Rock’n roll 13/20

Par Taibbo

De Guillaume Canet
Avec Guillaume Canet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche

Chronique : Mais qu’est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ? Guillaume Canet signe avec Rock’n’Roll une comédie aussi barrée que foutraque, un ovni déconcertant, une entreprise d’autodérision aussi audacieuse que culottée, et en même temps déstabilisante.
Il est particulièrement troublant de voir comment Canet brouille la frontière entre fiction et réalité et utilise son image comme matériau de base à son film, sans qu’on sache vraiment jusqu’à quel point il s’y représente. C’est en tout cas très malin, tant l’aura de son couplet et l’imaginaire qu’il véhicule sont forts. Il joue à outrance de cette image publique, une image qu’il tord et concasse jusqu’au malaise.
Il semble en tout cas beaucoup s’en amuser. Et pendant les trois quart du film, nous avec. Car au-delà de son style atypique, Rock’n’roll est souvent très drôle, avec de très bonnes scènes de comédie portées par le réalisateur-comédien qui ne rechigne jamais à endosser le mauvais rôle et tout ce que ça implique (mauvaise foi, ridicule de situation, physique peu avantageux…). Il peut compter sur des complices très en forme, en tête desquels une Marion Cotillard qui prouve une nouvelle fois qu’elle peut aussi se moquer d’elle-même et de son image. Et que quand elle le fait, c’est avec un talent magistral. Elle y est exceptionnelle de drôlerie.
On a également droit à un passage particulièrement savoureux avec un Johnny proche de la sénilité.
Jusqu’à un twist majeur intervenant à une bonne demi-heure de son dénouement, Rock’n’rool est une franche réussite, à la fois iconoclaste, amusant, divertissant et en même temps pertinent dans la façon dont il aborde le temps qui passe et avec lui les peurs et angoisses qu’il charrie.
Malheureusement Canet rate son dernier quart en prenant le parti du grotesque, comme s’il n’assumait pas totalement son propos et qu’il tenait à bien faire passer le message qu’il ne s’agit que d’une fiction (et donc que bien sûr il n’a rien à voir avec le personnage qu’on a suivi pendant 90 minutes). Mais on ne lui en voudra pas, tant le culot qui anime son film apporte un vent de nouveauté et une liberté de ton trop rare dans la comédie populaire française. Déstabilisant, marrant et gonflé. Rock’n roll donc.

Synopsis : Guillaume Canet, 43 ans, est épanoui dans sa vie, il a tout pour être heureux.. Sur un tournage, une jolie comédienne de 20 ans va le stopper net dans son élan, en lui apprenant qu’il n’est pas très « Rock », qu’il ne l’a d’ailleurs jamais vraiment été, et pour l’achever, qu’il a beaucoup chuté dans la «liste» des acteurs qu’on aimerait bien se taper… Sa vie de famille avec Marion, son fils, sa maison de campagne, ses chevaux, lui donnent une image ringarde et plus vraiment sexy… Guillaume a compris qu’il y a urgence à tout changer. Et il va aller loin, très loin, sous le regard médusé et impuissant de son entourage.