Emotion au cœur de l’histoire

De nombreux scénarios n’aboutissent pas parce qu’il leur manque quelque chose d’essentiel : une émotion.
L’émotion est ce que le lecteur emporte avec lui lorsque l’histoire sera terminée. Plus précisément, il retient d’abord de l’histoire ce qui l’a ému.

Le cœur de l’histoire

Ce n’est pas l’intrigue qui est au cœur de l’histoire. Mais bien ce dont elle parle.
Une fiction devrait être une expérience universelle que le plus grand nombre puisse comprendre. C’est-à-dire une expérience partagée par personnage interposé et qui agit sur le lecteur/spectateur sur un plan émotionnel.

Considérons une perte, par exemple. Un être aimé disparaît. Même si l’on n’a pas vécu une telle expérience, elle est capable de parler au plus grand nombre.
Il n’y a pas de barrières culturelles ni géographiques concernant la perte.

Chacun de nous peut se remémorer ou se représenter ce que c’est que de perdre un proche. C’est une expérience universelle.

Un besoin émotionnel

Consciemment ou non, ce que l’on recherche dans une fiction (et donc un scénario), c’est une expérience émotionnelle.
Rire, pleurer, être effrayé…

Voilà ce qu’un scénario doit être capable de faire : émouvoir son lecteur.

Considérons Pour un garçon de Chris Weitz, Paul Weitz et Peter Hedges d’après l’œuvre de Nick Hornby.
L’intrigue est la suivante :
Séduisant trentenaire, Will est un dragueur oisif et heureux de l’être. Adepte des aventures sans lendemain, il trouve un nouveau moyen de multiplier ses conquêtes : fréquenter les réunions de mères célibataires en s’inventant… un fils imaginaire !

Comment alors ajouter de l’émotion à une telle prémisse ?
Le cœur émotionnel de cette fiction va se nicher dans la rencontre entre Will et Marcus, un jeune garçon de 12 ans, qui va apprendre à cet homme égoïste et immature ce que c’est que d’agir comme un adulte.

Tout au long de l’histoire, Marcus va aider Will à réaliser que les autres personnes sont nécessaires et que de s’intéresser aux gens est ce qui lui donnera une signification à sa vie.

Et c’est cet aspect de l’histoire qui va émouvoir le lecteur. C’est ce qui va créer le lien émotionnel envers l’intrigue.
Ce lien est la condition nécessaire qui va lui faire accepter l’intrigue.

Le personnage principal est la clef

En effet, c’est par lui que vous trouverez l’émotion que contiendra votre histoire.

L’émotion est très souvent concomitante à l’évolution du personnage. Concrètement, c’est un combat qu’il se livre lui-même. Les histoires les plus émouvantes sont celles qui nous montrent la souffrance d’un personnage face à ses propres faiblesses.

Leurs blessures nous les rend fascinants.
Ecoutez ce qu’a à dire Peter Russel à ce sujet :
PASSION & BLESSURES FONDAMENTALES

Les problèmes internes qui animent intérieurement un personnage peuvent être de nombreuses sortes.
Ils peuvent être émotionnels, intellectuels, spirituels…

Très souvent, il s’agit d’une blessure liée à l’enfance et qui ne s’est jamais refermée. Parfois, c’est seulement sa place dans le monde que le personnage n’a pas encore trouvée.

Bien que l’on change pour le meilleur, cet aspect positif de l’arc dramatique n’est pas une obligation.
Notez que l’expiation par la mort du héros est positive dans le sens où cette solution le mène vers le bien.

Par contre, si ses erreurs l’ont conduit à de telles extrémités qu’il ne peut être pardonné, alors ce sera une tragédie et cet arc dramatique sera négatif.

Que la transformation du personnage soit flagrante ou subtil (moins marquée ou bien au contraire dans sa résistance au changement), c’est par cette évolution du personnage que l’émotion prend racine et s’épanouit.