Ghost in the Shell (2017) de Rupert Sanders

Film casse-gueule par excellence que ce projet. A l'origine manga (1989) de Masamune Shirow devenu culte et iconique, le film est lui l'adaptation Live des films d'animations originels "Ghost in the Shell" (1995) et "Ghost in the Shell : Innocence" (2004) de Mamoru Oshii, ces derniers étant aussi culte que le manga lui-même. Des éléments de la série "Stand Alone Complex" sont ajoutés également. Une gageure impressionnante pour Rupert Sanders dont le seul titre de gloire à ce jour est "Blanche-Neige et le Chasseur" (2012)... A l'origine les droits ont été acheté par Steven Spielberg lui-même, et après quelques années sa société de production DreamWorks a lancé le projet où c'est Margot Robbie qui devait tenir le rôle du Major avant qu'elle choisisse plutôt "Suicide Squad" (2016) de David Ayer. Finalement c'est la star Scarlett Johansson qui reprend le rôle, le bankable service en bonus. Cette dernière est devenue une action actress après ses performances dans "Captain America : Civil War" (2016) des frères Russo et "Lucy" (2014) de Luc Besson. "Lucy" qui n'est d'ailleurs pas sans liens de références avec ce film-ci et dans lequel a joué également le partenaire de la star Pilou Asbaek, excellent acteur danois remarqué dans le très bon "Hijacking" (2012) de Tobias Lindholm. Le casting est international et particulièrement éclectique, avec la frenchie Juliette Binoche qui fait le grand écart après "Ma Loute" (2016) de Bruno Dumont, l'américain Michael Pitt trop rare sur les écrans et le monstre sacré japonais Takeshi Kitano notre yakuza préféré notamment dans "Aniki mon frère" (2000) et "Outrage" (2010).

Ghost in the Shell (2017) de Rupert Sanders

Alors évidemment quelques biens pensants et autres puristes plus ou moins pertinents ont créé une polémique sur le soit disant White Washing du film, puisque le personnage normalement japonais du Major (alias Motoko Kusinagi) est ici interprété par la blanche Scarlett Johansson. Pas de polémique ici (est-ce que dans les mangas les personnage sont le syeux bridés ?!), c'est juste stupide... La question est surtout, est-ce que cette adaptation Live est réussie, et notamment est-ce que le scénario tient la route et que l'esprit originel est bien retranscrit ?! Sans nul doute Rupert Sanders s'en sort la tête haute ! Pour les bémols on peut noter quelques modifications comme le méchant Le Marionnettiste qui disparait pour laisser la place à Hideo Kuze. Ensuite l'animation ouvre des portes sur un imaginaire démultiplié alors même que le manga offre une place essentielle à philosophie avec des strates nombreuses. Pour ce film il y a effectivement un récit un peu plus linéaire. Néanmoins l'univers dystopique est parfaitement reconstruit avec des effets visuels magnifiques et de grands ampleurs.

Ghost in the Shell (2017) de Rupert Sanders

Un tel univers avec un tel fond de réflexion ramène forcément aux grands chefs d'oeuvre du genre comme "Blade Runner" (1982) de Ridley Scott et "Robocop" (1987) de Paul Verhoeven ( voir remake ICI). Le scénario, s'il est (un tout petit peu) moins complexe qu'à l'origine reste efficace et parfaitement en adéquation avec l'esprit du manga. Niveau musique le film reprend une partie de la musique originale composée par Kenji Kawai (notamment lors de la naissance du Major) le reste étant composé par Clint Mansell, connu surtout pour son oeuvre sur "Requiem for a dream" (2000) de Darren Aronofsky. Une très bonne direction artistique, des acteurs talentueux au service de personnages charismatiques, un matériau d'origine solide et riche sans doute pas idéalement traitée mais avec un réel soucis de fidélité et des effets spéciaux parfaits font de cette adaptation une jolie réussite et un pari gagné. D'ailleurs on peut aussi noté que l'auteur des films d'animation, Mamoru Oshii a salué le travail effectué : "Rupert s'est totalement approprié l'histoire. C'est le film le plus beau jamais réalisé sur cette histoire. Rupert a commencé par la composition, les couleurs et l'éclairage. En tant que réalisateur, il me semble qu'un metteur en scène doit pouvoir tourner ce qu'ila en tête et c'est ce que je souhaitais à Rupert. Scarlett Johansson a largement dépassé mes attentes dans le rôle du Major." Même si on se doute du partenariat sous-jacent il n'en demeure pas moins qu'on peut se dire que Mamoru Oshii aime assez son oeuvre pour être honnête avec lui-même. Dont acte. Un très bon film d'anticipation, une bonne surprise au vu du risque.

Note :

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