CANNES 2017 : Journal de bord #7

La grande messe du Cinéma continue à Cannes et le Cinéphile Intrépide y répond toujours présent.

Mercredi 24 Mai 2017.

Il fallait bien un jour magique, un jour plus marquant et inoubliable que les autres. Le voici, ce jour. Tout a commencé avec la projection du nouveau film de Sofia Coppola, Les Proies, remake du film éponyme signé Don Siegel, réalisé en 1971.

On sait Coppola fille très douée lorsqu’elle s’intéresse à des personnages de femmes mélancoliques, en quête d’émancipation. Les Proies semble taillé sur mesure pour la réalisatrice, qui convoque à nouveau tous ses motifs stylistiques afin de traduire la soif de liberté et la sensualité languide de ses héroines. Pour ceux qui auront vu le film original, la surprise ne sera pas de mise. En effet, on assiste à une copie quasi conforme de ce que Siegel avait fait en son temps, à la différence que Coppola creuse un sillon beaucoup plus ouaté, évanescent. Si on perd en tension et en subversion, on gagne en poésie et même en humour. Alors que la cinéaste sait depuis ses débuts créer des atmosphères hors du temps, oniriques en quelque sorte, il était difficile de l’imaginer à son aise avec le registre comique. À entendre les spectateurs qui riaient de bon cœur, le pari est réussi. Ces saillies humoristiques interviennent à bon escient et produisent un effet de mise en abyme particulièrement réjouissant. Il faut voir comment les personnages semblent conscients de leurs propres exactions et s’en amuser. Le casting féminin n’est pas en reste, éclipsant un Colin Farrell un peu terne. Malgré tout, Les Proies, nouvelle version, déçoit légèrement, en décalquant le film de Siegel dans les grandes largeurs.

Alors pourquoi cette journée fut magique si déception il y a. Attendez la suite. Je décide de me rendre à la masterclass donnée par Alfonso Cuaron, qui a réalisé Les Fils de l’Homme et Gravity. Au cours de deux heures absolument passionnantes, le cinéaste mexicain revient sur ses débuts, déroule le fil de sa filmographie, en commentant un à un chacun de ses projets, extraits à l’appui. Amateur de la performance au cinéma, il explique son goût pour le plan-séquence, son rapport au naturalisme qui s’est peu à peu combiné avec une forme de surréalisme. Les anecdotes de tournage sont légion et font montre d’une décomplexion étonnante de la part de Cuaron, qui s’est retrouvé à plaisanter avec le célèbre journaliste, Michel Ciment, et surtout Guillermo Del Toro, assis au premier rang et venu l’écouter en tant qu’ami. Autant vous dire qu’il y avait du beau monde et le public, très chaleureux, avait du mal à contenir sa joie. Alors que la masterclass touche à sa fin, je parviens à approcher Del Toro, lui serre la main et immortalise ce bref moment en photo. Me voilà aux anges. Non content d’avoir assisté à une brillante leçon de cinéma, j’ai la possibilité de rencontrer et d’échanger deux trois mots avec un de mes réalisateurs préférés. La magie de Cannes, tout simplement.