Desert Gun (2016) de Gonzalo Lopez-Gallego

Voilà un petit film passé inaperçu avec pourtant une belle équipe derrière et devant la caméra. Le changement de titre pour la France est une fois de plus stupide, le titre original "The Hollow Point" étant beaucoup plus subtil. Réalisé par le réalisateur des films "Les Proies" (2007), "Appolo 18" (2011) et "Open Grave" (2013) il s'agit cette fois un film qui se placerait dans la lignée (toute proportion gardée !) de "Sicario" (2015) de Denis Villeneuve en plus violent et dans un vase clos particulièrement funeste. Le héros est un shériff au passé plus ou moins trouble joué par Patrick Wilson qui se retrouve mine de rien dans un univers qui a dû lui rappeler "Bone Tomahawk" (2015) de S. Craig Zahler. Ce dernier était un western "zombie", plus d'un siècle après la frontière américano-mexicaine est devenu un tel passage pour les Cartels qu'on est quasiment dans une ville fantôme. D'ailleurs à un moment dans le film on parle bien de morts vivants... Un autre shériff, usé et désabusé, est joué par l'excellent Ian McShane qui retrouve pour l'occasion, "John Wick 1 et 2" (2014-2017) de Chad Stahelski, après l'excellent John Leguizamo en tueur du Cartel (Sicario justement). L'atout charme est dévolue à Lynn Collins qu'on avait pas vu depuis le four "John Carter" (2012) de Andrew Stanton. On reconnaitra également le has been mais toujours talentueux James Belushi (il est loin le bon vieux temps avec entre autre "Double Détente" en 1988 de Walter Hill).

Desert Gun (2016) de Gonzalo Lopez-Gallego

La vraie force du film réside dans un scénario qui réserve quelques surprises bien senties et une violence qui frappe même ceux auxquels on ne s'attendait pas forcément. Un nouveau shériif affecté dans une ville qu'il a quitté des années plus tôt et qui doit remplacer un shériff usé et désabusé par son univers commandé et vicié par les Cartels. Mais ici peu de drogues, le fléau est le trafique des munitions. Un tel trafique que la ville est devenue mourrante, peuplée de morts vivants (image donné dans le film). L'enquête vire très vite en carnage, tous pourris même les shériffs ne sont pas des plus vertueux. Les hommes et les femmes sont tous menés par des illusions différentes.

Desert Gun (2016) de Gonzalo Lopez-Gallego

Certains sont menés par le fric, d'autres par le devoir mais aussi la simple vengeance et bien entendu l'amour et la foi. Pas un n'est capable de s'arrêter dans cette ville qui semble vivre en complète autarcie. Ce dernier point est justement un soucis, jamais on entend parler de police ailleurs dans la région, pas de soutien et/ou de renfort même simplement suggérés, on croirait presque à une ville abandonnée lors des années 1880 dans l'Ouest. Si le scénario est sans doute un peu trop invraisemblable l'histoire est particulièrement prenante avec un sorte de chasse au trésor en arrière-fond et surtout un jeu du chat et de la souris particulièrement jouissif et tragique. Les personnages restent le point fort du film, tous très intéressants dont celui du sicario incarné par un John Leguizamo saisissant et surprenant. Un western moderne désenchanté et pessimiste, voir désespéré. Un film bancal sur bien des points mais contrebalancé heureusement par des qualités indéniables d'une grande efficacité.

Note :

Desert (2016) Gonzalo Lopez-GallegoDesert (2016) Gonzalo Lopez-Gallego