Porto

Porto
Jake et Mati, deux étrangers, se croisent une nuit à Porto. Une brève rencontre, aussi intense que fugace, dont il ne reste que des souvenirs qui n’appartiennent qu’à eux.

Porto – Réalisé par Gabe Klinger

De la sélection des longs métrages en compétition, « Porto » n'était pas le film qui m'attirait le plus. Pourquoi ? Je ne serais vraiment pas vous l'expliquer, le titre peut être, un brin générique ou alors l'impression que l'on allait assister à une romance de plus sans grand intérêt. Sauf qu'au final, le réalisateur brésilien Gabe Klinger me donne tort et livre un film mélancolique d'une beauté à toute épreuve.
Jake est un bonhomme qui n'est pas très avenant voir un brin bizarre. Il marche toujours replié sur lui, craintif et à l’affût, avec le regard qui chercher une présence amicale. Mati est une étudiante française qui est tout le contraire de lui, solaire et plein d'entrain, elle est ouverte au monde. Deux jeunes gens que l'on ne penserait pas à les associer ensemble, a les voir évoluer cote à cote, mais ce n'est pas le cas. Les deux vont nouer une belle relation, tendre, passionnelle, parfois conflictuelle ou l'on nous rappelle qu'un amour n'est jamais acquis. Jake et Mati ne cesseront alors de nous perdre dans les dédales de Porto …
C'est au final un film suspendu dans le temps. Pendant 75 min nous sommes comme les personnages de Gabe Klinger, perdu, circonspect, mélancolique et plein de question sur ce que l'on est entrain de vivre , nous «le film » et eux « l'histoire » qu'ils nous racontent.
Au scénario on retrouve le réalisateur Klinger et Larry Gross qui articule cela autour de trois parties, Jake, Mati et Eux., mais aussi en employant un certains nombres de flashbacks et d'ellipses, pour parler avec intelligence de ce qu'ils furent et de ce qu'ils peuvent devenir, avant de revenir sur l'instant présent, le seul qui compte un film sur le temps qui passe. Le réalisateur construit aussi intelligemment son film: en illustrant son propos par un jeu de pellicule, on passe ainsi du 16 mm au 35 mm en passant par le 8 mm, ce qui induit aussi un changement de format à l'écran constant, chaque switch représentant un moment particulier de l'histoire. Et si cela s'avère surprenant au début, cela donne un certains cachet à l'ensemble, qui plus est admirablement bien filmé et éclairé par la photographie de Wyatt Garfield.
« Porto » vaut aussi pour son duo d’interprètes ! Tout d'abord j'ai découvert à l'instar d'un grand nombre l'actrice française Lucie Lucas dans le rôle de Mati ou elle est tout simplement sensationnelle. C'est avec intensité et intelligence qu'elle prend le rôle à bras le corps et campe avec nuance ce personnage, de plus elle ne s'efface pas devant son partenaire qui était tout aussi bon. Je dis « étais » car son camarade de jeu n'était autre que le talentueux Anton Yelchin, disparut tragiquement il y a quelques mois. Un acteur de talent qui donne de sa personne et se glisse avec force dans les habits de Jake, ou la profondeur de son regard vous percera plus que mille mots. Une belle performance qui s'ajoute à celle de Lucie Lucas, pour un duo à l'unisson, sincère, tendre et touchant. 
Une belle histoire que j'espère voir sortir en France.
Porto