Free State Of Jones

Date de sortie 14 septembre 2016

Free State of Jones


Réalisé par Gary Ross


Avec Matthew McConaughey,

Gugu Mbatha-Raw, Keri Russell, Mahershala Ali, Sean Bridgers,

Jacob Lofland, Brad Carter, Christopher David McKnight


Genres Biopic, Drame


Production Américaine

Synopsis

En pleine guerre de Sécession, Newton Knight (Matthew McConaughey), courageux fermier du Mississippi, prend la tête d’un groupe de modestes paysans blancs et d'esclaves en fuite pour se battre contre les États confédérés.

Formant un régiment de rebelles indomptables, Knight et ses hommes ont l'avantage stratégique de connaître le terrain, même si leurs ennemis sont bien plus nombreux et beaucoup mieux armés…

Résolument engagé contre l'injustice et l'exploitation humaine, l'intrépide fermier fonde le premier État d'hommes libres où Noirs et Blancs sont à égalité.

Free State of Jones - Matthew McConaughey

Matthew McConaughey

Gary Ross mûrit ce projet depuis la sortie de Seabiscuit en 2003 où il a découvert l'histoire de Newt Knight, fermier du Mississipi qui s'était battu pour de pauvres paysans blancs et pour des Noirs (une première pour l'époque).

Le metteur en scène se souvient :

Newton Knight"Quand j'ai entendu parler du parcours de Newt Knight pour la première fois, j'ai été frappé par le fait que ce héros, unique en son genre, soit en quelque sorte tombé dans les oubliettes de l'histoire. Il est connu dans certaines régions du Sud, et sans aucun doute dans le Mississippi, mais il n'a pas la notoriété qu'il mérite. Surtout quand on sait qu'il a été l'instigateur d'une rébellion contre la Confédération et qu'à bien des égards, il était en avance d'un siècle sur son temps."

Gary Ross a alors cherché à en savoir plus sur cet homme, convaincu que sa trajectoire était plus riche que ce que l'histoire officielle le laissait entendre. Comme le cinéaste allait bientôt l'apprendre, les événements les plus méconnus de sa vie étaient aussi les plus fascinants.

"Ce n'est pas un hasard si la guerre de Sécession, plus que toute autre période de l'histoire américain, a donné lieu à une telle littérature. Et ce n'est pas un hasard non plus si – à l'exception du Christ – Abraham Lincoln est le personnage qui a le plus inspiré les biographes. Il existe une plaie profonde dans l'inconscient collectif américain – une blessure dans notre histoire presque impossible à cicatriser. Cette guerre a fait 600 000 victimes. Il a fallu plusieurs générations, pour ne pas dire un siècle tout entier, pour surmonter cet épisode et en comprendre les motivations profondes. Newt Knight a su percer à jour ce qui est au fondement de la guerre de Sécession, à savoir qu'il s'agit essentiellement d'un combat moral".

La volonté de raconter l'histoire de Newt Knight a suscité un engouement chez Gary Ross qui a duré une dizaine d'années et l'a poussé à entamer des recherches approfondies. Le réalisateur était intrigué par ce personnage haut en couleurs qui s'était aussi bien battu pour de pauvres fermiers blancs que pour des Noirs – attitude totalement indéfendable à l'époque.

"Newt Knight était un être extrêmement progressiste. À son époque, il n'y en avait pas deux comme lui ! Dès lors qu'il apprenait la vérité sur un phénomène, il ne pouvait plus faire comme s'il ne l'avait pas entendue. Pour lui, il y avait une injustice fondamentale dans ce qu'il voyait c'est comme une guerre contre l'esclavage menée au profit des esclavagistes. Il avait pris la tête d'une rébellion au nom des démunis, des pauvres et des indigents et, chemin faisant, il avait été chassé de sa propre communauté et avait adopté les codes d'une culture qui n'était pas la sienne. C'était un combattant pour la liberté à bien des égards et c'était un vrai dur à cuire si bien que j'ai immédiatement été séduit par le personnage". indique le réalisateur.

Free State Of Jones -  Matthew McConaughey & Mahershala Ali

Matthew McConaughey et Mahershala Ali

"Quand on est réalisateur, on rêve de tomber sur un personnage comme lui. J'ai eu la chance de croiser sa route et de pouvoir raconter son histoire à travers une formidable fresque". poursuit Gary Ross.

Au cours de ses recherches, Ross a rencontré des spécialistes de la guerre de Sécession, comme Jim Kelly, professeur d'histoire américaine au Jones County Junior College. Il s'est également rendu sur les véritables champs de batailles et dans les campements évoqués dans le film. Au cours de ses visites, Ross a rencontré plusieurs descendants de Knight qui lui ont prêté leurs archives et fait part d'histoires familiales personnelles. À l'époque, Jim Kelly rédigeait sa thèse sur Newt Knight en collaboration avec le grand spécialiste de la guerre de Sécession John Stauffer, professeur de civilisation anglaise et américaine et de civilisation afro-américaine à Harvard. Ayant grandi dans le Jones County, Jim Kelly s'intéressait à Knight, mais il n'avait entendu que des propos désobligeants à son égard : on racontait qu'il s'agissait d'un guérillero, d'un hors-la-loi, d'un assassin et – pire encore aux yeux de beaucoup de Sudistes – d'un homme qui avait franchi un tabou absolu en épousant une femme noire.

Free State Of Jones - Matthew McConaughey et Gugu Mbatha-Raw

Matthew McConaughey et Gugu Mbatha-Raw

"Newt Knight échappait aux représentations populaires d'un Sud blanc et monolithique, totalement favorable à la Sécession et hostile à l'intégration des Noirs. Et c'est ce qui en fait un personnage à part". Précise Jim Kelly.

"Jim a épluché les archives et lu le moindre courrier, la moindre publication et l'intégralité des archives officielles, découvrant des pépites qui sont non seulement éclairantes pour Newt mais aussi pour tout étudiant spécialisé dans la période de la guerre de Sécession", souligne Gary Ross.

Jim Kelly reprend : "L'histoire de Newt est tellement tombée dans l'oubli et a été tellement manipulée et déformée que très peu de gens connaissent la vérité le concernant et savent qui il était vraiment. Portés par les propres recherches de Ross et par sa passion pour le projet, dès lors qu'on a commencé à creuser, on a découvert un homme plus complexe et intègre qu'on ne le pensait jusque-là. Il avait des convictions morales, il s'est battu pour les droits de tous et – comme on le sait aujourd'hui – il avait fait les bons choix".

Dans l'encadré d'un des documents consultés, Kelly a appris que son propre arrière-arrière-grand-père était le cousin de Newt Knight et qu'il était donc un descendant de celui-ci. "C'est aussi un périple personnel", dit-il. "Et lorsque j'ai découvert qui il était, j'ai ressenti admiration et respect pour lui".

Au cours de ses recherches dans le Jones County, le réalisateur a lui-même rencontré John Stauffer avec qui il a travaillé. Ross est alors devenu officiellement chercheur associé en civilisation américaine de Harvard sous la tutelle de Stauffer, ce qui lui a permis d'avoir accès aux bibliothèques encyclopédiques de l'université et à ses fonds documentaires. "Il a été un vrai mentor pour moi", note le réalisateur. "Il m'a guidé et conseillé et m'a fourni une bibliographie très riche. On s'est plongés ensemble dans la littérature existante". Stauffer, auteur de nombreux articles sur les antiesclavagistes et les abolitionnistes à l'époque de la guerre de Sécession, se rappelle : "Avec Gary, on s'est retrouvés grâce à notre intérêt commun pour cette époque, et surtout pour des personnalités comme Newt Knight et John Brown, et d'autres soi-disant radicaux qui ont contribué à changer la perception que l'on avait de l'esclavage".

Cette collaboration entre "élève" et "professeur" a donné lieu à la participation conjointe des deux hommes à plusieurs manifestations historiques : ils ont ainsi donné une conférence, dans le cadre des Principals of Private Schools, sur la manière dont le Sud a finalement gagné la guerre de Sécession – thème que l'on retrouve dans Free State of Jones.

L'argument selon lequel il s'agissait d'une "guerre des riches, mais d'un combat des pauvres" renvoie à l'idée que les plus démunis étaient victimes de la cupidité des propriétaires terriens fortunés, et non pas de leurs convictions. C'est ce qui a poussé Knight à passer à l'action et, comme le suggère Gary Ross, qui a nourri le mythe autour de ses exploits "à la Robin des Bois".

"De la fin de la guerre en 1865 à 1876, le Sud s'est efforcé de conserver une agriculture fondée sur l'esclavage", ajoute le réalisateur. "La plupart des questions qui avaient déclenché la guerre divisaient encore la population, et notamment celle de savoir si le Sud avait le besoin vital d'une main d'œuvre bon marché pour préserver son modèle d'économie agraire".

"Quant à Knight, lorsque la situation a tourné au désavantage des esclaves affranchis après-guerre, il est passé de défenseur des petits fermiers blancs à fervent porte-parole des Noirs américains, qui venaient d'être reconnus citoyens à part entière, en se battant – au sens propre comme au sens figuré – pour défendre leurs 9 droits", ajoute Gary Ross.

Free State Of Jones -  Gugu Mbatha-Raw

"Il a même fini par épouser une femme noire et à vivre au sein de cette communauté : favorable aux unions mixtes, il a été le père d'enfants métisses dont il était extrêmement fier.

Et il ne s'en cachait pas !"

"Ce qu'on oublie souvent, c'est que la Reconstruction était une sorte de deuxième guerre de Sécession qui s'est déclenchée après l'émancipation des Noirs en 1865", indique-t-il. Il explique que la Reconstruction s'est déroulée en trois actes, ce que l'on voit dans le film. "Au cours du premier acte, le président rend leurs terres aux Confédérés : ils sont de nouveau investis d'un pouvoir et mettent en place une nouvelle forme d'esclavage à travers le métayage. Deuxième acte : le Congrès envoie des gouverneurs militaires dans le Sud pour garantir le droit de vote aux Noirs affranchis. Ces derniers devaient avoir un sacré cran pour voter pendant la Reconstruction. Le troisième et dernier acte s'est accompagné d'une résurgence de groupes paramilitaires comme le Ku Klux Klan, les Knights of the White Camilia, les Red Shirts et les clubs de tirs – autant de milices qui œuvraient pour chasser les soldats nordistes de la région et reconquérir le pouvoir politique".

Après avoir mené ses recherches, Gary Ross a rédigé une première mouture du scénario dont l'essentiel s'inspirait de ses découvertes initiales. "On savait que Newt vivait au sein d'une communauté mixte après la guerre et qu'il était un farouche défenseur des droits des affranchis et des citoyens afro-américains", dit-il. "Mais on ignorait à peu près tout sur la composition de son groupe pendant la guerre : était-il mixte ? Se battait-il pour les droits des esclaves ? Ou se battait-il seulement pour les droits des pauvres fermiers blancs ? C'était un débat essentiel. Jim Kelly a déniché les documents qui prouvent que si Newt se battait pour les droits des affranchis, la Knight Company luttait aussi pour les droits des Noirs pendant la guerre".

Alors que Gary Ross écrivait son scénario, il a présenté John Stauffer à Sally Jenkins, éminente journaliste du Washington Post : inspirés par le travail du réalisateur, l'universitaire et la journaliste ont coécrit The State of Jones en 2009 qui documente les prises de position de Knight favorables à l'Union, son regard sur les questions raciales et la manière dont ce point de vue a nourri son engagement après-guerre.

Gary Ross a interrompu ses recherches en 2011 et 2012 pour adapter et réaliser Hunger Games, autre projet aux évidentes connotations politiques qui allait bientôt s'imposer comme une saga au succès planétaire. Le réalisateur  a obtenu un rendez-vous avec la toute nouvelle société de production STX Entertainment afin de porter l'histoire de Newt Knight à l'écran.

Sources cameo-nancy.fr

Free State of Jones a majoritairement été tourné dans les champs, les paysages vallonnés et les marécages de Louisiane. Pour s'inspirer, le directeur de la photographie Benoît Delhomme a étudié les célèbres clichés de la guerre de Sécession signés Matthew Brady.

Free State Of Jones - Matthew McConaughey

Au moment du tournage, il a opté pour une approche documentaire contemporaine en limitant au maximum les éclairages artificiels et autres procédés complexes.

Il note : "Je tenais à éviter les plans à la grue. Je préfère travailler avec une palette de couleurs restreinte et limiter les effets chromatiques. Je me suis toujours méfié de la manière dont l'herbe, les feuilles et la végétation en général rendent en numérique. J'ai d'abord cherché à éviter de filmer le vert, mais bien évidemment, c'est rapidement devenu un combat perdu d'avance et, étonnamment, je me suis mis à aimer le vert. J'ai le sentiment que pour des personnages comme Newt et ses hommes, qui vivent en pleine nature, cette couleur revêt beaucoup d'importance."

Mon opinion

Le film repose essentiellement sur l'incroyable force que l'excellent Matthew McConaughey donne à son personnage. Certains penseront qu'il en fait trop. D'autres, dont je suis, trouveront dans son interprétation toute la fureur, la folie et le courage qui permettent tous les excès. Ils représentent parfaitement les traits de caractère de cet homme d'exception.

"Newton Knight échappait aux représentations populaires d'un Sud blanc et monolithique, totalement favorable à la Sécession et hostile à l'intégration des Noirs. Et c'est ce qui en fait un personnage à part" a déclaré Jim Kelly, spécialistes de la guerre de Sécession.

Les images sont d'une extrême dureté, avec, entre autres, certains passages sur cette guerre, ou d'une grande beauté quand il s'agit du lieu même dans lequel s'est déroulée cette page de l'histoire américaine.

Presque deux films en un. Le réalisateur inclut un autre bref récit, celui d'un lointain descendant du principal protagoniste qui se retrouvera condamné en 1940 rapport à la loi interdisant les mariages interraciaux dans cet état du sud. Deux sujets traités avec une grande conviction mais qui imposent une certaine attention pour bien assimiler le juste combat de cet homme remarquable et méconnu.

Le film, qui souffre de quelques longueurs, lui rend un très bel et courageux hommage.

Free State of Jones