Le retour de Supergirl

Par Screenbusters

Supergirl est reviendu. La série super-héroïque la plus cheap de la saison précédente a le droit à une seconde fournée d’épisodes et j’vais pas bouder mon plaisir. Du kitch, des répliques wtf et une ambiance en décalage totale avec le monde d’aujourd’hui.  DC opte pour le sérieux au cinéma et la relâche à la télévision – à l’inverse de son « merveilleux » concurrent. Mais après quelques saisons Arrow se la pète, Flash fait dans la qualité limitée et Legends of Tomorrow se complait dans son grand guignolesque temporel. Supergirl reste à part, déjà parce qu’il est maintenant clairement établi qu’elle ne se déroule pas dans le même univers, ensuite parce que sa nature même détonne – la série semble tout droit sortie des années 90 ! Les effets spéciaux sont cheapos, les couleurs pétaradent et la niaiserie générale rend le tout très attach(i)ant. C’est mauvais, mais c’est bien. C’est mal écrit mais ça fait mouche, mal joué, mal filmé, mais ça touche. Comme le nanar de notre enfance qui rassure, ou le tube ringardos qui réchauffe – Supergirl apaise, allongé dans l’canap’ peinardo comme un renardeau. C’est une série-couette, un pur concentré de cocooning qui fait du bien, stupide lueur d’espoir dans un monde réel qui ne promettra jamais plus rien d’aussi radieux.

24, Homeland, Banshee, Breaking Bad, Daredevil – les séries tv « à la mode » établissent leur structure autour du vrai monde et abordent des thèmes anxiogènes noyés dans des trames réalistes. Terrorisme, violence, mort. Au-delà du qualitatif ces programmes ne permettent pas l’évasion, puisque les personnages sont confrontés à des enjeux et des horreurs qui font parti, peu ou prou, de notre quotidien. Dans Supergirl, le soleil brille et même les bad guys ne sont pas très méchants. Les morales sont simplettes, les questions trouvent toujours des réponses et tout va bien dans le meilleur des mondes. Les protagonistes sourient en permanence, la vie est belle puisque les Super-Man et -Girl veillent – figures christiques en combinaison lycra. La série capte l’essence même des premiers films Superman, pour le meilleur et pour le pire.

En cette période de tyrannie du qualitatif, ou chacun se juge et se jauge à la hype de ce qu’il regarde, il est certain que Supergirl fait figure de sombre merde. Mais c’est ma merde. Ma futur-ex madeleine de Proust. L’essence d’un style disparu qui rappelle la vie « rose bonbon » pré-11 septembre. Une œuvre sur laquelle j’ai crachée et qui au fil du temps à réussi à me convaincre – non pas grâce à ses qualités mais par ses défauts. Supergirl c’est la fausse moche dans le teen movie nineties, la ballade gnan-gnan du groupe à la mode, les épinards à la cantine – bref le truc que tout l’monde déteste mais que moi, par empathie ou par goût déstructuré, j’finis par aimer. Enormément.