Fais de beaux rêves

Fais de beaux rêvesBeau comme l'amour maternelle
1969, Turin ; Massimo a 9 ans et Marco Bellocchio nous montre la relation tendre et complice avec sa mère. Dans les premières scènes, on les voit danser ou plutôt la mère entrainer son fils dans cette danse endiablée. Ensuite chaque scène nous montre un profond attachement entre eux. Le père hors champ est quasi inexistant. Puis, la nostalgie et la tristesse s’empare de toutes les scènes de la journée précédent la mort de la mère de Massimo. Réveillé en fracas en pleine nuit par la police entrant dans leur appartement, sa mère est morte. Il devra attendre plus de 30 ans pour en apprendre les circonstances et faire son deuil. Il a alors plus de 40 ans et une danse tout aussi endiablée avec son amoureuse vient clore pour lui de longues années de torpeur, comme une délivrance. Un grand moment d’émotion.Comme Massimo, on comprend à la toute fin du film comment cette mère aimante a disparu subitement de la vie de Massimo. Bellocchio use d’allers-retours fréquents entre passé et présent via des vignettes intenses et significatives. Avec une grande fluidité narrative incomparable. Spectateur, on comprend beaucoup plus tôt que Massimo ce qui s’est passé cette nuit-là. Lui a les billes aussi, mais ne le sait pas encore. On pourrait être frustré que ce suspens soit un peu trop dévoilé pour qui sait que dans le cinéma (et encore plus chez Bellocchio) aucune scène n’est inutile. D’où mon regret de ne pas m’être souvenu plus tôt de la fin de la série française des 60’s « Belphégor ». Tout y est dit puisque cette série est celle qu’il partageait avec sa mère. Aussi comme, il est délicieux de voir le petit Massimo en appeler après « Belphégor » à chaque moment difficile de sa vie pour se sauver ; comme s’il s’agissait de son ange gardien. Une façon de prendre des distances avec la foi chrétienne omniprésente. Bellocchio, 77 ans,  parvient de manière incroyable à capter la finesse et la rébellion de l’enfance.Mais le véritable sujet du film est bien ailleurs du suspens autour de la mort de cette mère aimante. Bellocchio s’intéresse surtout aux traumatismes de l’enfance et la difficile construction d’un homme et parfois à l’impossibilité d’en guérir. Et c’est pourquoi les deux scènes de danse embrassent le film avec force. Ce film est aussi une ode à l’amour maternelle. Enfant c’est une perte dont on ne se remet jamais surtout lorsqu’elle est entourée par le silence. Et là, Bellocchio prend son temps mais frappe juste tout comme ses comédiens, des plus jeunes aux plus anciens.Cependant on peut déplorer quelques facilités et longueurs surtout sur le passé journaliste de conflits de Massimo. Et aussi regretter que Bellocchio ait choisi de conserver les mêmes comédiens pour jouer des trentenaires devenus sexagénaires (le père de Massimo et la tante) et de conserver le même comédien pour le personnage de Massimo de 20 à 45 ans. Il faut alors adhérer à 100% au propos du film pour ne pas en sortir.
Limpide et émouvant : à voir impérativement.Sorti en 2016Ma note: 15/20