Retour à l’aube

Par Cinevu @cinevu

Nuit grisante d’une oie blanche

Réalisation Henri Decoin 1938

Danielle Darrieux a 100 ans! Vous entendez ce que j’ai écrit ?!

Elle est le mythe absolu de la femme pour Pierre Murat (Télérama), quant à moi je l’ai vu se rouler par terre à jouer avec les deux chiens de JC Brialy au
fond du foyer du Théâtre des Bouffes-Parisiens!

Dans ce film d’Henri Decoin -dont elle fut la compagne (35-41)- nous montre une D.Darrieux fraîche, juvénile, d’une beauté inouïe !.. Au jeu déjà très subtil.
Elle incarne -en Hongrie ! où le film fut tourné- Anita Ammer, épouse du chef de gare (joué par un Pierre Dux jeune, eh oui Pierre Dux a été jeune!). Et on sait déjà dès la première scène de discussion-confidence avec Raymond Cordy (Pali) qu’il y a quelque chose qui cloche au royaume de cette petite gare de Thaya ! Où le Rapid de Budapest s’arrêtera désormais.

Nous suivons donc cette belle et fraîche paysanne s’égarer et se perdre (presque !) dans la nuit de la capitale hongroise, en proie à toutes les convoitises.

Dans ce film, nous ne nous détachons jamais de D.Darrieux, tant sa beauté : d’une éclatante douceur, tant son jeu : déjà fort de ses nuances, nous happent, nous vampent même peut-être. Le prétexte du film est presque banal mais ce qu’en fait Decoin rend la chose plus forte, et D.Darrieux la sert admirablement.

Nous assistons avec ses premiers films de femme -elle a 21 ans à la sortie d’icelui- comme « Mayerling », « Abus de confiance », « Mademoiselle ma mère » , »Katia », « Battement de coeur », et ce « Retour à l’aube » (4 sont signés par Henri Decoin)… à l’éclosion de la femme-actrice dont le cinéma français ne se séparera jamais.

Danielle Darrieux à cent ans je vous dis ! le cinéma 120.

Alors ensuite, à n’en plus finir il y aura Occupe-toi d’Amélie, la Ronde, La vérité sur Bébé Donge, Le plaisir, L’affaire Cicéron, Madame de…, Marie Octobre, Les demoiselles de Rochefort…
tant et tant encore… Jusqu’à L’heure zéro de Pascal Thomas.

A noter dans ce Retour à l’aube, Pierre Dux dans une très belle scène de fin, et Pierre Mingand (que je ne connaissais pas) dans le rôle du « brigand-séducteur » très convaincant, avec une intensité dans le jeu qui m’a fait penser à Le Vigan (ah les années 30!).

Evidemment Danielle Darrieux est une figure marquante de notre cinéma; chacun de nous la préfère dans celui-ci ou celui-là, nous avons le choix, elle partage son privilège avec nous;
c’est sans doute générosité de sa part.

Synopsis Telerama Retour à l’aube

Mariée au chef de gare d’une paisible bourgade hongroise, Anita s’ennuie à mourir. La tête pleine de rêves d’aventures, elle passe ses journées à regarder les locomotives filer à toute allure vers l’horizon. En voyage à Budapest pour l’enterrement d’une vieille tante, la jolie paysanne manque le dernier train et n’a d’autre choix que de passer la nuit dans les rues bouillonnantes de la capitale. L’occasion de jouer la comédie et de s’essayer à cette vie de fêtes et de paillettes…