Le serment du chevalier noir

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le serment du chevalier noir » de Tay Garnett.

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« D’autres jours viendront. De meilleurs jours. Tout n’est pas fini. Vous avez de l’ambition, façonnez là comme vous façonneriez une armure. La chevalerie est une fleur qu’il faut cueillir. »

Le Sarrasin Palamides s'allie au roi Marc, souverain des Cornouailles, pour renverser le roi Arthur. Ce dernier veut initier une série d’attaques qu’il attribuera aux vikings afin de déstabiliser le royaume. Rêvant de devenir chevalier et d’épouser la fille du Comte Yeonil, le jeune armurier John ronge son frein et se forge en secret une armure. Jusqu’au jour où les hommes de Palamides incendient le château du comte Yeonil, tuent la comtesse et enlèvent sa fille. John décide alors de partir à la cour du roi Arthur, déterminé à devenir chevalier afin de délivrer sa belle.

« Il arrive toujours un moment dans la vie d’un homme où il faut qu’il se batte pour obtenir ce qu’il désire »

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Genre en vogue dans les années 20 et 30 grâce à des acteurs bondissants tels que Douglas Fairbanks ou Errol Flynn, le cinéma de cape et d’épée donne lieu à quelques grands films du genre tels que « Le pirate noir », « Capitaine Blood » ou « Les aventures de Robin des bois » avant de disparaitre des écrans durant près d’une décennie. Il faut ainsi attendre la fin des années 40 et la première moitié des années 50 pour que le genre connaisse un retour de flamme. Là, sous la houlette de quelques réalisateurs (Richard Thorpe, George Sidney, Henry King...) s’appuyant eux-mêmes sur quelques vedettes charismatiques (Robert Taylor, Stewart Granger, Tyrone Power), le genre connaitre son âge d’or, donnant lieu à de grands films populaires tels que « Scaramouche », « Ivanhoé », « Les chevaliers de la table ronde », « Le prisonnier de Zenda » ou encore « Les contrebandiers de Moonfleet ». A cette même époque, la Warwick Films, société américaine qui s’est spécialisée dans la production de film d’aventures tournés à moindre coût en Angleterre (et distribué à travers le monde par la puissante Columbia), souhaite surfer sur cette vague en produisant son film de cape et d’épée. Débauchant le vétéran Tay Garnett, spécialiste du film d’aventures (« La malle de Singapour », « La maison des sept péchés ») et dont la carrière est sur le déclin (malgré le succès moins de dix ans plus tôt du « Facteur sonne toujours deux fois »), le studio produit alors « Le serment du chevalier noir » dont le premier rôle est confié à la vedette d’alors, Alan Ladd.

« Prenez cette épée : c’est vous qui l’avez faite, c’est elle qui vous fera à son tour ! »

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Film d’aventures de série B, « Le serment du chevalier noir » nous replonge dans les thèmes et les intrigues très classiques des films du genre : le Roi Arthur, les chevaliers de la table ronde, les ennemis Vikings et Sarrazins qui menacent la couronne. Et puis, au milieu de la grande Histoire, la plus petite, fictive, celle d’un petit armurier se rêvant un destin plus grand que sa condition et qui gagnera ses galons de chevalier à force de courage et d’audace, rétablissant la justice et l’ordre à la pointe de son épée. Une histoire des plus classiques, qui rappelle de loin la trame de « Zorro » (l’homme du peuple derrière lequel se cache un justicier masqué seul contre tous). Mais aussi sympathique soit-il, l’ensemble parait tout de même bien pâle : le récit, très elliptique, est assez peu palpitant (le héros devient un expert du maniement des armes en moins de dix minutes), les enjeux sont souvent assez abscons, et surtout, en dehors du fourbe Palamides, formidablement interprété par Peter Cushing, la plupart des personnages manquent sérieusement de charisme et d’envergure. Surtout, le film semble avoir souffert du poids des années : que ce soit la chorégraphie un peu figée des combats, les choix de mise en scène (improbable scène du rite païen à Stonehenge) ou le look des personnages (l’armure du chevalier noir et notamment son casque ailé). Et que dire des comédiens ? Alan Ladd, acteur pourtant très apprécié par l’auteur de ces lignes (revoir à cet effet les excellents « Smith le taciturne » ou « Tueur à gages » pour s’en convaincre), semble ici à côté de la plaque. Avec ses cheveux longs, son visage bouffi et son sourire forcé, il semble beaucoup trop vieux pour son rôle. Face à lui, l’anglaise Patricia Medina parait franchement trop peu désirable et surtout un poil trop vulgaire pour incarner une princesse crédible. L’ensemble, daté, demeure avant tout une curiosité. Un film sympathique, certes, mais qui apparait surtout comme un sommet de cinéma kitsch loin d’être franchement inoubliable.

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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également proposés.

Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées Patrick Brion et Bertrand Tavernier.

Edité par Sidonis Calysta, « Le serment du chevalier noir » est disponible en DVD depuis le 23 mai 2017.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.