LA BELLE ET LA BÊTE vaut-il le coût en 3D ?

Faut-il aller voir La Belle et La Bête en relief ?

Le relief du dernier remake Disney en date, Peter et Elliott le Dragon, nous avait laissé un goût amer dans la bouche. Il faut dire que la version 3D était tellement peu convaincante que le studio a purement et simplement annulé la sortie du film en Blu Ray 3D… La sortie de La Belle et La Bête, encore une fois en 3D, avait donc de quoi inquiéter. Pour cette nouvelle conversion, Disney a-t-il décidé de briser le mauvais sort ?

LA BELLE ET LA BÊTE vaut-il le coût en 3D ?

Une profondeur impressionnante.

Quand on pense à La Belle et La Bête, il est un peu difficile de s’imaginer comment le relief pourrait s’avérer utile : il n’y a presque pas de scènes d’action et très peu de grand panoramas. Ce serait pourtant une erreur de passer à côté, tant Disney a mis les petits plats dans les grands.

Les salles immenses du château sont sublimées en relief, grâce notamment aux nombreux plans qui se servent d’une amorce (d’un premier plan), pour faire ressortir d’autant plus la profondeur de la scène. La spatialisation dans son ensemble est aux petits oignons, c’est-à-dire que le détachement entre les objets dans l’espace est réaliste, un effort bien trop rare sur les conversions 3D. Les particules de poussière, les centaines de sources lumineuses et les lignes de fuites de l’architecture des différentes pièces permettent donc de donner du volume aux différentes séquences, pour notre plus grand plaisir.

Les quelques plans aériens voient leur relief poussé à leur maximum, et ce même de nuit, grâce à un beau travail de lumières. Les flous d’arrière plans sont bien moins présents que dans la plupart des films et quand ils sont là, ils ne sont pas gênants. Une profondeur naturelle, immersive et confortable. Mais ce n’est rien à côté des jaillissements.

LA BELLE ET LA BÊTE vaut-il le coût en 3D ?

Des jaillissements parfaits.

C’est bien sur ce registre que Disney surprendra son audience. Tout est prétexte à faire sortir des objets de l’écran, tant et si bien qu’il est difficile d’en faire une liste exhaustive. Ce sont d’abord les effets météos qui marqueront, avec des flocons de neige dans toute la pièce, mais aussi les feuilles mortes qui virevoltent au gré du vent. Certaines séquences sont purement époustouflantes, comme le numéro musical  » C’est la fête  » qui restera dans les annales avec un jaillissement progressif et extrêmement puissant en direction du spectateur pendant de longues secondes, un régal !

On retiendra aussi une bataille de boules de neiges littéralement frappante, des loups menaçants à la gueule bien prononcée hors de l’écran, des rubans colorés qui traversent la pièce et des personnages volants qui surgissent de derrière les spectateurs, c’est que du bonheur !

Ce qui est extrêmement plaisant, c’est que les jaillissements contribuent à la féerie ambiante d’un univers comme celui de La Belle et La Bête. On peut ressentir la volonté du réalisateur Bill Condon, dont c’est la première incursion dans le relief, de travailler ses cadres en fonction de celui-ci.

LA BELLE ET LA BÊTE vaut-il le coût en 3D ?

Quelques bémols techniques à déplorer.

Dans ce flot d’adjectifs mélioratifs, il fallait bien trouver quelques défauts. Tout d’abord, on peut regretter des effets de ghosting gênants sur quelques séquences.

Mais qu’est-ce que c’est donc que le ghosting ?

– Merci d’avoir posé la question, intervenant virtuel. Le ghosting, c’est cet effet de dédoublement, d’image fantôme, sur certains éléments en relief. Cet un effet embêtant qui nous sort du film et qui intervient quand un élément en relief est sur un fond aux couleurs trop contrastées (exemple: jaillissement d’une colombe sur un fond noir). Heureusement, cela n’arrive qu’à de rares occasions.

Autre souci, bien plus gênant, c’est le rythme du montage. Les plans sont toujours coupés trop vite, ce qui rend l’appréciation du travail de profondeur plus difficile pour l’oeil du spectateur, et peut le fatiguer.  Pour tout vous dire, et comme j’ai visiblement que ça à foutre, j’ai compté sur quelques séquences la durée moyenne de plans, et certains faisaient moins d’une seconde, dans des séquences de dialogue ! C’est un véritable problème de montage, que ce soit en 2D ou en 3D d’ailleurs.

Malgré tout, la magie opère, le relief est exactement ce que l’on est en droit d’exiger dans une production en 2017 et il a le petit plus d’apporter réellement une nouvelle dimension à la féerie environnante. Il faut continuer comme cela, Disney !

Réalisé par Bill Condon, avec Emma Watson, Ewan McGregor, Ian McKellen

Sortie le 22 mars 2017.