The young lady

Par Dukefleed
Florence Pugh: une révélation
Le film d’époque, traditionnellement lorsqu’il traite de la bourgeoisie du XIXème siècle, sort ses plus beaux apparats : costumes magnifiques, intérieurs luxueux et relations humaines de très haute tenue. Là, que nenni et c’est la belle audace de ce film. Pour son premier film, William Oldroyd fait d’un atout un budget super serré puisqu’il prend parti de parler de cette petite noblesse pas très argentée et rustre des campagnes… loin des lustres de la cour royale. Pour preuve la jeune héroïne n’a qu’une seule belle robe, pas luxueuse, et le reste du temps elle arpente en tenue modeste la lande britannique superbement filmée dans l’esprit « Les hauts de Hurlevent ». Jane Austen présentait dans ses romans, sources de beaux films d’époque une vision romantique de la noblesse ; ici, ce sont la dureté rustre des rapports humains qui nous sont montrés ; loin des échanges à fleuret mouchetés dont on a l’habitude dans ce type d’exercice. Et le titre original de ce film en dit long sur la violence de la société, sur la perversité des rapports humains et sur la violence faite à la femme dans une noblesse si peu raffinée : « Lady Mc Beth ». « The young lady » pouvait tromper le spectateur alors que le titre original affiche clairement ses intentions. Ce sera une tragédie voire un thriller historique et non une comédie romantique. La jeune actrice, Florence Pugh, est prodigieuse dans le rôle de cette femme prête à tout pour s’émanciper ; d’une violence froide et glaciale. De fait, les meurtres s’enchaînent jusqu’au dernier d’une violence presque insoutenable. La limite du film de fait est bien exprimée par Vincent Ostria dans l’Humanité : « … sa stigmatisation du rigorisme d’antan cautionnent un massacre en règle mais gratuit. ». Et en fait le malaise vient essentiellement de séries d’aberrations scénaristiques dont la personnalité anachronique de la young lady révélée dès la première scène d’humiliation de son mari. Dès cette scène inaugurale, elle bafoue les valeurs de son époque, elle se comporte comme une femme d’aujourd’hui, embarrassant. Ce film a donc le mérite de lever le voile sur la brutalité d’un monde et d’une époque que l’on nous montre trop souvent comme très raffinée. Mais voilà sur un thème à peu près semblable ; Jane Campion frappa bien plus fort car beaucoup plus subtilité avec « La leçon de piano ».
Sorti en 2017
Ma note: 12/20