-bouche " à Drive (qu'on adore, attention !), où l'amourette entre Baby et Debora ( Lily James, absolument parfaite) se fait de façon foutrement plus bavarde, ou encore que le héros ne cherche pas à se planquer à tout prix des flics mais d'abord à donner des frissons dans des poursuites ébouriffantes et maîtrisées, à base de drift, dérapage et collisions spectaculaires, mais ça fonctionne jusqu'à un certain point. Jusqu'à que cette bande-son se calme un peu.

Ou, comme dit plus haut, que Baby Driver change radicalement de ton. Grâce à Jamie Foxx (toujours aussi imposant), le héros va voir autre chose que son volant et ses essuies-glaces, remplacés par du sang et des flingues. Même si le juke-box continue de faire des siennes en fond, cette partie se trouve être plus intense, plus sérieuse, et vire même au cauchemar dans son final rentre-dedans. Ça dénote complètement avec sa base funky et (faussement) cool de la première partie, mais on sent étrangement Edgar Wright plus à l'aise dans ces moments terribles, lui qui a pourtant du pop-corn movie véritablement fun dans sa filmographie ( Shaun of the Dead, Hot Fuzz ou Scott Pilgrim par exemple...).

[CRITIQUE] BABY DRIVERPOUR LES FLEMMARDS : Edgar Wright se la joue cool avec une playlist interminable, et ça en devient vite gonflant. Mais quand il arrête de s'amuser et passe aux choses sérieuses, c'est implacable, et même salutaire.

Scène d'intro de Baby Driver :