On l’appelle Jeeg Robot réalisé par Gabriele Mainetti [Sortie de Séance Cinéma]

Par Kevin Halgand @CineCinephile

Synopsis : " Poursuivi par la police dans les rues de Rome, Enzo plonge dans les eaux du Tibre et entre en contact avec une substance radioactive qui le contamine. Il réalise bientôt qu'il possède des pouvoirs surnaturels : une force et une capacité de régénération surhumaines qu'il décide de mettre au service de ses activités criminelles.
Du moins jusqu'à ce qu'il rencontre Alessia, une jeune fille fragile et perturbée qu'il sauve des griffes de Fabio, dit " Le Gitan ", un mafieux déjanté qui a soif de puissance.
Témoin des pouvoirs d'Enzo, Alessia est persuadée qu'il est l'incarnation de Jeeg Robot, héros de manga japonais, présent sur Terre pour sauver le monde.
Mais Enzo va être forcé d'affronter Le Gitan qui veut savoir d'où vient cette force surhumaine. Parviendra-t-il à sauver la ville de la folie meurtrière de Fabio et être le super-héros qu'Alessia voit en lui ? "

Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position " je m'installe comme à la maison " ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique...
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Proposé dans une vingtaine de festivals au travers le monde entre octobre 2015 et janvier 2017, il aura fallût un an et demi pour que le film On l'appelle Jeeg Robot se fraye un chemin jusqu'à nos salles françaises. Une chance cependant, puisque la France n'est que le second pays, après l'Italie (pays de production du film), qui le sort en salles. Nous sommes chanceux et reconnaissants de pouvoir découvrir ce de super-héros pas comme les autres. Un film super héroïque atypique, car crasseux, grossier, outrancier et violent. Une œuvre qui s'émancipe du monde aseptisé hollywoodien d'où proviennent la majorité des films super héroïques. Quel plaisir ! Par le vocabulaire familier employé, pour ne pas dire vulgaire, et ses personnages fortement caractérisés, On l'appelle Jeeg Robot réussit avec simplicité à dénoter face à la concurrence. Là où les blockbusters américains trouvent leur souffle dans les scènes d'action explosives à grand renfort d'effets pyrotechniques, On l'appelle Jeeg Robot le trouve dans son écriture. Un scénario à la trame narrative des plus conventionnelles, mais aux personnages exceptionnels. Exceptionnels, car bien écris avec l'apport d'un soin particulier à ce qu'ils ne paraissent pas lisses. Ils sont tous et toutes fous, hystériques, psychotiques, troublés et psychologiquement dérangés. En optant pour le point de vue du protagoniste, Gabriele Mainetti peint un monde à son image. Ce qui ressemble davantage à une dystopie qu'à une utopie. Enzo Ceccotti, voleur de bas étage, n'a ni amis ni famille, vit dans un appartement insalubre et passe son temps à manger des Yaourts et regarder du porno.

Les dialogues, toujours suffisants sans chercher à être trop explicatifs, ne l'expliquent pas, mais la simple caractérisation du protagoniste permet à démontrer en quoi cet Enzo Ceccotti est un homme profondément seul et triste. Un homme qui c'est forgé une carapace afin de ne pas être affecté émotionnellement par qui ou quoi que ce soit. Un personnage plus près d'un David Dunn ( Incassable réalisé par M. Night Shyamalan, 2000) que d'un Hancock ( Hancock réalisé par Peter Berg, 2008), car plus humain, empathique et imprévisible. Un homme auquel le spectateur va s'attacher, car éprouvant de l'empathie, voire de la pitié pour lui. Ainsi que pour celle qu'il va rencontrer par la force des choses. Les personnages secondaires ne sont pas en reste et demeurent tous et toutes fous alliés à leurs manières. Une folie touchante pour celle que le super héros en herbe va protéger, une folie meurtrière pour celui qu'il va devoir affronter. Encore une fois, même si prévisible du début à la fin à cause d'un storytelling des plus classiques et d'une construction qui l'est tout autant, On l'appelle Jeeg Robot emporte le spectateur grâce à ses personnages et ce ton si particulier pour un film de super héros. Le scénario n'exploite pas le protagoniste parce qu'il a des pouvoirs et va pouvoir en faire usage avec grandiloquence. Les pouvoirs ne sont qu'un plus, qu'un élément qui va permettre au personnage d'évoluer et au scénario d'avancer. Ils ne sont pas utilisés pour créer du spectaculaire. Bien au contraire, On l'appelle Jeeg Robot est un film emprunt de réalisme, même si tantôt absurde ou burlesque grâce à ses personnages. Même si factuel et conventionnel, tant dans son montage que dans sa technique (réalisation, cadrage et éclairage), On l'appelle Jeeg Robot possède son lot de bonnes idées et une maîtrise globale suffisamment stimulante et énergique pour ne pas laisser le spectateur sur le carreau. On regrettera tout de même quelques baisses de rythme dues à un scénario qui s'enlise lors de la fameuse (et malheureusement nécessaire) prise de conscience du protagoniste.

Plus qu'un hommage aux films de super héros et à la pop culture, On l'appelle Jeeg Robot est un film super héroïque réaliste et outrancier, porté par des personnages hauts en couleurs qui donnent un ton et une ambiance loin des normes imposées au genre par le cinéma hollywoodien.

Pour rappel, ce film est interdit aux moins de 12 ans

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