Voyage dans le Cinéma Français, un film captivant de Bertrand Tavernier

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Voyage dans le Cinéma Français
Bertrand Tavernier
Documentaire
France, 2016, 3h10

Date de sortie : 12 octobre 21016

Synopsis

Ce travail de citoyen et d’espion, d’explorateur et de peintre, de chroniqueur et d’aventurier qu’ont si bien décrit tant d’auteurs, de Casanova à Gilles Perrault, n’est-ce pas une belle définition du métier de cinéaste que l’on a envie d’appliquer à Renoir, à Becker, au Vigo de L’Atalante, à Duvivier, aussi bien qu’à Truffaut ou Demy. A Max Ophuls et aussi à Bresson. Et à des metteurs en scène moins connus, Grangier, Gréville ou encore Sacha, qui, au détour d’une scène ou d’un film, illuminent une émotion, débusquent des vérités surprenantes. Je voudrais que ce film soit un acte de gratitude envers tous ceux, cinéastes, scénaristes, acteurs et musiciens qui ont surgi dans ma vie. La mémoire réchauffe : ce film, c’est un peu de charbon pour les nuits d’hiver.

A propos du film

Ce film admirablement monté, et conté par Bertrand Tavernier  est l’autobiographie cinéphile de Bertrand Tavernier. Pendant 3h10, nous suivons le parcours cinéphilique du réalisateur et plongeons dans le cinéma français. Le réalisateur nous parle du premier film qu’il a vu, à 5 ans et demi, au sanatorium (Dernier Atout de Jacques Becker), de Renoir, de Jean Gabin de ses rencontres avec Truffaut, Melville, Sautet, et bien d’autres, de comment il s’est retrouvé attaché de presse, de ses heures passées dans les cinémas, à la cinémathèque française à visionner des films.

Des extraits de Casque d’or, Falbalas, Hôtel du Nord, A bout de souffle, Alphaville Les Quatre cents coups, Le Doulos …. défilent dans un ballet d’images commenté avec précision, humour, passion par Tavernier..

Eddie Constantine dans Alphaville de Jean Luc Godard

Ce voyage dans le cinéma français rend, avec beaucoup d’humour et de passion, hommage aux plus grands noms du cinéma français (réalisateurs, scénaristes, comédiens, décorateurs, compositeurs). Par exemple, Maurice Jaubert, le grand compositeur français de musique de film est longuement évoqué.

Bertrand Tavernier insiste sur le fait que réaliser un film est un travail collectif. Pour l’illustrer, il prend l’exemple du décorateur du Jour se lève, Alexandre Trauner, qui a l’idée de situer la chambre de Jean Gabin, non au premier étage, comme prévu, mais tout en haut de l’immeuble. Et ça change tout… Trauner devient, soudain, en quelque sorte, le co-auteur du film. Et Marcel Carné le soutient contre le producteur qui, lui, évidemment se dit que construire huit ou neuf étages lui coûtera nettement plus cher que s’il n’en construisait que trois. Il le soutient parce qu’il comprend instantanément le profit qu’il va en tirer (faire apparaître Jean Gabin à la fenêtre du 8eme étage l’isolera complètement de la foule et donnera à son personnage une force supplémentaire).

Ce film riche en précisions historiques, en analyses, en anecdotes, et résultat de cinq années de travail est tout simplement épatant !

Comme l’a mentionné le réalisateur Pascal Thomas lors d’une présentation du film à l’Institut Lumière, le seul problème de ce film  de 3 heures est qu’il est trop court.  Mais nous sommes rassurés, car une série télé de 8 épisodes de 52 minutes sera bientôt diffusée et permettra de combler notre envie d’en savoir plus.

Bertrand Tavernier dans Voyage dans le cinéma français