Frantz

Par Cinealain

Date de sortie 7 septembre 2016


Réalisé par François Ozon


Avec Paula Beer, Pierre Niney, Ernst Stötzner,

Marie Gruber, Johann von Bülow, Anton von Lucke,

Cyrielle Clair, Alice de Lencquesaing


Genre Drame


Production Française, Allemande

Frantz est sélectionné en compétition officielle à la 73ème Mostra de Venise.
 (31 août au 10 septembre 2016).

Également présenté en avant-première au Festival de Toronto.

(8 au 18 septembre prochain 2016).

Synopsis

Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna (Paula Beer) se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz (Anton von Lucke), mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien (Pierre Niney), est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. Cette présence à la suite de la défaite allemande va provoquer des réactions passionnelles dans la ville.

Entretien avec François Ozon relevé dans le dossier de presse.

D’où est venu le désir de réaliser Frantz ?


Dans une époque obsédée par la vérité et la transparence, je cherchais depuis longtemps à faire un film sur le mensonge. En tant qu’élève et admirateur d’Eric Rohmer, j’ai toujours trouvé les mensonges très excitants à raconter et à filmer. Je réfléchissais donc autour de cette thématique quand un ami m’a parlé d’une pièce de théâtre de Maurice Rostand, écrite juste après la Première Guerre mondiale. En me renseignant un peu plus sur cette pièce, j’apprends qu’elle a été adaptée au cinéma en 1931 par Lubitsch sous le titre Broken Lullaby. Ma première réaction a été de laisser tomber. Comment passer après Lubitsch ? !

Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?


La vision du film de Lubitsch m’a rassuré, car il est très proche de la pièce et adopte le même point de vue, celui du jeune Français. Mon désir au contraire était d’être du point de vue de la jeune fille, qui comme le spectateur ne sait pas pourquoi ce Français vient sur la tombe de son fiancé. Dans la pièce et le film, nous savons dès le début son secret, après une longue scène de confession auprès d’un prêtre. Finalement ce qui m’intéressait, c’était plus le mensonge que la culpabilité. Le film de Lubitsch est magnifique, à revoir dans le contexte pacifiste et idéaliste de l’après-guerre. J’ai d’ailleurs gardé certaines scènes qu’il a créées en adaptant la pièce. C’est son film le plus méconnu, son unique film dramatique – et aussi son plus gros échec. Sa mise en scène est comme d’habitude admirable et pleine d’inventivité mais en même temps, c’est le film d’un cinéaste américain, d’origine allemande, qui ne sait pas qu’une Seconde Guerre mondiale se profile et qui veut faire un film optimiste de réconciliation. La guerre de 14-18 avait été un tel massacre que beaucoup de voix politiques et artistiques, aussi bien en France qu’en Allemagne s’étaient élevées pour défendre un idéal pacifiste : "Plus jamais ça".

Mon point de vue en tant que Français, n’ayant connu aucune des deux guerres, allait forcément être différent.

Vous avez donc rajouté toute une seconde partie à l’histoire originale.


Dans la pièce et le film de Lubitsch, le mensonge n’est pas révélé aux parents, le Français est accepté dans la famille, il prend la place du mort, il joue du violon pour eux et tout se termine bien. Dans mon film, Adrien essaye aussi de s’intégrer à la famille mais à un moment, le mensonge et la culpabilité sont trop forts et il révèle tout à Anna. Et contrairement au film de Lubitsch, Anna ne peut l’accepter qu’à la suite d’un long parcours initiatique. D’où cette seconde partie, qui s’ouvre sur le départ d’Adrien et la dépression d’Anna.

Contrairement aux mélos classiques, Adrien ne tombe pas amoureux d’Anna. En tout cas, il n’est pas prêt à l’assumer…


Anna et Adrien partagent la mort de Frantz, mais peuvent-ils pour autant partager des sentiments amoureux ? Elle le pense dans un premier temps, puis face à la vérité, cela lui semble impossible. Finalement, elle finit par y croire à nouveau, jusqu’à ce qu’elle se retrouve face une autre réalité en France.

Ce qui est beau chez Anna, c’est son aveuglement, elle sait ce qu’a fait Adrien, mais sa vraie souffrance est de ne pas assumer son désir pour lui – et finalement elle part le rejoindre, veut croire à leur amour malgré tout. Adrien en revanche ne sait pas où est son désir.

J’avais envie de jouer sur des thématiques classiques du mélodrame comme l’idée de la culpabilité et du pardon pour ensuite bifurquer sur une désynchronisation des sentiments.

À force de s’inventer une amitié avec lui, on se dit qu’Adrien apprivoise une forme de désir pour Frantz…


Comme Anna le dit à la mère d’Adrien : "Ce n’est pas moi qui tourmente votre fils, madame, c’est Frantz." Frantz, en tant que soldat allemand, mais aussi en tant que double de lui-même, en tant qu’ami ou amant potentiel…

"N’ayez pas peur de nous rendre heureux",

dit la mère à Adrien avant qu’il ne commence à jouer du violon…


Les parents ont un tel désir d’accueillir Adrien, de croire à cette fiction d’amitié franco-allemande, à la possibilité qu’il puisse prendre la place de leur fils disparu, qu’ils acceptent inconsciemment le mensonge. Tout se joue sur un malentendu auquel Adrien s’abandonne. Et c’est une manière pour lui d’apprendre à connaître Frantz, de leur faire du bien à eux et à lui-même. Un mensonge réparateur. Ce qui est fréquent dans toutes les histoires du deuil : on prend du plaisir et on a besoin de reparler de la personne disparue tout en l’idéalisant. Pour Adrien, leur procurer ce plaisir est une manière aussi de calmer pour un instant sa propre culpabilité.

Adrien est un personnage complexe…


Adrien est un jeune homme très tourmenté et perdu. Perdu dans ses désirs, dans sa culpabilité, dans sa famille. Au début, on en sait peu sur lui, il est assez mystérieux. Et plus le film avance, plus il se révèle décevant aux yeux d’Anna. Le traumatisme de la guerre l’a laissé dans une forme d’impuissance, il manque de courage et se morfond dans une névrose qu’il ne peut dépasser. Son obsession ou son amour pour Frantz sont devenus mortifères et il ne souhaite pas s’en extraire.

D’une certaine manière, c’est quand Adrien part d’Allemagne qu’Anna commence vraiment à faire son deuil de Frantz : elle dépose un portrait de lui sur sa sépulture, tombe en dépression…


Jusque-là, Anna a tenu pour les parents de Frantz. Le père lui dit à un moment : "Merci de nous avoir soutenus, maintenant c’est à nous de t’aider." Mais avec le mensonge et le départ d’Adrien, c’est comme si toute la douleur remontait, elle revit l’abandon de manière encore plus cruelle. Peut-être aussi parce qu’il s’est incarné de manière plus érotique avec Adrien.

Plus qu’un travail de deuil et de pardon, c’est la découverte et l’apprentissage de l’amour qui sont davantage en jeu pour Anna…


Le scénario du film est construit comme un Bildungsroman, comme un roman d’apprentissage. Il ne nous emmène pas dans un monde de rêve ou d’évasion mais il suit l’éducation sentimentale d’Anna, ses désillusions par rapport à la réalité, au mensonge, au désir, à la manière d’un conte initiatique. Anna était destinée à Frantz, c’était un amour romantique, de jeunesse, peut-être de convenance, sans doute jamais consommé. Mais cet élan a été brisé. Et un autre prince charmant arrive soudain miraculeusement, plus passionnel. Il n’est toujours pas la bonne personne, mais elle fera grâce à lui un apprentissage des grands événements de toute existence (la mort, l’amour, la haine, l’altérité…).

Le début du film se concentre sur Anna, que l’on regarde déambuler entre la tombe de Frantz et sa maison…


J’aime beaucoup filmer les trajets, c’est une manière concrète d’incarner l’idée du parcours des personnages et de placer le film et les protagonistes dans un lieu géographique. C’était important de montrer cette petite ville allemande, ces trajets de la maison jusqu’au cimetière, puis jusqu’au Gasthaus.

Regarder ce trajet, c’est s’interroger sur le personnage, comprendre son cheminement. Au départ, Anna fait un peu du sur place, elle n’arrête pas de tourner en rond dans cette petite ville. Pour ensuite aborder le grand voyage qui l’amène en France et lui fait traverser les apparences…

On retrouve dans Frantz beaucoup de vos thématiques – le deuil de Sous le sable, le plaisir ambigu de raconter des histoires de Dans la maison, l’éducation sentimentale d’une jeune femme comme dans Jeune & Jolie… Mais en même temps, vous explorez beaucoup de nouvelles choses.


Inconsciemment, plusieurs de mes obsessions sont peut-être là. Mais les aborder dans une autre langue, avec d’autres acteurs, dans d’autres lieux que la France, oblige à se renouveler et j’espère qu’elles prennent ainsi une nouvelle force, une nouvelle dimension. Il y avait beaucoup de défis excitants à relever dans ce film, je n’avais jamais filmé la guerre, des combats, une petite ville allemande, Paris en noir et blanc, en allemand…
Une des choses les plus importantes pour moi était de raconter cette histoire du point de vue allemand, du côté des perdants, de ceux qui sont humiliés par le traité de Versailles et raconter que cette Allemagne-là est aussi le terreau d’un nationalisme naissant.

Déjà avec Gouttes d'eau sur Pierres brûlantes , adapté de Fassbinder, on sentait votre intérêt pour l’Allemagne…


L’Allemagne est le premier pays étranger que j’ai découvert enfant et j’en ai gardé une certaine fascination, ainsi qu’un intérêt constant pour sa langue, son histoire et sa culture. Depuis longtemps j’avais envie de raconter le côté fraternelde ces deux peuples européens, l’amitié qui peut les lier, et ce film en était la parfaite occasion.
Je me débrouille suffisamment en allemand pour tenir une conversation et diriger une équipe. Ensuite, j’ai fait confiance aux acteurs, je leur ai demandé de l’aide et des conseils pour les dialogues. Ils étaient très coopérants.

Comment avez-vous envisagé la reconstitution historique ?


Très différemment de celle d’Angel, où je cherchais à reconstituer le monde de cette jeune fille, tel qu’elle le rêve. Pour Frantz, je n’avais pas cette volonté de stylisation, au contraire il fallait être ancré dans un réalisme fort. Cette période est idéale car nous avons accès à beaucoup de documents photographiques et cinématographiques. Mais très vite, je me suis rendu compte que je n’avais pas le budget nécessaire pour une reconstitution aussi précise que je le souhaitais. En repérages, avec Michel Barthélémy, le chef décorateur, nous trouvions des décors intéressants mais qui nécessitaient des interventions trop onéreuses. Et un jour, j’ai eu l’idée de passer nos photos de repérages en noir et blanc. Miraculeusement tous nos décors fonctionnaient parfaitement et grâce au noir et blanc nous gagnions paradoxalement en réalisme et en véracité, puisque toutes nos références de cette époque étaient en noir et blanc. Ce fut un choix artistique et économique difficile à faire accepter à la production, mais finalement je crois que le film y gagne beaucoup.

D’où est venue l’idée d’injecter des touches de couleurs à certains moments ?


Travailler en noir et blanc pour la première fois était un défi excitant, mais en même temps un crève-coeur, car ma pente naturelle m’a toujours fait pencher vers la couleur et le technicolor. Il me semblait donc difficile d’y renoncer pour certains décors et certaines scènes. Notamment pour la scène de promenade dans la nature, qui faisait référence à la peinture romantique allemande de Caspar David Friedrich. J’ai donc décidé d’utiliser la couleur comme un élément de mise en scène et de l’intégrer aux scènes de "flash back", de mensonges ou de bonheur, comme si la vie revenait soudain dans cette période de deuil, et tel le sang qui coule dans les veines, la couleur viendrait irriguer les plans en noir et blanc du film.

Où avez-vous tourné la partie allemande ?


Nous avons tourné en plein centre de l’Allemagne, à environ 200 kilomètres de Berlin, à Quedlinburg et à Wernigerode pour la petite ville - et à Görlitz, à la frontière polonaise, pour le cimetière. En fait, ce sont des lieux de l’ex-RDA qui sont presque restés dans leur jus et n’ont pas été trop détruits ou trop rénovés au contraire des villes de l’Ouest.


Comment avez-vous trouvé Paula Beer ?


J’ai fait un casting en Allemagne, rencontré beaucoup de jeunes comédiennes. Dès que j’ai vu Paula, j’ai trouvé qu’elle avait quelque chose de mutin et en même temps de très mélancolique. Elle était très jeune, 20 ans, mais il y avait une maturité dans son jeu. Elle pouvait à la fois incarner l’innocence d’une jeune fille et la force d’une femme. Sa palette de jeu est très large, elle incarne tout de suite les choses et puis elle a une photogénie incroyable.

Paula Beer

Et le choix de Pierre Niney ?


J’avais remarqué sa vivacité et son charme lunaire dans J’aime regarder les filles. Et je l’avais également apprécié au théâtre, à la Comédie Française, et dans le rôle d’Yves Saint-Laurent. Pierre est un grand acteur de composition, capable de jouer sur plusieurs registres, notamment la comédie dont il a naturellement le rythme, mais il est aussi à l’aise dans un registre plus dramatique et tourmenté, ce qui était important pour incarner Adrien. Il a aussi cette qualité, que peu d’acteurs masculins ont à son âge, de ne pas avoir peur de mettre en avant sa féminité, sa fragilité, ses failles jusque dans sa voix et dans sa manière de bouger.

Comment avez vous choisi les parents allemands ?


J’avais repéré Ernst Stötzner, qui joue le père, dans un film d’Hans-Christian Schmid. J’aime beaucoup son visage et l’autorité naturelle qu’il dégage dans sa prestance et sa voix. Avec sa barbe blanche, il représente la loi, la rigueur et la sévérité allemande. En le voyant en noir et blanc, j’avais l’impression parfois d’avoir en face de moi un acteur de Dreyer ou Max von Sydow dans un film de Bergman.
Pour le rôle de la mère il me fallait, pour compenser la droiture et la raideur du père, une actrice aux antipodes, qui puisse dégager une chaleur maternelle, plus humaine, plus latine. Marie Gruber a été une vraie révélation lors du casting, j’aid’abord aimé sa voix, puis son humanité, son tempérament et son regard, qui me faisaient penser à Giulietta Masina.

Et Johann von Bülow dans le rôle de Kreutz ?


Il a le rôle ingrat du "méchant" du film. Il représente cette petite bourgeoisie allemande nationaliste qui se sent humiliée et rêve de revanche. En même temps, il est amoureux d’Anna et il souffre de son rejet. Johann était parfait, car il a une grande finesse de jeu et d’ambiguïté pour amener ces deux choses à la fois, sans tomber dans la caricature.

Et pour jouer la mère d’Adrien ?


Je voulais une très belle femme pour incarner cette femme aristocratique, qui a un côté araignée et mère castratrice. On sent qu’elle a tissé sa toile, qu’elle manipule son entourage, qu’elle n’est dupe de rien et qu’elle veut garder à tout prix son fils pour elle, l’éloigner de l’"Allemande". Cyrielle Clair était parfaite pour incarner, sous une élégance naturelle et une froideur apparente, l’aspect monstrueux de cette mère incestueuse.

Fanny, la fiancée d’Adrien a un petit côté suffragette…


Fanny est un personnage ambigu, on ne sait pas sur quel pied danser avec elle. Sous des apparences de fragilité et d’amabilité, elle sait ce qu’elle veut : garder elle aussi Adrien. Elle a du caractère, elle est habillée, coiffée de façon beaucoup plus moderne, très garçonne. Face à elle, Anna se sent comme une campagnarde, encore plus étrangère, renvoyée à son côté "petite Allemande". Le film s’est construit beaucoup en miroir, il joue sur les contrastes entre Anna et Fanny, la France et l’Allemagne, la maison de Frantz et le château d’Adrien, les chants patriotiques des deux pays, etc…

Et la musique de Philippe Rombi ?


Tout le début du film, il y a une austérité, aussi bien dans la mise en scène que dans l’utilisation de la musique, très peu présente et discrète, jouant sur des tensions dramatiques. Peu à peu, le romanesque arrive, avec l’histoire d’amour qui naît, les espoirs d’Anna, puis ses désillusions. La musique suit son trajet, avec de rares bouffées de romantisme dans l’esprit des compositeurs de l’époque comme Mahler et Debussy.

Et le prénom Frantz qui donne son titre au film ?


C’est venu naturellement, tel un écho, qui sonne comme France…
En allemand, le prénom s’écrit sans "t", c’est une faute très française qui amusait et charmait les Allemands, ce qui m’a encouragé à ne pas la corriger. Je me suis raconté que c’était Frantz qui avait rajouté ce "t ", car il est un grand francophile.

À la fin du film, Anna perpétue le mensonge pour protéger les parents de Frantz mais elle en a fini avec les faux semblants et accède à cette autre forme de mensonge qu’est l’art en contemplant Le Suicidé de Manet…


Il était important pour moi de terminer sur ce tableau. L’art est aussi un mensonge, un moyen de supporter la souffrance. Mais c’est un mensonge plus noble, virtuel, qui peut nous aider à vivre.
Dans la pièce de Rostand, on parle d’un tableau de Courbet, avec un garçon à la tête renversée en arrière. J’ai cherché dans les peintures de Courbet, mais je n’ai trouvé que des oeuvres trop romantiques, qui n’étaient pas assez violentes à mon goût. Et puis, en faisant des recherches sur des représentations de morts, je suis tombé sur ce tableau très méconnu de Manet, "Le Suicidé", d’une modernité incroyable. Après l’avoir montré en noir et blanc, je tenais à le révéler dans toutes ses couleurs, particulièrement le rouge du sang, qui tache la chemise blanche du suicidé. Brusquement, il prend toute sa force et sa puissance et il permet de se remémorer tout le drame qui s’est joué, de repenser à Frantz et à Adrien.
Et à toute cette époque morbide de l’après-guerre, avec deux millions de morts en France et trois millions en Allemagne, dont les survivants sont rentrés mutilés, traumatisés, tentés par le suicide.
Pour moi, ce poids de l’Histoire était très important, il fallait qu’Anna se retrouve face à ce tableau qui y fait écho – même si, en réalité, ce tableau datant de 1881 évoque un acte passionnel. Enfin les choses sont claires, à distance, projetées devant elle.

"Il me donne envie de vivre", dit Anna en le regardant…


J’aime ce paradoxe : face à ce tableau d’un suicidé, elle a enfin traversé le miroir, malgré la guerre, les drames, les morts, les mensonges… Elle a grandi, surmonté des épreuves, parcouru un long trajet et acquis une grande force. À travers Frantz et Adrien, elle a fait le deuil d’un amour perdu et le deuil d’un amour fantasmé. Peut-être sera-t-elle maintenant capable d’aimer et de rencontrer la bonne personne.

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Mon opinion

François Ozon avait "envie de jouer sur des thématiques classiques du mélodrame comme l’idée de la culpabilité et du pardon pour ensuite bifurquer sur une désynchronisation des sentiments."

Son scénario parfaitement écrit est astucieux, inattendu et d'une grande dextérité. La mise en scène est tout aussi parfaite. Il est aisé de se laisser porter par cette histoire qui entraîne le spectateur vers différentes voies, et autant de questionnements jusqu'à la toute fin du film.

La réalisation, d'une grande justesse, fait preuve d'une maîtrise absolue.

Un autre point fort, un casting remarquable tant au niveau des acteurs allemands que français. Dans une simple participation Cyrielle Clair est parfaite "sous une élégance naturelle et une froideur apparente et l’aspect monstrueux de cette mère incestueuse" tel est son rôle défini par le réalisateur. L'excellent Pierre Niney, incarne son fils, jeune homme tourmenté, étouffé par la culpabilité.

Largement mérité le prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune espoir pour Paula Beer, à la Mostra 2016. Une magnifique révélation. Avec son incroyable charisme et ce talent certain, elle émeut du tout début à la dernière image.

Frantz est un très beau film, fort et émouvant.