Sage femme – 13,5/20

Sage Femme : AfficheDe Martin Provost
Avec Catherine Frot, Catherine Deneuve, Olivier Gourmet

Chronique : Comédie dramatique académique dans sa mise en scène, mais souvent brillante dans son écriture, Sage Femme orchestre surtout la rencontre de deux actrices majuscules du cinéma français que Martin Provost a la bonne idée de rassembler pour la première fois. Les Catoche construisent subtilement le rapprochement de ces deux femmes vivant leur solitude de manière totalement opposée, mais dont les vies sont marquées par un manque similaire. Elles vont progressivement se rendre compte qu’elles ont autant besoin l’une de l’autre : en s’imposant avec flamboyance et bagout pour l’une, un peu malgré elle pour l’autre.
Si le personnage incarné par Catherine Frot, rêche, rigide, sérieux, parfois résignée à ne s’épanouir que par son métier, peut sembler un peu écrasé par l’exubérance de Béatrice, leurs rapports vont peu à peu s’équilibrer. La personnalité de Claire va s’épaissir et gagner en nuances alors qu’un désir de vie aux atours d’abord contradictoires va la traverser, notamment au contact de Paul (Olivier Gourmet). Il n’est pas aisé de jouer cette (r)évolution, et il faut tout le talent de Catherine Frot pour y conduire son personnage sans à coup. Quand a Deneuve, elle est truculente, fantasque, et apporte un humour inattendu au film. Elle n’est jamais meilleure que lorsqu’on lui offre des bons mots, qu’elle sait abattre avec une précision chirurgicale. Elle peut alors atteindre des sommets de drôlerie. C’est souvent le cas dans Sage Femme, qui au-delà d’être le théâtre de l’émouvante et enthousiasmante rencontre entre ces deux grandes comédiennes, rend un bel hommage à un métier de l’ombre.
S’il parle finalement de peu de chose, Sage Femme raconte ce rapprochement improbable mais tout sauf artificiel, au bout duquel pointe un espoir revigorant, doux et apaisant. L’espoir d’une deuxième chance.

Synopsis : Claire est la droiture même. Sage-femme, elle a voué sa vie aux autres. Déjà préoccupée par la fermeture prochaine de sa maternité, elle voit sa vie bouleversée par le retour de Béatrice, ancienne maîtresse de son père disparu, femme fantasque et égoïste, son exacte opposée.