Zootopie

Zootopie
Zootopia est une ville qui ne ressemble à aucune autre : seuls les animaux y habitent ! On y trouve des quartiers résidentiels élégants comme le très chic Sahara Square, et d’autres moins hospitaliers comme le glacial Tundratown. Dans cette incroyable métropole, chaque espèce animale cohabite avec les autres. Qu’on soit un immense éléphant ou une minuscule souris, tout le monde a sa place à Zootopia ! Lorsque Judy Hopps fait son entrée dans la police, elle découvre qu’il est bien difficile de s’imposer chez les gros durs en uniforme, surtout quand on est une adorable lapine. Bien décidée à faire ses preuves, Judy s’attaque à une épineuse affaire, même si cela l’oblige à faire équipe avec Nick Wilde, un renard à la langue bien pendue et véritable virtuose de l’arnaque …
Zootopie – 17 Février 2016 – Réalisé par Byron Howard, Rich Moore et Jared Bush
La satisfaction de l'année 2016 au cinéma, c'est l'animation. Alors bon j'ai fait l'impasse sur « Le Monde de Dory », « Comme des Bêtes » ou encore « Les Trolls », mais je me suis fait énormément plaisir avec trois d'entre eux. L'un est sorti en face du premier spin-off star wars, c'est « La Jeune fille sans mains » réalisé par Sébastien Laudenbach, une revisite des frères Grimm cruelle et poétique ; puis fin novembre c'était au tour de l'excellent « Vaiana : La légende du bout du monde » qui mettait à l'honneur la culture polynésienne, le tout par les réalisateurs d'Aladdin et enfin « Kubo and the two strings » l'admirable conte en stop-motion de Travis Knight. Trois films tous étonnants à leurs manières que j'aurai plaisir à revoir, cependant il en manque un pour être un peu plus exhaustif et c'est « Zootopie » le hit de début d'année du studio Disney. Un film presque unanimement salué qui remet au goût du jour les histoires avec des animaux anthropomorphique …
ZootopieJudy Hoops est une jeune lapine de neuf ans qui ne rêve que d'une chose « Zootopie ». Cet endroit est la grande ville ou tous peuvent vivre ensemble, proies comme prédateurs. Une envie qu'elle expose lors d'un spectacle à l'école, en même temps qu'elle annonce son souhait de devenir policier. Ces parents qui sont des humbles cultivateurs de carottes espèrent la décourager, mais les convictions sont plus fortes que tout et des qu'elle a pu, elle est rentrée à l'académie de police. Un premier pas dans la vie hésitant, elle n'a pas le même gabarit que tous les autres inscrits, mais avec détermination, ruse et agilité elle finit major de sa promotion et lors de la remise des diplômes, le maire Leodore Lionheart la nomme lieutenant au commissariat central de Zootopie. Judy folle de joie ne quitte pas ses parents sans un léger pincement au cœur et un brin d'angoisse. Malgré ça, la nature enthousiaste de Judy refait vite surface et même si l'accueil qui lui est réservé est glacial, elle s'acquitte de son travail avec sérieux. Sauf qu'elle en veut plus, elle veut mener des enquêtes et être plus utile qu'en dressant des contraventions et c'est par le plus grand des hasards qu'elle acceptent sans l'accord de son chef un dossier sur une disparition. Une enquête qui va la ramener vers un arnaqueur de première, le renard Nick Wilde. Ensemble ce duo atypique va mettre à une énorme machination …
Bref si au final il ne dépassera dans mon cœur « Kubo and the two strings », ce nouveau classique d'animation Disney est vraiment intéressant et surtout d'une grande richesse thématique. Pour mettre cela en œuvre, on trouve aux manettes l'un des co-réalisateurs de « Raiponce » Byron Howard, le réalisateur de « Wreck it Ralph » Rich Moore et enfin Jared Bush qui à travailler sur « Big Hero 6 », sur le scénario de « Moana » et de Zootopie. Si dans un premier temps, le film devait être un film d'espionnage à la James Bond avant de basculer vers le buddy-movie avec un duo ou Nick Wilde aurait été le personnage principal et Hoops son faire-valoir. Mais un an avant ils réalisent que l'intrigue fonctionnerait mieux en inversant les rôles et c'est ainsi que l'on découvre le destin de Judy Hoops dans la magnifique cité de Zootopie. Une décision intelligente qui prend tout son sens vis a vis des thématiques abordées.Zootopie
Mi policier, mi buddy movie, l'intrigue brasse à merveille les deux genres dont on retrouve les principaux marqueurs. Ceci dit c'est là mon principal reproche que je peux faire au film. Que cela soit au début, ou tout au long du film, on est jamais surpris ou bousculé par ce que l'on suit à l'écran. L'intrigue policière ? Quiconque aura vu plus de deux, trois films de ce genre verra les rebondissements arrivés et la dynamique entre les personnages ne dépaysera pas les habitués du buddy-movie. Si je trouve ça classique et sans surprise, cela ne l’empêche pas d’être bien écrit et au service d'un fond bien plus riche qu'on ne le croit. L'intrigue est à mon sens secondaire, car le but final n'est pas de savoir qui à fait quoi mais bien de décrire d'une façon systémique une société idéale. C'est la que le film se révèle intéressant et profondément actuel. On est loin de l'utopie comme son nom l'indique, mais plus dans une photographie des cités modernes actuelles, avec leurs qualités et leurs défauts.
On rentre ainsi dans le fameux « vivre ensemble » que les politiques tendent comme une expression magique pour que les gens de différentes communautés vivent en bonne intelligence, mais quand la société perpétue les stéréotypes, le racisme, le sexisme, l'islamophobie, l’antisémitisme, l'homophobie, la transphobie, l'inégalité entre les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux, les riches et les pauvres, il ne peut y avoir de société apaisé et juste. Un des points du film rappelle d'ailleurs le traitement médiatique et politique post 13 novembre 2015 en France; [SPOILER] Judy qui a découvert pourquoi des prédateurs disparaissaient, stigmatise auprès des journalistes et cela bien malgré elle tous les prédateurs, ce qui engendra moult tensions et amalgames nauséabond [FIN SPOILER]; un parallèle frappant que l'on a pu constater régulièrement et qui montre les mécanismes de nos sociétés contemporaines, basé uniquement sur la peur. Constat pessimiste mais vrai, ou Judy est un vecteur d'espoir que l'on aimerait tous voir fleurir … Zootopie
Quant à la réalisation, elle s'adapte à l'intrigue avec beaucoup de finesse et fait également des prouesses en termes d'animations. Car qui dit animaux anthropomorphique, dit poils, fourrures et tout ce qui va avec. Et Disney à du se mettre au niveau, crée de nouveaux outils. Une mue qui au vu du rendu final est on ne peut plus réussi, de Nick Wilde à Judy Hoops, du maire Lionheart à son assistante la brebis, le rendu est d'une grande qualité et cela peut importe ce que font les personnages, qu'ils courent, sautent, ou discutent simplement. C'est dynamique, plein d'imagination et cela sait aussi gérer les temps morts à merveille. Une qualité obligatoire pour mettre en image et faire exister un monde aussi vaste que « Zootopie », d'un coté la vaste métropole avec son jeu d'échelle ou le petit côtoie l'infiniment grand, jusqu'au quartier limitrophe qui reprennent les caractéristiques climatiques dont ont besoin certaines espèces comme les panthères ou les ours polaires pour vivre. C'est lumineux, coloré et avec pleins de clins d’œils aux œuvres de Disney, mais aussi à des œuvres de la pop-culture, comme Breaking Bad par exemple.
Meme si l'intrigue policière est convenue et que l'aspect buddy-movie est sans surprise, ça reste un film d'animation ambitieux. Et c'est avec Moana l'un des Disney les plus réussis que j'ai du voir depuis bien longtemps.

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