[Critique] – « It Comes At Night » – Trey Edward Shults

[Critique] – « It Comes At Night » – Trey Edward Shults

Pour ce second long-métrage, après la consécration outre-atlantique de " Krishna " (toujours inédit en France), le réalisateur Trey Edward Shults fait des merveilles dans le cinéma d'horreur arty produit par A24 avec It comes at night, un film terrifiant qui nous plonge dans les méandres de l'obscurité.

Un virus inconnu semble faire des ravages : Où, quand et comment, rien de tout cela ne nous sera dévoilé. Une première tache d'obscurité est ainsi crée comme prétexte au genre du thriller horrifique paranoïaque. Tel John Carpenter qui enfermait Kurt Russel et ses collègues dans une cage isolée dans la glace dans The Thing, Shults use de ses talents d'écriture et de cinéaste afin de nous faire ressentir au plus profond de nos âmes cette paranoïa âpre et inconnue. Connaissant uniquement les symptômes conséquents de cette maladie inconnue, présentés lors d'une scène d'euthanasie ouvrant l'histoire, la forme de cette menace nous apparaît dans l'obscurité la plus totale et effraie par son invisibilité matérielle.

Une menace qui a anéantie un monde laissant dorénavant place au silence. On ne communique pas énormément au sein de ces deux familles survivantes, les dialogues restent flous entre ces deux pères de familles prêts à tout pour protéger leurs siens. Les confrontations ne se font plus avec des dialogues mais avec une agressivité primitive laissant place à une violence inouïe dans son climax. La noirceur de la paranoïa envahit non seulement la vue par son obscurité, le touché par la peur du contact mais aussi l'ouïe et la parole qui ont quasiment disparus.

Une maladie qui annihile donc toute once d'humanité, dans le sens où elle serait en faveur d'une ouverture aux autres, mais qui est uniquement réduite à un entre-soi familial en temps de pandémie. Dans ce monde, il y a ni bons et méchants, juste des hommes conditionnés à un instinct de survie sans précédent pour leurs familles. En réalité, on pourrait voir en ce It comes at night un formidable drame familial sur fond de chute post-apocalyptique Schults ausculte avec ingéniosité les comportements de chaque individu autour de groupes fondés par le sang de manière poignante.

It comes at night fait office de coup de poing en pleine figure pour démarrer cet été avec frissons et tension. Maîtrisé par sa mise-en-scène implacable et des performances ahurissantes de Joel Edgerton et Christopher Abbot, ce petit film produit par A24 a tout pour être un grand film culte.

Victor Van De Kadsye