Noces (2017) de Stefan Streker

Production franco-belge-luxembourgeois-pakistanaise pour ce film poignant qui précise bien "librement inspiré de faits réels", prétexte pour bien imposer la libre fiction quand on sait pourtant que le film est basé essentiellement sur l'affaire affaire Sadia Sheikh (en 2007 dans une famille pakistanaise le frère a assassiné sous la pression familiale sa soeur de 20 qui refusait un mariage arrangé). Une tragédie encore trop présente et qui confirme surtout la place de la femme dans l'islam et ses traditions. Il s'agit du 3ème long métrage du cinéaste après "Michael Blanco" (2004) et "Le monde nous appartient" (2014) déjà avec Olivier Gourmet qu'il retrouve ici dans le rôle d'un ami de la famille et père de la meilleure amie de l'héroïne.

Noces (2017) de Stefan Streker

Donc Sadia Sheikh devient ici Zahira Kazim, jeune étudiante de 18-20 ans partagée entre les traditions familiales et son éducation occidentale. Cette dernière est interprétée par la jolie Lina El Arabi qui a été fort remarquée déjà dans le rôle d'une candidate au djihad dans la téléfilm "Ne m'abandonne pas" (2016). Elle offre une performance tout en délicatesse, une petite révélation. A ses côtés des acteurs peu connus mais talentueux, Sebastien Houbani (vu dans "Geronimo" en 2014 de Tony Gatlif), Alice de Lencquesaing (fille de vu récemment dans "Frantz" de François Ozon et "Réparer les vivants" de Katell Quilévéré), Zacharie Chasseriaud (frère de Manu Payet dans "Un début prometteur" en 2015 de Emma Luchini) et surtout Babak Karimi acteur fétiche de Asghar Farhadi vu dans "Une séparation" (2010), "Le Passé" (2013) et "Le Client" (2016). Le scénario suit logiquement l'évolution du processus familial qui consiste à imposer le mariage à la fille.

Noces (2017) de Stefan Streker

Le seul vrai soucis du film c'est la volonté du réalisateur-scénariste à ne froisser personne et donc tenter d'imposer l'empathie pour tous et à ne pas juger. Ce qui donne un scénario avec quelques passages qui sonnent comme des excuses aux actions parentales. Zahira a donc fauté hors mariage, ce qui donne un joli prétexte aux parents pour imposer le mariage à leur fille afin de "réparer" sa faute. On sourit devant la bêtise du père quand il dit à son ami qu'il ne nous embête pas avec nos femmes célibataires alors qu'on le laisse avec ses traditions musulmanes. Des passages qui sentent bon le politiquement correct afin d'éviter toute polémique. C'est pourtant ce qu'il manque au film, une réelle vision, un réel engagement, un peu de poil à gratter... Malgré tout le film est prenant (évidemment serait-on censé dire !), magnifiquement interprété, touchant sans jamais tomber dans le pathos et reste un film qui ne manque pas de portée pédagogique devant cette tragédie fataliste. A voir et à conseiller.

Note :

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