[CRITIQUE] – Le Ciel Attendra (2016)

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Réalisé par : Marie-Castille Mention-Schaar

Avec : Sandrine Bonnaire, Noémie Merlant, Clotilde Courau

Sortie : 5 Octobre 2016

Durée : 1h44min

3D : Oui – Non

Synopsis :

« Sonia, 17 ans, a failli commettre l’irréparable pour « garantir » à sa famille une place au paradis. Mélanie, 16 ans, vit avec sa mère, aime l’école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Elle tombe amoureuse d’un « prince » sur internet. Elles pourraient s’appeler Anaïs, Manon, Leila ou Clara, et comme elles, croiser un jour la route de l’embrigadement… Pourraient-elles en revenir? »

2/5

Avec Ma Première fois ou Bowling, le cinéma de Marie Castille Mention-Schaar donnait le sentiment de nourrir le bas étage de la comédie ou du film pour ados français. Puis, en réalisant les Héritiers, elle se tournait vers un cinéma plus politique et sociétal, prenant à bras le corps le débat de l’éducation dans les banlieues. Avec son nouveau film Le Ciel Attendra, la réalisatrice poursuit son glissement vers un cinéma plus politique et polémique, en choisissant un sujet toujours plus profond : la radicalisation des jeunes filles françaises.

Un pavé dans la marre.

Face à la terreur mondiale grandissante, nombreux sont les cinéastes à vouloir prendre part à ce combat et laisser leur trace. Mais que ce soit en documentaire, L’humour à mort, ou en fiction, les cowboys, beaucoup s’y sont déjà cassés les dents. Il y a dans cette dernière réalisation de Marie Castille Mention-Schaar une recherche évidente des motivations de ces filles à partir « se faire éclater la gueule à des milliers de kilomètres ». Quand on parle de recherche, il s’agit d’une investigation. En effet, c’est sous cette casquette que part la réalisatrice, s’assurant alors une fausse justification aux potentiels critiques sur sa démarche. Mais il peut être formulé à son égard les mêmes reproches qu’à ses paires, Marie Castille est dépassée par les événements, et ne propose aucune réflexion sur le sujet, se contentant de lancer un pavé de plus dans la marre. Et pour se faire, elle n’y va pas avec le dos de la cuillère. En abusant des installations métaphoriques, de peur d’amener trop frontalement la violence à l’ écran, Marie Castille Mention-Schaar ne fait que remuer le couteau dans la plaie, réduisant sa vision de la radicalisation à un simple projet cinématographique fragile. Difficile de sauver quelque chose donc, ou peut être un film annonce tire larme qui à lui seul est plus efficace.

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Déballez, c’est pesé.

On ne doute pas de la bonne volonté des actrices d’incarner un processus méconnu et incompris. Mais à trop vouloir en dire, le film perd la parole et nous ressortons de ces une heure quarante sans autre chose que le sentiment d’impuissance. La cinéaste refuse toute prétention documentaire, insistant sur la prise de recul nécessaire qui passe par le dispositif de la fiction. Mais elle reformule le réel par des simplifications et formule avec grossièreté les angoisses des familles. Le tout donnant l’impression d’un mécanisme lisse et infernale ( on parle du film) où le spectateur cherche difficilement un point d’accroche. Le problème de ce film « politique », au fond, ce n’est pas tant de vouloir prendre les spectateurs par la main pour éveiller les consciences sur une réalité qu’ils semblent – et insistons sur le semble- ignorer, que de croire que les témoignages sur lesquelles elle s’est appuyée suffit à faire de la réalisatrice la porte parole d’une cause qui de tout évidence, la dépasse totalement. Complètement aveugle des enjeux de ce drame, le film, une fois passé l’étape de la reconstitution méticuleuse du parcours de radicalisation ou de désendoctrinement de ses héroïnes, finit par faire le procès politique d’un gouvernement qui ne fait rien pour sauver ses jeunes filles.

Finalement nous passons à coté du film choc sur la radicalisation des jeunes que promettait M.C Mention-Schaar, il faudra plus que de la bonne volonté et de faibles prétentions cinématographiques pour parler avec pertinence de ce fléau.

Le Ciel attendra passe à côté du film choc que promettait M.C. Mention-Schaar.

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