Amis et rien de plus

AMIS ET RIEN DE PLUS

De: Kristan Higgins.

Résumé: Depuis l’adolescence, Chastity le sait: les hommes ne la considéreront jamais autrement que comme une bonne copine, incollable en foot et imbattable aux fléchettes, sans jamais oser envisager quoi que ce soit de plus. Comment pourrait-il en être autrement, alors que ses trois frères et son père peuvent se transformer en véritables serial-killers dès qu’un représentant de la gent masculine s’approche à moins de dix mètres d’elle?

*  *  *

J’admets que parfois je cherche le bâton pour me faire battre. J’ai une certaine idée de ce que je veux lire, je me fais une idée du livre que j’ai choisi. Et entre les deux, y a un fossé.

Et ce n’est pas une couverture niaise tout en cœur et en flèche qui arrangera les choses bien au contraire. Et encore, je vous ai épargné le nom de la maison d’édition si non vous auriez vu rouge et passé votre chemin illico presto. Du coup, encore une fois, je ne sais pas pourquoi j’ai pensé que ce roman parlait d’adolescence; de cet âge ingrat où on n’a pas confiance en soi et où recherche avidement l’amour des autres. Rien à voir avec l’histoire du jour en fait.

Maintenant, au lieu d’un petit fragment de feuille verte, je me retrouve avec une tâche verte pile sur mon téton, comme si je sécrétais du pistou.

Ici, l’héroïne a plus de trente ans; et revient dans ville natale pour s’y installer et fonder une famille. Un peu déstabilisée au départ, je me suis laissée porter par cette histoire rafraichissante dans la pure tradition chick litt.  Tu sais comment ça va finir ( même si Mr X te fasse douter par moment) mais qu’importe c’est le voyage qui est intéressant pas la destination.

Cependant, pour une fois je ne me suis pas reconnue en la narratrice, Chastity ( oui, je sais quel prénom !). Elle est sportive; moi non. Son désir ultime est de fonder un foyer genre la maison avec la clôture blanche, les sept enfants et la mari bien évidemment. C’est d’ailleurs son obsession du moment ; ça et Aragorn ( notre seul point commun) et Legolas (nonnnnnn!). Ses envies et ses besoins sont légitimes mais assez redondants dans le récit. J’avais surtout envie de lui dire:  » Ma chérie, tu es plus que ça. Une femme brillante, intelligente, une journaliste talentueuse ». Profite et le reste suivra mais elle n’est plus toute jeune selon ses dires. J’ai l’impression que l’horloge biologique recule de plus en plus pour nous les femmes. En dirait presque le tic tac tic tac angoissant que le Capitaine Crochet craignait tant.

Il me serre les doigts, puis relâche sa prise. L’espace d’une minute, je ne sais plus quoi faire de ma main, comme si l’intérêt d’en avoir une n’existait plus pour moi.

Paradoxalement, là où j’ai eu un énorme coup de cœur c’est sa famille. Les liens qui les unissent tous, cette franche camaraderie, le bruit incessant ce joyeux monde. Quand je pensais à eux, j’étais en mode home sweet home. L’impression d’être à l’abri, en sécurité. Les chamailleries entre frère et sœur, les repas de famille et les anecdotes croustillantes qui font rougir de honte les concernés. Les disputes, les réconciliations bref tout ce qui caractérise une famille pour le meilleur et le pire.

Je vous disais tout à l’heure que je ne m’identifiais pas vraiment au personnage principal. Une fois n’est pas coutume, je lui ai trouvé un remplaçant en la personne de Trevor ( Logan Marshall Green serait parfait pour l’incarner!). D’un côté, j’avais l’impression de me voir en lui dans cette volonté farouche et stupide de rien vouloir gâcher, de vouloir tout protéger et tout chérir en l’état. Par peur, par lâcheté aussi. En même temps, il me rappelait un mec que j’ai connu. Le genre qui ne sait jamais ce qu’il veut, qui ne sait ni sortir de ta vie ni en faire partie véritablement. Et qui te la joue le coup du meilleur ami, du  » petit ami  » et aussi, du grand frère. En clair, quelqu’un qui te fait sérieusement douter de ta santé mentale.

Amis et rien de plus n’a rien d’original mais on en ressort le sourire aux lèvres. Avec une impression agréable qui te colle aux baskets; comme si tu tout ira bien à l’avenir.

17 SUR 20