Gilda (1946) de Charles Vidor

Film culte par excellence ce film est aussi un formidable film promotionnel pour la sex-symbol rousse de Hollywood, Rita Hayworth... Cette dernière disait d'ailleurs, avec une pointe d'amertume : "Tous les hommes que j'ai connus ont passé la nuit avec Gilda et se sont réveillés avec moi !"... Le film est signé Charles Vidor, cinéaste qui retrouve ses deux acteurs, Glenn Ford (après "The Lady in question" en 1940) et Rita Hayworth (après "The Lady..." et "La Reine de Broadway" en 1944 avec Gene Kelly). Les deux acteurs sont connus à l'époque du tournage mais ne sont pas encore les stars qu'ils vont devenir avec le succès de "Gilda". Le troisième protagoniste dans ce trio amoureux est joué par le méconnu George Macready débutant malgré son âge (premier film en 1942) et célèbre également pour son rôle de général dans "Les Sentiers de la Gloire" (1957) de Stanley Kubrick. Si le scénario est signé Marion Parsonnet (déjà à l'oeuvre sur "La Reine de Broadway), en fait il est co-signé mais non crédité par Ben Hecht, sans doute le plus prestigieux des scénaristes hollywoodien des années 30 à 50. Un scénario malmené puisque le tournage se passa à la manière du film "Casablanca" (1942) de Michael Curtiz, au jour le jour. L'autre point est évidemment la qualité du Noir et Blanc, qu'on doit beaucoup évidemment au directeur photo Rudolph Maté qui retravaillera avec Rita Hayworth pour "La Dame de Shangaï" (1948) de Orson Welles, également futur réalisateur notamment du culte "Mort à l'arrivée" (1950)...

Gilda (1946) de Charles Vidor

L'histoire est adapté de l'oeuvre de E.A. Ellington, un drame qui allie le genre romance et espionnage, et outre le tournage au jour le jour le mélange des deux genres n'est évidemment pas sans rappeler le chef d'oeuvre "Casablanca". Une femme deux hommes, la guerre en fond, et tandis que Ingrid Bergman devait jouer l'amoureuse des deux hommes à la fois ici, Rita Hayworth n'aime pas le premier et joue à "je te hais donc je t'aime mais je ne veux pas" avec le second. Le scénario se lit donc sur plusieurs niveaux. Un homme épouse une femme qui a accepté par appât du gain et du luxe avant de se rendre compte que le bras droit de son époux a été son grand amour dans le passé. En parallèle, l'époux semble avoir des liens plus ou moins étroits avec d'anciens nazis émigrés en Argentine... Aujourd'hui quelques détails passent inaperçus mais Vidor a pourtant su se jouer de la censure et de son Code Hays notamment en ce qui concerne l'homosexualité sous-jacente, la misogynie et surtout la suggestion sexuelle qui est au summum lors de la scène mythique où la star chante et danse mimant sensuellement un moment de strip-tease en dévoilant ses bras nus. Néanmoins le film reste riche et dense sans ses paramètres.

Gilda (1946) de Charles Vidor

Le trio amoureux d'abord et surtout ce jeu de amour-haine entre Rita Hayworth et Glenn Ford qui va assez loin dans le cynisme et la méchanceté. Ensuite sur la partie espionnage qui vaut pour son mystère, et donc sur la paranoïa encore vive sur la puissance des nazis en fuite après leur défaite. Le succès est tel que les deux acteurs deviennent instantanément des stars, surtout Rita Hayworth. L'affiche proclamait : "On ne vit jamais une femme comme Gilda !", le succès phénoménal du film semble alors le confirmer. Le succès fait entrer le film à la postérité avec une expédition dans les Andes où est enterré une copie discographique des battements cardiaques de Rita Hayworth, la 1ère bombe atomique qui explose sur l'atoll de Bikini en 1946 est décorée aux couleurs de Gilda/Rita Hayworth (hommage qui choquera la star)... Encore aujourd'hui l'actrice est trop souvent résumé à son personnage dans ce film. Le seul élément un peu décevant reste le dernier acte, avec l'action ultime mais peu compréhensible qu'on doit à un personnage très secondaire. Mais ça reste un grand film assurément, culte et mythique.

Note :

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