Les Ardennes (2016) de Robin Pront

A l'origine il s'agit d'une pièce de théâtre écrite par l'acteur Jeroen Perceval, quelques temps plus tard le réalisateur Robin Pront, pour qui il avait déjà joué dans le court métrage "Injury Time" (2010) avec Matthias Schoenaerts, lui a proposé d'en faire une film. Les deux hommes ont donc retravaillé le scipt et développé l'intrigue et les personnages. Au début c'est justement l'acteur Matthias Schoenaerts (Perceval joue son ami d'enfance dans l'excellent "Bullhead" en 2012 de Michael R. Roskam) qui était envisagé avant que le nouveau planning de la star ne convienne plus. Au casting donc on retrouve le scénariste du film, Jeroen Perceval qui retrouve également son partenaire dans le film "Borgman" (2013) de Alex Van Wamerdam, Jan Bijvoet (qui jouait le mystérieux intrus), la belle Veerle Baetens remarqué internationalement avec le superbe "Alabama Monroe" (2013) de Felix Van Groeningen et également Eric Godon dans un petit rôle mais qui reste le plus francophone avec pas mal de films tournés en France dont "Rien à Déclarer" (2011) de Dany Boon, "La French" (2014) de Cédric Jimenez, "Suite Française" (2015) de Saul Dibb...

Les Ardennes (2016) de Robin Pront

La trame se joue sur un fil dramatique déjà vu, où comment l'absence et le retour d'un homme plonge ce dernier dans une vérité difficle à admettre, on ne l'a pas attendu et ses proches ont continué à vivre quitte à l'oublier. On peut penser à des films comme "Le retour de Martin guerre" (1982) de Daniel Vigne, "The Boxer" (1997) de Jim Sheridan ou plus sûrement à "Brothers" (2004) de Suzanne Bier. Mais cette fois le film mêle les genres pour en faire un thriller social poisseux, sombre et particulièrement pessimiste. On suit donc une famille, plus précisément deux frères qui, après un braquage râté, l'ainé est parti en prison pour 4 ans. A sa sortie son cadet ne sait pas comment annoncer à son frère qu'il est en couple avec son ex et qu'elle est enceinte.

Les Ardennes (2016) de Robin Pront

Le réalisateur aborde des thématiques déjà présents dans ses courts métrages, à savoir que l'environnement et le contexte de vie agissent et influencent forcément sur les actions et le quotidien des individus. Ici évidemment cette famille vit dans un quartier difficile où la violence et les drogues parasitent la société d'où il est difficile d'en sortir. Le climax est particulièrement pesant, le grain de l'image impose une sorte de chape de plomb idéal pour un univers dépressif avec un réalisme pessimiste exacerbé pour un film dont l'équation serait "Pusher 1,2 et 3" (1996-2004-2005) de Nicolas Winding Refn + "Kill List" (2011) de Ben Wheatley + "Bullhead" (2012) de Michael R. Roskam. Un scénario intense et ténu qui se scinde en deux, départ et retour du fils ainé, et enfin dernière chance et twist final. Les acteurs sont impeccables, la violence fait froid dans le dos (si ce n'est ce coin de Belgique tout court !) et l'épilogue a tout pour effacer n'importe quel sourire. Le duo Pront-Perceval signe un thriller froid, efficace et sans concession sur lequel on pourrait juste pinailler sur l'overdose de flingage final. A voir et à conseiller.

Note :

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