God Bless America : ni intelligent, ni vraiment jouissif… ★✩✩✩✩

Oh super ! Un film qui met en image les petites pensées coupables que l’on peut avoir lorsque quelque chose nous est profondément insupportable ! Jouissif ! Oh et puis en plus ça a l’air assez intelligent dans son traitement ! Chouette !

[… Quelques temps plus tard …]

Bonjour, je me présente, Jules-Emmanuel Manif, je viens à vous en cette journée ensoleillée (bon Dieu faites que vous me lisez pendant qu’il fait beau par chez vous) afin de vous parler d’une quête que j’organise avec notre confrérie. Si vous acceptez de faire un don, nous pourrons remplir ce saladier géant et déverser les hectolitres de glaires qu’il contient sur cette escroquerie faussement dénonciatrice et satyrique.

Alors voilà ! Je suis de retour de ce long, très long voyage vers le néant rédactionnel, pour vous parler d’un film que j’ai pu voir récemment (en fait j’ai retrouvé son nom récemment du coup j’ai pu chopper le DivX, comme on disait du temps de Jean-Pierre François, et je l’ai regardé installé dans un fauteuil à distance raisonnable de l’écran) : God Bless America, de Bobcat Goldthwait sorti en 2011, avec Joel Murray (le frère de Bill).

Mon Dieu cette bande-annonce avec ce pitch si prometteur ! Un message certes pas nouveau mais traité d’une manière nouvelle, une espèce de plaisir coupable.

Voici donc la bête :

L’histoire c’est donc celle d’un homme seul (Frank, played by Murray), un père divorcé totalement déprimé et dégoûté par les abyssales m***** diffusées à la TV américaine, et par le comportement d’une population à la dérive, d’après lui totalement incivilisée. Un jour qu’on lui annonce une tumeur au cerveau absolument inopérable et mortelle, il pète un plomb et décide de prendre les choses en main en dézinguant cette même population.

C’est sûr que c’est assez violent et radical, mais si le traitement est bon alors on peut s’attendre à une perle.
Mais là quel gâchis ! Je sais que beaucoup ont apprécié ce film, mais personnellement je ne lui ai rien trouvé de bon, il m’a même paru une grande partie du temps assez répugnant et totalement embourbé dans une mécanisme d’escroquerie et de moralisme hypster à deux francs.

– Who who who ! Mon p’tit keum ça pue la subjectivité à 42 bornes à la ronde ! Et la critique objective alors ??
– C’est qui Objective ?
– Je sais pas trop une meuf chiante.

Breeef. pourquoi c’est pas cool ? Bah parce que voir des coincés du cul mal dans leur peau trucider des « parasites » qualifiés ainsi juste parce qu’ils sont pas au goût de ces deux trouducs, tout cela servi sans sauce à la sincérité, bah beurK (ouais avec un grand K). Alors peut-être qu’à la base c’est juste un film sans prise de tête destiné à faire jouir le spectateur qui a déjà vécu des situations énervantes similaires, mais dans les faits ça n’y ressemble pas. L’impact n’a lieu qu’au début du film, quand tout se met en place (et surtout quand Murray est TOUT SEUL). Là j’avoue que les promesses étaient tenues (mention à la scène du bébé). Mais alors après une demie heure whoaaa, ça tue tout est n’importe quoi. Et c’est ça qui me fait rire, parce que :

  • Premièrement, les personnages se sentent assez importants (comme investis d’une mission divine de purification) pour choisir eux-mêmes selon leurs propres convictions haineuses ou convenues, les gens qui sont dignes de survivre à leur civilisation idéale.
  • Deuxième, et ça découle du premier point, les personnages font ces choix de la manière la plus arriérée du monde : celle que la société qu’ils détestent leur dicte (c’est bon on sait tous qu’on aime pas la télé-réalité, les jeunes bobos, etc). C’est un peu (nan c’est même carrément) l’hôpital qui se fout de la charité.
  • Troisièmement, ils s’attaquent au peuple qui est embourbé dans cette mécanique de déchêts de société (l’exemple des spectateurs du télécrochet). Alors certes, je partage certains avis à propos de quelques concepts (téléréalité, …), mais je ne suis pas d’accord quant au fait que les populations visées puissent être considérées comme des parasites, notamment lorsqu’on veut vendre ce discours à ces mêmes personnes. Traiter le spectateur de con c’est dangereux. C’est autorisé seulement si un message est balancé avec.
  • Pour finir, et c’est le centre du discours des personnages, non les goûts et les couleurs ne sont pas des prétextes valables pour juger. Une personne fan des anges de la téléréalité peut facilement valoir beaucoup plus qu’un snobinard de hypster qui se prend pour le dieu idéal de toute civilisation. Et puis même, la valeur d’une personne n’existe pas, ce sont ses actes qui ont une valeur, et pour le coup monsieur et madame sont les pires déchets produits par la société occidentale. Juges et bourreaux ne font pas bons ménages dans une société utopique.

Sérieusement, si le réel message était qu’une société utopique, justement, n’est pas concevable car subjective dans son essence (que ce soit à l’échelle individuelle, ou civilisationnelle), j’aurais applaudi, mais après visionnage ce n’est clairement pas ça. Ce que j’ai pu retenir, c’était juste que bah on peut rien changer à la société et les déchets existeront toujours. Chouette ! C’est un peu nu-nul, maladroit, absolument pas provocateur. Disons que j’ai pas envie de passer toute une soirée à mater des glandus que je déteste se prendre pour des croisés et défouler leurs règles douloureuses sur des tas de gens, notamment quand c’est d’une gratuité inutile et pas intéressante.

Et puis pour finir, s’il vous plait trouvez moi la personne qui a décidé de faire pointer cette jeune femme à l’histoire. Chiante mais à un point.

Donc voilà, cet article était ni bien écrit, ni enthousiaste, mais sérieusement après une telle déception et de telles fausses promesses, j’avais pas envie de m’éterniser.
Escrocs.

Bisous. Matez-le quand même, juste pour faire un câlin à votre propre miss Subjectivité, et aussi pour tout ce qu’il y a entre le début du film et la scène du bébé.
A+ les p’tits keums.