LUKE CAGE (Critique Saison 1) Luke Cage casse t-il des briques?

LUKE CAGE (Critique Saison 1) Luke Cage casse t-il des briques?LUKE CAGE (Critique Saison 1) Luke Cage casse t-il des briques?SYNOPSIS: Transformé en colosse surpuissant à la peau impénétrable après avoir été le cobaye d'une expérience sabotée, Luke Cage s'enfuit et tente de recommencer à zéro dans le Harlem d'aujourd'hui, à New York. Bientôt tiré de l'ombre, il va devoir se battre pour le cœur de sa ville dans un combat qui l'oblige à affronter un passé qu'il espérait avoir enterré.

AVERTISSEMENT: Seuls 7 épisodes ont été présentés à la presse

Les droits d'adaptation de Luke Cage prenaient gentiment la poussière dans une des immenses salles d'archives de Columbia Entertainment jusqu'à ce que Marvel Studios décide de les racheter en 2013. Avengers venait de cartonner au box-office et plusieurs plateformes de streaming en ligne étaient intéressées par l'idée de créer des séries autour de cet univers qui s'était révélé lucratif. Comme on le sait, c'est Netflix qui a remporté le gros lot avec son projet d'adaptation des Defenders (prévu pour fin 2017), un groupe de héros comprenant Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage et Iron Fist. Le succès avait été au rendez-vous pour les deux premiers personnages (souvenez-vous, la saison 1 de Daredevil en 2015 avait fait un malheur !) et suivant sa première apparition dans Jessica Jones l'année dernière, Luke Cage, interprété par le très imposant Mike Colter, se voit désormais héros de sa propre série.

Sous la houlette du showrunner Cheo Hodari Coker, la série suit les aventures de Luke qui, après la fin de sa tumultueuse relation avec Jessica Jones, rentre à Harlem et se retrouve malgré lui embarqué dans une guerre sans merci avec l'un des grands bandits de la cité (Ils sont mignons les créateurs qui essaient de nous faire croire que Harlem et Hell's Kitchen sont deux villes différentes et pas deux quartiers de New York situés à 20 minutes de métro l'un de l'autre, mais passons). Luke travaille pour Pop ( Frankie Faison), un ancien malfrat repenti qui tient désormais un salon de coiffure aux alentours de la 125ème rue et notre héros arrondit également ses fins de mois en travaillant dans les cuisines d'un club très huppé appartenant à Cornell Stokes ( Mahershala Ali), dit " Cottonmouth ", un surnom qui lui déplait fortement, comme à n'importe quel Noir Américain. Stokes et sa cousine Mariah ( Alfre Woodard) ont bien l'intention de régner sur Harlem et ses habitants et si elle a pris le chemin de la politique, il trempe dans le crime jusqu'au nez : drogue, trafique d'armes, corruption, tout y passe. Jusqu'au jour où trois gamins du quartier décident de jouer au plus malin et dérobent une jolie somme d'argent au gangster-en-chef. Les gamins sont des habitués du salon de Pop et ce dernier, qui connaît parfaitement les talents de Luke, demande de l'aide à son indestructible employé. Bien sûr, les choses se compliquent rapidement : la police découvre le cadavre d'un des gamins et c'est l'agent Misty Knight ( Simone Missick) et son partenaire Scarfe ( Frank Whaley) qui sont en charge de l'enquête, tandis que la pression se fait sentir du côté de Cornell qui voit arriver Shades, un émissaire du mystérieux Diamondblack, apparemment pour l'épauler dans sa tâche, mais surtout pour le garder à l'œil.

Luke Cage bénéficie d'une indéniable magie : la musique d' Ali Shaheed Muhammad et Adrian Younge s'allie élégamment à la cinématographie de Manuel Billeter et chaque épisode doit son titre à une chanson de Gang Starr. Cheo Hodari Coker et ses deux scénaristes Archie Goodwin et John Romita Jr savent parfaitement manier l'art de la référence et se sont clairement fait un plaisir monstre en créant un univers où le crime épouse la classe. Que ce soit dans les costumes parfaitement coupés de Mahershala Ali, la bande-son impeccable ou dans le parfum si typique de Harlem qui suinte de chaque pore de la série, c'est tout un monde qu'ils ont bâti et auquel ils rendent hommage. Mais cette fascination pour un quartier si riche en culture et si souvent ignoré par l'élite blanche provoque malheureusement un certain déséquilibre dans la structure de l'histoire et la série se heurte à deux problèmes majeurs. Le premier, c'est la comparaison avec les deux autres créations de Netflix. Daredevil se battait contre des ninjas qui défiaient la mort et le méchant de Jessica Jones pouvait contrôler les esprits. Par comparaison, les ambitions de Cornell Stokes paraissent bien modestes, voire même ennuyeuses. Ah, il achète des armes ? L'HOMME POURPRE TRANSFORMAIT LES GENS EN ARMES ! Les Avengers se battent contre des démons d'une autre dimension, Iron Fist étudie dans une cité qui apparaît du néant et Docteur Strange est carrément magique... bref, tu ne nous fais plus peur Cornell ! L'autre problème, c'est que le gangster à la voix de velours vole la vedette à notre héros à la peau dure et c'est entièrement la faute de Mahershala Ali qui s'impose comme la révélation de la série. On le connaissait sous les traits de Rémi Danton dans House of Cards, mais dans la peau de Stokes, l'acteur explose. A tel point que même la musculature impressionnante de Colter s'éclipse devant le charisme du méchant, d'autant que ce dernier est servi par un script plus noir, plus complexe, et au final plus intéressant que notre héros qui, soyons francs, veut surtout qu'on lui fiche la paix.

On sait cependant que Luke Cage est partie intégrale des Defenders et que son amitié avec Iron Fist est l'un des piliers des comics au même titre que sa relation avec Jessica Jones (avec qui, soit dit en passant, il est marié dans la BD). Ayons donc foi en nos scénaristes et espérons qu'ils aient une arme secrète quelque part dans leurs tiroirs ; une de ces pirouettes donc ils ont le secret et qui ramènera Luke sur le devant de la scène, parce que, comme les fans du comics vous l'expliqueront, il a encore beaucoup, beaucoup à faire.

Crédits: Netflix