« Valerian » : La nouvelle réalisation de Besson qui ne « valait rien ».

Par Victorvandekadsye @BrouillonsCine

C'était difficile. C'est toujours difficile de voir un film réalisé par Luc Besson, véritable Ed Wood français de notre génération. A chacune de ses réalisations, nous sommes partagés entre l'ambition du metteur-en-scène à proposer un cinéma à grand spectacle et son incapacité à mettre cette dite ambition à la hauteur de nos espérances. Valerian (et Laureline, oubliée dans le titre français sans savoir pourquoi) et la cité des Mille Planètes était censé rénover le cinéma français à grand spectacle, il en a fait qu'enfoncer le clou de son cercueil...

Si la tentative de Besson consistait à transposer les pires tares du blockbuster US dans nos studios français en prenant son public pour plus idiot qu'il l'est, le pari est réussi. Sous un déluge d'effets spéciaux kitsch à souhait, rappelant par ailleurs ceux du Cinquième élément sorti 20 ans auparavant, Valerian se perd dans un immense bazar ennuyeux où l'on se demande pendant plus de deux heures ce que nous faisons là.

Là où un réalisateur comme Christopher Nolan réussissait à faire du grand spectacle sur les plages de Dunkerque en considérant le spectateur intelligent et sachant lire par l'image cinématographique, Besson nous livre un scénario informe et dénuée de toute évasion spatiale. Entre un complot génocidaire et une histoire de sauvetage rappelant l'épisode Victime de l'amour, perdu dans l'espace de Futurama (Mais si ! Celui où l'équipe de Planet Express découvre Nibbler sur une planète abandonnée !), le film ne sait plus quoi raconter au bout d'une heure et demi. Par conséquent, place à une sur-abondance de flashbacks pour SOULIGNER ce que le public a déjà compris une demi-heure avant et un recyclage de scènes gratuites typique du cinéma de Besson. Vous vous souvenez de la séquence avec Maïwenn en Alien diva dans Le Cinquième Element ? Préparez-vous à avoir la même chose avec un spectacle transformiste de Rihanna où Besson s'est fait plaisir à exposer ses fantasmes.

Place aussi au montage illisible de ses productions (pas étonnant d'y retrouver Oliver Mégaton en caméo...) et aux jeux d'acteurs cabotins fidèles aux films estampillés Europacorp. Clive Owen et Ethan Hawke excellent dans ce domaine en étant aussi mauvais qu'ils ne l'ont jamais été à en rappeler le mythique cri de rage de Gary Oldman dans Leon. Le duo d'héros n'est pas en reste quant au jeu effroyable de Dane DeHaan, ne croyant pas une seule seconde à ce qu'il joue avec un personnage tête-à-claque, contrairement à Cara Delevingne, seul véritable atout du film dont il est encore incompréhensible de voir que le nom de Laureline est effacé du titre. L'héroïne parvient à voler la vedette face à un héros éponyme inexistant, lourdingue et vivant uniquement car constamment sauvé par Cara Delevingne. Soulignons aussi la réjouissante retrouvaille avec Alain Chabat dans le rôle de Bob le pirate.

On pourrait croire en lisant cela que l'auteur de cet article s'adonne à un plaisir à mitrailler le cinéma de Luc Besson. Et oui, il y a peu de ça mais il va surtout d'un cri de rage et de déception face à ce qui aurait pu être un tournant pour nos productions françaises. A la place, on se retrouve devant ce qui a été fait mainte et mainte fois chez EuropaCorp. De l'action illisible, de l'humour crétin et des personnages inexistants. Et sous couvert d'une ambition tant décriée, nous sommes obligés de supporter cela ? Les spectateurs français méritent mieux que ça...

Si le renouveau de la nouvelle production française s'avère être une ignoble surrenchère d'effets spéciaux laids, d'un humour sexiste à la limite par moment de la transphobie sans que le spectateur s'immerge dans l'univers proposé, autant préférer des films plus modestes et importants tels que Elle ou La Loi de La Jungle.

Victor Van De Kadsye