Les Hommes du Feu (2017) de Pierre Jolivet

Un film sur les pompiers ?! Cela parait presque inédit et nécessaire en effet, et pourtant il y a déjà des films connus sur le sujet comme "Duel dans le forêt" (1952) de Joseph M. Newman, "Les Feux de l'enfer" (1968) de Andrew V. Mc Laglen, "Backdraft" (1991) de Ron Howard, "Lifeline" (2002) de Johnnie To, "Au feu les pompiers" (2002) de Milos Forman et "Piège de feu" (2006) de Jay Russell... On constate qu'effectivement en France il reste un univers à explorer et qu'on espère de la force d'un "Polisse" (2011) de Maïwenn. Mais le réalisateur annonce comme inspiration première le film "L627" (1992) de Bertrand Tavernier, superbe référence aussi. Un joli casting avec Roshdy Zem pour son 6ème film Pierre Jolivet après "Fred" (1997), "Ma Petite Entreprise" (1999), "Filles Uniques" (2002), "La très très Grande Entreprise" (2008) et "Mains Armées" (2011). Emilie Dequenne qui change d'univers après le monde impitoyable de l'entreprise dans "Maman a tort" (2016) de Marc Fitoussi et l'extrême-froite dans "Chez Nous" (2017) de Lucas Belvaux. Les autres rôles principaux sont tenus par Guillaume Labbé, Grégoire Isvarine, Guillaume Douat et surtout Mickaël Abiteboul archétype du comédien dont on se rappelle jamais le nom et qu'on a vu dans plein de films, citons pour le coup son rôle d'ami dans le dyptique "Papa ou Maman 1 et 2" (2015-2016) de Martin Bourboulon. Outre ces acteurs pros le reste du casting est essentiellement joué par des pompiers de la caserne accueillant le tournage.

Les Hommes du Feu (2017) de Pierre Jolivet

Comme le précise Pierre Jolivet : "Il n'était pas question de faire un film de super-héros, pas question d'enjoliver la réalité - leur quotidien parle de lui-même. A l'inverse, un documentaire ne m'aurait pas permis d'aller aussi près des flammes, pour des raisons évidentes de sécurité, ou à l'intérieur d'une voiture accidentée, au plus près des blessés."... Malheureusement Pierre Jolivet ne réussit que trop peu a mettre en place ses belles ambitions. Que ce soit "Polisse" ou "L267" on en est à des années-lumières tant son film est scolaire, académique et sans souffle. Il a bien coché les cases pour nous faire une petite démonstration du bon sapeur-pompier et de ses missions, à tel point qu'on a l'impression que c'est le feu tous les jours ! NON, la vie de pompiers est comme les flics le plus dur c'est de ne pas tomber dans la routine, perdre ses réflexes sur des missions basiques (chercher un chat, consoler une grand-mère, prendre en charge une personne ivre morte,...) pour être toujours opérationnel sur les missions les plus intéressantes et aussi les plus dangereuses. Le film débute d'ailleurs mal avec des pompiers qui se font justice eux-mêmes, de surcroît pour un résultat stupide et puéril. Certains plans insistent sur les grosses cicatrices du feu qu'on devine évidemment héroïque, mais trop démonstratives pour ne pas être avant tout un symbole du métier de pompier. Car oui, avant tout ce film est un film hommage, assurément nécessaire et louable comme projet mais terriblement formaté et parsemé de petites erreurs et/ou incohérences. Le film omet quasi systématiquement le fait que sur grands nombres de missions les pompiers sont accompagnés des policiers ou gendarmes. Il est d'ailleurs amusant de remarquer qu'un pompier enquête tranquillement sans que jamais on nous montre les prérogatives qui ne sont pas les siennes et/ou les liens et les assistances entre les deux institutions. Par contre aucun soucis, détruire une scène de crime supposée avant l'arrivée des policiers aucuns soucis, c'est vrai les pompiers "ne font pas un métier comme les autres" !

Les Hommes du Feu (2017) de Pierre Jolivet

Précisons entres autres rebondissements "étonnants", que ce n'est pas parce qu'une victime retire sa plainte que le procureur ne peux pas poursuivre malgré tout. Etonnante cette scène ou un supérieur annonce à sa subalterne les suites d'un coma sur un victime que cette dernière suivait de près personnellement, ainsi que cette scène (très réussie dans la forme malgré tout) où on nous fait croire que 5mn de discours avec un pyromane suffit à lui faire comprendre... Bref... Pierre Jolivet signe un film qui va toucher un grand nombre, logique les pompiers ont sans doute le métier les plus estimé du public, et qu'on connait tous de près ou de loin un pompier. Mais si le film n'est pas dénué de qualités (acteurs, précisions dans le quotidiens professionnels, et surtout l'effet "on aime tous les pompiers de toute façon" !) mais sur le fond trop de libertés (absence trop importante du travail main dans la main avec police et gendarmerie, non les pompiers ne sont pas policiers) et sur le scénario lui-même rien de bien transcendant puisqu'on a juste l'abécédaire des missions les plus "à risque" du métier. Mais surtout, Jolivet a rappelé "vouloir aller au plus près des flammes", et c'est justement sur ce point que son film aurait pu mettre plus de moyens. On y est jamais vraiment, aucune scène ne nous met le frisson, à aucun moment nous sommes à l'épicentre du danger ce qui aurait pu créer un vrai moment émotionnel. Et pourtant on y croit, et surtout on veut y croire... Les pompiers seront ravi de l'hommage, le public sera en adoration mais sur le fond c'est aussi ludique qu'académique, cinématographiquement parlant on reste sur notre faim. Grosse déception. Note généreuse, merci les pompiers !

Note :

Hommes (2017) Pierre JolivetHommes (2017) Pierre Jolivet