Ben-Hur (Critique l 2016) réalisé par Timur Bekmambetov

Ben-Hur (Critique l 2016) réalisé par Timur Bekmambetov

Synopsis : " Ben-Hur retrace l'histoire épique de Judah Ben-Hur, un prince accusé à tort de trahison par Messala, son frère adoptif, officier de l'armée romaine. Déchu de son titre, séparé de sa famille et de la femme qu'il aime, Judah est réduit à l'esclavage. Après des années en mer, Judah revient sur sa terre natale dans le but de se venger. Il va y rencontrer son destin. "

Est-ce qu'à partir du pitch d'un film, on peut d'ores et déjà se faire une idée de ce que l'on va découvrir ? Et par conséquent savoir si l'on va passer un bon moment ? Pour Ben-Hur, la réponse est oui ! Pitch pathétique, film rébarbatif.

Depuis que je suis tout petit, Noël marquait la diffusion sur FR3 (oui on ne disait pas encore France 3 à l'époque) de trois films : Les Dix Commandements, Autant en Emporte le Vent ou Ben-Hur. Forcément vu et revu, le film de William Wyler avec Charlton Heston a laissé une marque bien précise dans mon imaginaire. Quelle ne fut pas ma surprise quand j'ai entendu parler de ce remake ! C'est comme si on voulait remettre au goût du jour La Planète des Singes (avec déjà Charlton Heston)... trop risqué ! Ah mais on me dit dans l'oreillette que Tim Burton l'a fait avec l'échec que l'on sait. Revenons-en à ce Ben-Hur sauce 2016, si vous le voulez bien. À la réalisation : Timur Bekmambetov. Nightwatch et Baywatch, ses premières productions sont deux sommets de l'horreur, de la narration et de la virtuosité des images. Et lorsqu'il traversa l'Atlantique pour mettre en scène Wanted avec Angelina Jolie et James McAvoy, il était clair que cette patte ne l'avait pas quitté. Bekmambetov est capable du meilleur et du pire : Abraham Lincoln, chasseur de vampires ... malheureusement ! Et ici ? Ici, ce sera le " pas top "... je pense que l'on pourra faire pire cette année au cinéma.

Pourquoi le " pas top " ? Simplement parce que s'il est compliqué de faire oublier le Ben-Hur original, il est aussi incroyable de voir qu'en 2h04, le réalisateur arrive à massacrer les 3h32 de la version initiale et du livre de Lew Wallace. Et de fait, le film souffre d'un scénario aux nombreux trous chronologiques pour permettre à l'histoire de gagner en rythme. Mais cela ne fonctionne pas, car malgré les prouesses équestres du début, du milieu et de la fin du film, l'histoire ne décolle que trop rarement. Les scènes d'ouverture pour installer les personnages sont beaucoup trop longues. De plus, le scénario prend également quelques libertés quant au roman et à l'original de 1959 : Ben-Hur et Messala sont désormais des frères et non plus des amis. La pierre qui devrait tuer le gouverneur devient une flèche... j'en passe et des meilleurs. Il ne faudrait pas trop spoiler.

Ben-Hur (Critique l 2016) réalisé par Timur BekmambetovBen-Hur (Critique l 2016) réalisé par Timur Bekmambetov

Est-ce que le casting pourrait sauver l'entreprise du réalisateur ? Si les acteurs semblent investis, en effet à part la scène quasi finale, ils sont dans la mesure plutôt que la démesure, on est en droit de se poser des questions quant au choix vestimentaires et capillaires des héros. Les costumes sont tout droit sortis d'une fashion week dont la thématique serait " quand le XXIe siècle rencontre l'Antiquité ". On est par moment en droit de se demander si le film est bien situé à l'époque romaine... et je ne parlerai pas ici des décors qui sont trop souvent irréalistes comme ce cirque construit à même la roche d'une montagne. Mais le pire vient des coiffures des acteurs quand Jack Huston opte pour la première paire de ciseaux qui lui offre une coiffure impeccable, on retrouve Morgan Freeman en digne héritier de Bob Marley.

Sans mauvais de jeu de mots, Timur Bekmambetov vient d'inventer le remake/biopic soit deux films pour le prix d'un ! Il ne manquait plus que la musique reggae pour couronner le tout. Cela aurait été parfait. La musique... heureusement qu'elle est présente, car elle souligne les tensions de l'histoire, même si parfois elle est un peu trop appuyée. Reste que les acteurs font le job bien souvent et heureusement pour sauver le film du naufrage ( Jack Huston et Nazanin Boniadi au premier plan). Et la course de chars me direz-vous ? Célébrée sur Allociné comme " la séquence (dont) on parlera durant des décennies ", je pense qu'on en parlera pour son manque de réalisme par moment. Si bien entendu, il faut à la fois faire attention aux chevaux et aux hommes, de nombreux plans sont tout droit sortis de l'ordinateur et cela se voit ! Quant à certains effets de caméra, une caméra sportive 4G a été utilisée pour une sensation plus immersive, cela ne doit avoir un effet que lorsque l'on regarde le film 3D. La course de chars, même si elle vous donnera quelques frissons, ne restera pas dans les annales du cinéma tant beaucoup mieux a pu être fait.

Reste le message : la tolérance, le pardon, la religion... joli mélange pour remettre le christianisme au centre d'Hollywood. Message qui dit de pardonner à son prochain, qui la place comme seule religion de l'amour : supérieure à la religion païenne des Romains de l'Antiquité et au judaïsme... au point d'en faire la seule religion pour laquelle il faudrait se battre : en ce sens, les apparitions de Jésus (interprété par Rodrigo Santoro que l'on a connu plus investi) sont à la limite de la drôlerie... et je vous épargne le final où le maître mot devra être le pardon ou l'abandon (ainsi, je ne vous révèle rien) au point d'en faire la scène la plus ridicule du film.

En Conclusion :
Ben-Hur (Critique l 2016) réalisé par Timur Bekmambetov

À force de vouloir commettre des remakes pour que les plus jeunes découvrent les classiques, Hollywood se plante totalement. Malgré quelques jeux de lumière intéressants et de trop rares scènes convaincantes, Ben-Hur peine à se démarquer d'une production lambda pour devenir le film à grand spectacle tant attendu. Porté par un scénario en forme de gruyère, le film déçoit énormément et devient par moment risible, tout en noyant le message religieux du pardon dans des débauches d'images de synthèse. Si les studios utilisaient leurs deniers pour simplement remettre en avant les classiques de l'âge d'or avec une campagne publicitaire qui inciterait les plus jeunes à découvrir les pépites du passé plutôt que d'attendre en vain, le remake, le reboot ou la sequel !

Commentaires Facebook