Le Monstre Qui Vient de l'Espace (Le "Frankenstein de l'espace")

Par Olivier Walmacq

Genre : horreur (interdit aux - 18 ans au moment de sa sortie, interdit aux - 16 ans aujourd'hui)
Année : 1977
Durée : 1h24

Synopsis : La mission spatiale Scorpion V, lancée vers les anneaux de Saturne, connait un accident inexpliqué. Son seul survivant est l'astronaute Steve West, gravement blessé, qui s'échappe de l'hôpital en massacrant une infirmière : il se décompose vivant, laissant ici un œil, là une oreille et ne peut survivre qu'en se nourrissant de chair humaine

La critique :

Producteur et cinéaste américain, Roger Corman s'est surtout spécialisé dans les films d'exploitation. C'est ainsi qu'il devient et s'affirme comme le "pape" du cinéma bis. En tant que réalisateur, on lui doit notamment L'attaque des crabes géants (1957), Teenage Cave Man (1958), Mitraillette Kelly (1958), La petite boutique des horreurs (1960), ainsi que de nombreuses adaptation d'Edgar Poe (entre autres, La chambre des tortures, Le Corbeau et Le masque de la mort rouge).
Son crédo ? Des productions anomiques et rentables tournées en 48 ou 72 heures grand maximum ! Parallèlement, Roger Corman forme plusieurs cinéastes qui vont devenir célèbres par la suite. Jonathan Demme, Ron Howard, James Cameron, Joe Dante, Martin Scorsese et Francis Ford Coppola deviennent ses dignes épigones.

Passionné par l'horreur et la science-fiction, Roger Corman décide de lancer un certain William Sachs derrière la caméra de The Incredible Melting Man, sorti en 1977. En France, le film sort sous le nom de Le Monstre Qui Vient de L'Espace et écope d'une interdiction aux moins de 18 ans. A l'époque, le public et la censure sont vivement impressionnés par les maquillages conçus par Rick Baker et surtout par l'histoire de ce spationaute qui se délite, laissant apparaître un corps en lambeaux.
La distribution du film réunit Alex Rebar, Burr DeBenning, Myron Healey, Ann Sweany, Lisle Wilson et Jonathan Demme (le futur réalisateur du Silence des Agneaux). 
Attention, SPOILERS ! La mission spatiale Scorpion V, lancée vers les anneaux de Saturne, connait un accident inexpliqué. 

Son seul survivant est l'astronaute Steve West, gravement blessé, qui s'échappe de l'hôpital en massacrant une infirmière. Il se décompose vivant, laissant ici un œil, là une oreille et ne peut survivre qu'en se nourrissant de chair humaine. En vérité, le script de The Incredible Melting Man est un quasi remake de Le Monstre, réalisé par Val Guest en 1955, et première aventure (au cinéma) du Professeur Bernard Quatermass. Déjà à la base, le long-métrage de Val Guest ne brillait pas vraiment par sa finesse ni par sa sagacité. Le Monstre qui vient de l'espace justifie surtout son visionnage pour les maquillages de Rick Baker, il est vrai, fort impressionnants.
Mais pour le reste, le film de William Sachs se révèle beaucoup trop conventionnel, laconique et prévisible pour susciter l'intérêt sur sa courte durée (à peine une heure et 25 minutes de bobine).

En outre, le voyage spatial, fatal à une équipe d'astronautes, est rapidement éludé par William Sachs. Seul Steve West, spationaute aguerri, revient vivant de cette petite escapade "saturnienne". Hospitalisé, l'homme est grièvement blessé et défiguré. Le diagnostic médical est sans appel. Steve West est condamné à exhaler son dernier soupir dans les heures qui viennent. Son corps va peu à peu se décomposer, ne laissant qu'un agrégat de sang et de chairs putrescentes.
Qu'à cela ne tienne, Steve ne tarde pas à se réveiller. Furibond et vindicatif, il s'attaque à l'équipe médicale. Pis, pour survivre et se regénérer, l'homme a besoin de victuailles humaines. C'est probablement ce dernier aspect qui explique (sans doute) l'interdiction aux moins de 18 ans. 

Toutefois, rien de très abominable non plus. En outre, l'interdiction sera revue à la baisse (donc aux moins de 16 ans) par la suite. En l'état, malgré la profusion de sauce tomate et de quelques effets gores bien sentis, le film mérite (tout au plus) une interdiction aux moins de 12 ans. Certes, le monstre humain suscitera bel et bien quelques cris d'orfraie, notamment d'une gamine effrayée par l'allure turpide et méphitique de la créature. De retour chez elle, la fillette hurle alors à sa mère : "Maman, je viens de voir un Frankenstein de l'espace !". Pour le reste, pas grand-chose à signaler au tableau de bord.
En vérité, The Incredible Melting Man ne parvient jamais (ou presque...) à transcender son sujet. Désormais prosaïque et obsolète, le long-métrage a bien souffert du poids des années. 
Surtout, il est victime d'un schéma narratif beaucoup trop archaïque : un accident spatial, un scientifique réduit à l'état de cacochyme ambulant, des crimes épouvantables, une once de cannibalisme, un simulacre d'enquête policière puis l'affrontement inévitable dans une centrale électrique.
Au risque de me répéter, le film justifie surtout son visionnage pour ce corps humain en putréfaction. Bref, une série B absconse et à réserver aux férus du cinéma bis et encore... Chronique courte aujourd'hui, mais sincèrement, je ne vois pas quoi dire de plus sur ce film.

Note : 07/20

 Alice In Oliver