Si j'étais un homme (2017) de Audrey Dana

Actrice trop rare (dernier rôle dans l'inutile "Pension Complète" en 2015 de Florent Siri) Audrey Dana revient devant et derrière la caméra avec son second film en tant que réalisatrice et co-scénariste après un premier film maladroit mais plaisant "Sous les jupes des filles" (2014). Cette fois l'actrice-réalisatrice semble avoir une belle idée en tête : "Il y a des hommes plus féminins que moi et des femmes plus "viriles" que certains hommes. Et si je suis honnête, parfois j'ai l'impression d'être un homme qui vit son rêve le plus fou : celui d'être une femme ! Mais ça, c'est parce que j'ai été élevée ainsi, "autorisée" à être qui je suis. Nous vivons dans une société assez machiste, fondée sur le fait qu'être un homme donne plus de droits. Que se passerait-il donc si on donnait ces "attributs masculins tout-puissants" à une fille ?" ...

Si j'étais un homme (2017) de Audrey Dana

Dès le départ malheureusement son ambition est bancal, en quoi le sexe masculin est-il porteur du pouvoir des hommes ?! Notre force physique s'est imposé point, le sexe lui-même n'est, comme elle dit, qu'un attribut. Ensuite elle désire donc une histoire avec un vrai message social et féministe derrière, mais comment faire en basant le récit uniquement sur un attribut sexuel ?! Le lien entre pénis et pouvoir machiste est beaucoup trop faible et sans consistance. Sur ce point Audrey Dana est juste à côté de la plaque. Sorte de hors-sujet vis à vis de ce qu'elle imaginait. Alors peut-être aussi ne faut-il pas focaliser sur le pseudo-message sous-jacent et tout simplement partir sur la comédie pure, sans propos politico-social mais juste se dire "et si ça arrivait ?!". L'autre soucis pourtant est que les effets humoristiques sont beaucoup trop faibles. Les gags reposent à 100% sur les clichés du rapport entre l'homme et son pénis, tous sont éculés. Même si les situations restent plus ou moins bien vus Audrey Dana ne trouve jamais le bon dosage pour la réussite des gags. Résultat pas un rire sur la durée du film, on sourit un peu et/ou on regarde le film comme un petit divertissement sympa et inoffensif.

Si j'étais un homme (2017) de Audrey Dana

Evidemment l'histoire d'amour convenue n'aide pas du tout, elle manque un peu d'audace. On a envie de dire "et le mélange des genres ?!!". Ca fourmille d'idées, on sent de la sincérité dans le projet, le sujet mérite un film mais seulement, sans doute pas par Audrey Dana aux commandes. Le scénario est trop simpliste, manque de densité, use de facilités qui mènent à une comédie romantique cousue de fil blanc et le fond du propos reste très mal traité. Et pourtant Audrey Dana y met du cœur, elle impeccable même si il surjoue un peu beaucoup parfois, sa comparse Alice Belaïdi est impeccable, Eric Elmosnino également tandis que l'omniprésent Christian Clavier joue son rôle habituel. Ca se regarde comme on dit, pas méchant pour deux sous, et malgré les prétentions de fond de l'actrice-réalisatrice un film sans prise de tête.

j'étais homme (2017) Audrey Dana