Goupi mains rouges

Goupi mains rougesCà dégoupi pas mal
Tourné sous la censure vichyste, Jacques Becker, dont c’est le second long métrage, détourne habillement les valeurs de l’époque (Travail/Famille/Patrie) pour mieux s’en moquer. Goupi, c’est une famille rurale où le travail est la valeur phare et l’argent… aussi. Chez les Goupi, on se marie en famille ; meilleur moyen de conserver son patrimoine… génétique aussi, on comprend la présence d’un simplet dans les douze membres vivant sous le même toit. De Paris, arrive le petit fils qui a réussi et que l’on prévoie de marier avec… sa cousine. Waouw, quelle photo de famille ! Becker fait vivre brillamment ses 12 personnages principaux aux personnalités si tranchées. Meurtres, vols, trésors cachés sont autant d’appâts et de conséquences de l’avarice en vigueur dans ce microcosme. Adapté d’un roman de Pierre Véry, la fable n’est pas loin ; l’auteur aimait marier polar et fantastique. « L’assassinat du Père Noël » et « Les disparus de St Agil » sont deux autres adaptations de ses romans. La mise en scène de Becker est aussi virtuose avec une caméra sensible aux moindres détails ; et un montage alerte préservant le rythme. Aucun hasard si ce film fait partie du cercle réduit des films témoins d’une forme de résistance sous l’Occupation allemande au même titre que le colossal « Le corbeau » et « La main du diable ». Après on peut déplorer le jeu et la psychologie trop appuyé des personnages.A voir comme un petit bijou inscrit dans son époque.
Sorti en  1943
Ma note: 14/20