Critique : Une suite qui dérange de Bonni Cohen & Jon Shenk

Par Cinephiliacr

L'ex vice-président Al Gore poursuit infatigablement son combat en voyageant autour du monde pour former une armée de défenseurs du climat et exercer son influence sur la politique climatique internationale. Les caméras le suivent en coulisse, saisissent des moments publics et privés, drôles et émouvants : alors que les enjeux n'ont jamais été aussi importants, il défend l'idée que les périls du changement climatique peuvent être surmontés par l'ingéniosité et la passion des hommes.

Dix ans. C'est la période qui nous sépare d' Une vérité qui dérange. Ce n'est pas forcément une longue période, Al Gore se préoccupe du climat depuis plus de trente ans mais, beaucoup d'éléments l'ont fait s'interroger sur l'état actuel de choses. Est-ce que les mentalités ont changé depuis son film ? Qu'est-ce qui a été mis en place ? Tant de questions, pas toujours de réponses.

Une suite qui dérange démarre par des commentaires de personnes qui mettaient en doute le discours d'Al Gore il y a dix ans. Parmi eux, se trouvait un certain Donald Trump. Tous ces climato-sceptiques tenaient un discours qui semble aujourd'hui, et semblait déjà à l'époque, comme invraisemblable. Al Gore commence donc par montrer les conséquences directes du changement climatique, ou crise climatique comme il l'appelle, sur les différentes populations du monde. De l'Inde aux Etats-Unis en passant par le Groenland, l'impact de cette problématique est visible partout. Un des éléments intéressants, c'est que des " anciens " de chaque région parlent face caméra et disent très clairement que de pareils phénomènes, avec pareille intensité, n'existaient pas il y a quarante ou cinquante ans.

Le deuxième grand arc, c'est de montrer ce que mettent en place les différents gouvernements, les actions qu'ils entreprennent. Dans le film, Al Gore se rend en Inde pour discuter avec le ministre de l'environnement et l'énergie. Il trouve injuste que les pays occidentaux demandent aux pays en voie de développement d'abandonner les énergies fossiles alors que c'est ce qui leur a permis de se développer pendant cent-cinquante ans. Et puis, les taux d'intérêts des prêts qu'ils devraient rembourser s'ils passaient aux énergies renouvelables sont beaucoup trop élevés. Le casse-tête est complexe. Tout se jouera finalement lors de la Cop 21 en novembre 2015 à Paris. On y découvre le rôle qu'a joué Al Gore en coulisses. Il fut primordial puisqu'il a permis de débloquer la situation. En effet, l'Inde refusait d'approuver l'accord et l'ancien vice-président et candidat à la présidence américaine a réussi à résoudre l'affaire en proposant un deal avec Tesla, un fournisseur d'énergie et une banque qui a satisfait les autorités indiennes. Sans Al Gore, il n'y avait pas d'accord à la Cop 21, c'est aussi simple que cela. Son rôle d'influenceur dans le monde de l'environnement et de l'énergie est grand et il s'en sert à bon escient.

Parfois, on peut se dire que l'on n'apprend pas grand chose devant le documentaire. Mais, un film d'Al Gore sur le sujet, ça reste important et intéressant. C'est même essentiel puisqu'il est l'une des rares personnes à parler de cette problématique à si grande échelle. C'est en tout cas un des rares dont la voix se fait entendre à si grande échelle. L'axe avec lequel il a abordé le sujet dans Une suite qui dérange est logique. Le constat frustrant que pas grand chose avance aboutit sur un discours optimiste bien que la nouvelle de l'élection de Trump soit un nouveau coup dur. A voir maintenant ce que la suite réserve.

Al Gore devait exposer la suite de son travail entamé à temps plein après son échec à la présidence américaine. Ses actions sont nombreuses et les montrer au public n'est pas inintéressant, loin de là. De plus, l'état des lieux est limpide. L'éveil des consciences est un combat qui ne s'arrêtera jamais. Une suite qui dérange montre également des solutions, qui n'ont rien d'inédit mais qui sont mises en place à fond par certaines localités qui sont des exemples à suivre. Et rien que pour cela, c'était important de faire le film.

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