[CRITIQUE] – Transpecos (2016)

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Réalisé par : Greg Kwedar

Avec : Johnny Simmons, Gabriel Luna

Sortie : Prochainement

Durée : 1h26min

3D : Oui – Non

Synopsis :

« Trois agents aux frontières Etats-Unis/Mexique passent leurs journées à contrôler les conducteurs. Un jour, un contrôle dérape et le drame arrive : que reste-t-il alors à faire ? »

4/5

Après lecture de notre avis sur Transpecos, n’hésitez pas à lire notre interview de Greg Kwedar et Clint Bentley pour obtenir des anecdotes et autres informations sur cette réalisation !

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Après Desierto, la frontière sud-américaine entre les Etats-Unis et le Mexique revient sur les écrans géants cette année avec Transpecos. Présenté pour la première fois en France lors du 42e Festival du Film Américain de Deauville, cette réalisation de Greg Kwedar n’a rien à voir avec celle de Jonas Cuarón. Transpecos aborde cette barrière entre les deux pays d’une façon très particulière. Ici, les migrants ne constituent pas le cœur du sujet. Cette fois, les yeux du spectateur seront rivés sur les contrôleurs aux frontières.

Un véhicule passe, un contrôle dérape et les vies de plusieurs personnes sont engagées. Drogue, corruption et meurtre s’installent très rapidement dans le film. Transpecos a tous les éléments d’un thriller. Le réalisateur Greg Kwedar et son producteur Clint Bentley, également tous deux scénaristes du film, ont monté de A à Z ce projet ensemble. Ils ont choisi de rendre le film plus humain que violent. Une seule et unique scène possède un meurtre visuellement ensanglanté.

AGIR EN HOMME

Cette séquence est le tournant du reste de l’histoire. La réalisation se focalise sur les réactions en chaîne qui suivent. L’aspect humain est particulièrement bien abordé. Le public est en face de trois agents, tous les trois différents. Ils sont mis en situation dans le désert et ils n’en bougent pas, comme s’il s’agissait d’un vaste huis clos. Ils doivent réagir, sans se porter préjudice, sans mettre en danger d’autres personnes et dans un laps de temps très court. Chacun d’entre eux représente une personnalité aux traits de caractères spécifiques. Pourtant, au fur et à mesure de l’intrigue, les particularités comportementales se mélangent entre les protagonistes. Le spectateur est tout aussi perdu que ces contrôleurs. Lequel est bon, lequel est mauvais ? Il lui est aussi très difficile de discerner le moral de l’immoral alors que la famille d’un des agents est en danger. Cette famille, d’ailleurs, n’est pas montrée à l’écran. Impossible alors de tomber dans un pathos en se prenant d’affection pour elle. Une distance est créée, pourtant, l’épée de Damoclès est au-dessus de leur tête, ce qui renforce l’importance de chaque décision prise par les trois agents concernant leur futur.

Dans ce trio, un personnage est plutôt mal écrit. C’est le « méchant de l’histoire ». Hargneux et condescendant, il est l’homme antipathique qui aboie sur les autres et envenime la situation au lieu de la stabiliser. Il est clairement le stéréotype du méchant vu dans de nombreux films. Il n’est vraiment pas très original et ce protagoniste aurait pu donner beaucoup plus de force à Transpecos s’il avait été mieux développé au moment de l’écriture. Il est détestable mais il ne caractérise rien d’autre que la haine injustifiée et ses états d’esprits sont trop peu approfondis. Il en devient presque drôle. Par ailleurs, son interprète, Clifton Collins Jr., est irréprochable dans ce rôle.

SITUATION OPPRESSANTE

Les personnages évoluent dans le désert. La photographie de Transpecos est sublime. Par ses paysages sublimes et ses images chaudes, le film expose une atmosphère presque chaleureuse alors même qu’un drame humain s’y déroule. Cela crée un contraste entre la sérénité du cadre et l’agitation des protagonistes très en danger. Cette opposition est, encore une fois, réalisée dans un but de concentrer le spectateur sur les moindres faits et gestes des agents. Dans un lieu calme et beau, le plus petit geste attire immédiatement l’attention du public. Le réalisateur ne s’arrête pas là et il souligne cette intention en plaçant des musiques très douces et mélodieuses alors que la caméra, elle, ne s’arrête pas de bouger pour représenter le stress interminable subi par les contrôleurs aux frontières. Ces choix techniques et artistiques plongent le spectateur tête la première dans l’horrible situation dépeinte. L’immersion marche très bien.

Globalement, Transpecos prend aux tripes et l’intérêt pour l’avenir de chacun des trois agents devient vite primordial pour le public. Se pose tout le long du film la question de la conscience morale. Comment réagir pour sauver sa famille et soi-même ? Comment minimiser les dégâts, et après tout, faut-il vraiment les minimiser ? Bien qu’il s’agisse d’une sorte particulière de huis clos, Transpecos montre que les impacts des conflits dus aux frontières s’étendent bien au-delà du lieu même, en atteignant la vie privée d’agents venus exercer leur métier.

Greg Kwedar livre un bon premier film. Transpecos traite le problème des frontières sous un angle nouveau et efficace.

Si vous voulez en savoir plus sur Transpecos, rendez-vous sur notre interview de Greg Kwedar (réalisateur, scénariste) et de Clint Bentley (producteur, scénariste).