À Ceux qui nous ont Offensés (2017) de Adam Smith

Le projet "Trespass against us" (en V.O., titre pour une fois bien retranscrit) est d'abord une idée du scénariste Alastair Siddons après être tombé sur un article racontant l'histoire d'une famille itinérante qui a été accusé de 65% des crimes et délits dans le comté de Cotswolds (centre-ouest de l'Angleterre). Après en avoir parlé au cinéaste Adam Smith ce dernier a d'abord pensé à un documentaire avant d'y voir ensuite une fiction en s'intéressant à la marginalité et aux préjugés de ces groupes de "gens du voyage" ou "gitans". Adam Smith a auparavant réalisé des épisodes de séries TV ("Skins" en 2007 et "Doctor Who" en 2010) et signé le documentaire "The Chemical Brothers : Don't Think"(2012), étant ami proche du leader du groupe Tom Rowlands il en a d'ailleurs profité pour lui demander de signer la musique du film.

À Ceux qui nous ont Offensés (2017) de Adam Smith

Au casting le réalisateur a pu compter sur un duo de stars dont on a aucune difficulté à sentir une filiation avec Brendan Gleeson et Michael Fassbender qui se retrouve donc peu de temps après "Assassin's Creed" (2016) de Justin Kurzel. A leurs côtés notons aussi l'acteur Sean Harris qui avait croisé Fassbender sur "Prometheus" (2012) de Ridley Scott et en prime, bien que méconnue, notons la très belle performance de l'actrice Lyndsey Marshal plus habituée à la télévision habituellement. La première réussite (si ça en est une !) du film est d'avoir su faire passer un temps de bons et beaux sentiments dans ce groupe de malfrats qui n'ont rien d'enfants de coeur et qui reste de beaux salauds à l'exception notable, peut-être, de Kelly Cutler (Marshal). En effet dès les premières minutes on a surtout une vraie antipathie pour ces personnages aussi bêtes que bourrins. Dans un premier temps on suit le quotidien de ce clan, avec ces leaders, ces différentes personnalités, à un point où finalement le film est avant tout une chronique familiale, une famille qui vit quasi complètement en autarcie (sans compter évidemment le besoin matériel fourni par autrui !)... Un drame familial qui s'appuie sur les relations père-fils entre trois générations, le grand-père tentant de garder sa famille soudée et soumise autour de lui, le père et fils emprisonné par les liens du sang et qui tente de se soustraire son fils à cette emprise et enfin le fil et petit-fils en admiration devant ces derniers et perdant un peu pied lorsqu'il voit évoluer les relations entre son grand-père et son père.

À Ceux qui nous ont Offensés (2017) de Adam Smith

Le côté polar est bien présent (la police veille) et l'action bien mené mais ça reste finalement anecdotique, les séquences le plus importantes étant celles où Chad (Gleeson) se laisse manipuler par son père ou quand il est avec son épouse aussi fidèle que lassée. Sur le speech rien de nouveau, un membre qui veut s'émanciper d'un gang car il comprend le poison que ça peut être à long terme est un fil conducteur éculé et déjà très présent dans le cinéma. Par contre l'angle pris par Adam Smith est intéressant. On sent qu'il a voulu être réaliste (caméra à l'épaule, scènes symboliques, accents et argots,...) et qu'outre le côté action et gang il a également su apposer une certaine poésie (magnifique dernière scène). Malheureusement le côté "réaliste" est beaucoup trop survolé et finalement on pense à des marginaux du terroir et non pas à un réel groupe des "Gens du voyage". Ensuite il est dommage que 99% du film repose essentiellement sur quatre personnages, les autres sont extrêmement sous-exploités. A noter que le "héros" Chad n'a pas été à l'école, ni son père patriarche d'ailleurs et que vu les personnages on a une grande pensée pour les bienfaits de l'école... Ceci étant dit le cinéaste signe un premier long métrage de fiction plutôt bien mené pour 01h35 assez dense où l'amour reste ce qui nous touche jusqu'à cette dernière minute qui offre une fin de toute beauté, ce qui est assez rare pour le placer en super bonus.

Note : Ceux nous Offensés (2017) Adam SmithCeux nous Offensés (2017) Adam Smith