Entretien avec Noée Abita (Ava) « J’étais Ava avec toutes ses peurs, sa manière de réfléchir, de regarder le monde… »

Par Cliffhanger @cliffhangertwit

Après le tourbillon cannois, Ava, le premier film de Léa Mysius arrive dans les salles. A cette occasion nous nous sommes entretenus avec sa jeune et belle héroïne, Noée Abita, dont le talent explose à l'écran et dont on n'a pas fini d'entendre parler. Entretien.

Comment êtes-vous arrivée sur Ava ?

J'étais avec une amie et une autre amie déjà comédienne nous a donné le nom d'une agence. On y est allées pour savoir comment ça se passait pour y entrer parce qu'on ne savait pas du tout ce qu'il fallait faire. La dame nous a expliqué qu'il fallait envoyer un mail avec des photos, faire un book... Et en nous parlant, elle nous dit " je suis sur un casting, si vous voulez vous pouvez essayer.... ". Et voilà, c'est un hasard sans être un hasard (Rires)

Il y avait déjà une volonté d'être comédienne ?

Oui mais c'était un peu comme un rêve d'enfant, rien de réellement concret. Je n'imaginais pas faire des études de théâtre par exemple ni en faire mon métier.

Comment s'est déroulé le casting ?

On était toutes les deux et on a fait notre scène chacune notre tour plusieurs fois. Après on s'est bandés les yeux parce que Léa (NDLR) voulait voir comment on marchait dans l'espace les yeux bandés et puis ensuite, toujours les yeux bandés, on devait toucher le visage de l'autre pour essayer d'en appréhender les traits. Après on s'est vues plusieurs fois avec et on a beaucoup travaillé le corps en amont du tournage, la posture d', comment elle marchait, comment est-ce qu'elle regardait... mais il n'y a pas eu vraiment de répétitions des scènes. Mais comme j'ai fait passé les castings pour le rôle de la mère ça m'aidait aussi et avec Laure Calamy ça a tout de suite fonctionné.

Est-ce que vous avez des modèles en tant que comédienne ?

Mis à part Romy Schneider qui est un vrai modèle je n'ai pas vraiment de référents, de personnes que j'admire...

Votre trajectoire fait un peu penser aux premiers rôles de Béatrice Dalle et Sandrine Bonnaire. On a déjà dû vous le dire...

Non mais je les adore l'une et l'autre donc ça fait plaisir que vous disiez ça mais je ne peux pas dire qu'elles soient des modèles.

Est-ce qu'il y a une grosse part de vous dans Ava?

On a vraiment construit un personnage... Quand j'étais , j'étais , je n'étais pas moi. J'étais avec toutes ses peurs, toutes ses réflexions, sa manière de réfléchir, de regarder le monde... Mais dès que c'était coupé, c'était fini, même si parfois j'avais du mal à saisir l'instant qui venait de se passer parce que je n'étais vraiment plus moi, même si il y a toujours une part de l'actrice qui ressort, des mimiques etc...

Jouer une jeune fille qui perd peu à peu la vue ça a été compliqué ?

Ça a fait partie du travail du corps. Elle n'est pas aveugle Ava, mais comme elle voit un espace qui se rétrécit, du coup j'ai essayé de trouver ça avec le corps, de bouger la tête tout le temps un peu comme un oiseau et il y avait ça à trouver et ça ça faisait partie du travail en amont. Et le soir quand elle ne voit pas, j'avais trouvé ce truc de garder les yeux ouverts et de ne pas voir quelque chose qui se passait devant moi comme quand on rêve et qu'on est ailleurs...

Qu'est-ce qui vous a paru le plus compliqué sur ce tournage? Des scènes ont t-elles été compliquées à sortir et vous ont t-elles obligées à vous faire violence?

Je ne me suis jamais fait violence et Léa ne m'a jamais fait violence. Je n'ai pas eu l'impression qu'il y ait eu des scènes difficiles, il y a des scènes que j'appréhendais oui, comme la scène du journal intime qui est une scène assez longue, avec un texte très littéraire et des émotions qui oscillent dans tous les sens, mais quand on l'a fait, on l'a fait quatre ou cinq fois comme la plupart du temps.

Les scènes de nudité ce n'était pas trop compliqué à gérer pour vous ?

Non bizarrement absolument pas ça s'est fait très naturellement. Je ne suis pas de nature très pudique et je suis presque plus à l'aise nue. Au début quand j'ai rencontré Léa et que j'ai lu le scénario, je lui ai pourtant dit que jamais je ne tournerais nue parce que ce n'est pas dans mon éducation, mais au fur et à mesure que l'on travaillait ensemble, je me suis rendue compte que moi ça ne me posait pas de problème de montrer mes seins, d'être nue totalement... Bon et puis la scène où je me baigne nue par exemple a été tournée presqu'à la fin du tournage, où c'était quand même plus simple.

Qu'est-ce que ça va être maintenant votre vie après ce film ?

J'ai fait un petit rôle dans le nouveau film de Gilles Lellouche, Le Grand Bain. J'aimerais beaucoup faire d'autres films mais je ne suis pas pressée, je n'ai pas envie d'enchainer, je préfère attendre pour trouver un film sur lequel j'ai vraiment envie de travailler comme sur Ava, et puis l'année prochaine je vais entrer dans un conservatoire, faire du théâtre... Mais pour l'instant je passe mon bac, il y a des priorités.

Propos recueillis par Fred Teper

Merci à François Hassan Guerrar, Camille Trubuil et Wassila Ouafi