Resurrection County ("Connards de touristes !")

Par Olivier Walmacq

Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2008
Durée : 1h35

Synopsis : Tommy et Lucy, frères et sœurs, décident d’aller faire du camping dans les bois avec leurs compagnons de vie respectifs. Ils se retrouvent tous les quatre, un peu perdus et agacés, dans la ville d’Enoch, au sud des Etats-Unis. Tant qu’à y être déboulé de la sorte, pourquoi ne pas y camper ? Ils découvriront rapidement pourquoi il ne valait mieux pas, à leur rencontre avec la paysannerie aux idées arriérées qui peuple la fameuse Enoch. Ceux-ci n’apprécient pas particulièrement les étrangers. Malheureusement, les choses vont rapidement s’envenimer et nos protagonistes devront bagarrer fort pour se sortir vivants de là

La critique :

Depuis le milieu des années 2000 et surtout avec le succès inattendu de Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006), le torture porn s'est littéralement démocratisé au cinéma et par l'intermédiaire de la vidéo. Un marché rentable pour des productions souvent faméliques. De surcroît, la plupart de ces longs-métrages se transmutent en de longues sagas horrifiques, souvent fastidieuses.
Une longue décrépitude à laquelle viennent s'ajouter Détour Mortel, The Human Centipede et Massacre à la Tronçonneuse. Parallèlement, d'autres films tentent de provoquer les anathèmes, le scandale et la polémique. C'est par exemple le cas de Resurrection County, réalisé par Matt Zettel en 2008, qui signe ici son tout premier long-métrage. L'homme est donc inconnu au bataillon.

Ses références ? Toujours la même antienne : Délivrance (John Boorman, 1972), Les Chiens de Paille (Sam Peckinpah, 1971) et La Colline A Des Yeux (Wes Craven, 1977). Resurrection County n'a pas bénéficié d'une sortie dans les salles obscures. Le film a dû se contenter d'une sortie discrète en DTV direct-to-video). Néanmoins, le long-métrage s'est distingué dans différents festivals, sans néanmoins susciter la controverse et les acrimonies.
Nanti d'un budget anomique, Resurrection County n'a pas pour ambition de renouveler le genre. Autant le dire tout de suite. Le métrage s'inscrit dans la logique et le sillage des derniers tortures porn du moment. 
Par conséquent, inutile de rechercher la moindre once d'originalité. Resurrection County est-il pour autant la catastrophe annoncée ? Réponse dans les lignes à venir... 

La distribution du film ne réunit pas des acteurs très populaires, à moins que vous connaissiez les noms de Dayton Knoll, Adam Huss, Kathryn Michelle, Robert Miano et Jake Bartol ; mais j'en doute... Quant au scénario, peu ou prou de surprises au programme. Le script est assez sommaire et de facture conventionnelle. Attention, SPOILERS ! (1) Tommy et Lucy, frères et sœurs, décident d’aller faire du camping dans les bois avec leurs compagnons de vie respectifs.
Ils se retrouvent tous les quatre, un peu perdus et agacés, dans la ville d’Enoch, au sud des Etats-Unis. Tant qu’à y être déboulé de la sorte, pourquoi ne pas y camper ? Ils découvriront rapidement pourquoi il ne valait mieux pas, à leur rencontre avec la paysannerie aux idées arriérées qui peuple la fameuse Enoch.
Ceux-ci n’apprécient pas particulièrement les étrangers. Malheureusement, les choses vont rapidement s’envenimer et nos protagonistes devront bagarrer fort pour se sortir vivants de là
. (1) 
A priori, Resurrection County réunit tous les ingrédients (histoire stéréotypée et personnages caricaturaux) pour ennuyer sur sa courte durée (à peine une heure et 35 minutes de bobine).
Le film pourrait également s'apparenter à une sorte de ripopée entre Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), La Colline A Des Yeux (que j'ai déjà cité) et Détour Mortel (déjà mentionné lui aussi). 
Lorsque des touristes rencontrent des sudistes tortionnaires et fallacieux... Un scénario pour le moins retors et amphigourique qui brille surtout par son inanité et sa vacuité... 

Et pourtant, malgré un script assez redondant, Resurrection County parvient à capter son audimat. Certes, Matt Zettel n'a pas inventé "l'eau chaude" (façon de parler...), mais le réalisateur se montre plutôt inventif et ingénieux derrière la caméra. Au moins, le cinéaste ne prend pas son public pour un imbécile et délivre plusieurs séquences de meurtres solidement troussées. Une fois le décor posé (la forêt du coin...), le film happe littéralement le spectateur à la gorge.
Contrairement à la plupart des tortures porn actuels, qui recherchent avant tout le choc et le twist final déroutant, Resurrection County vise surtout l'efficacité. Clairement, Matt Zettel ne s'embarrasse pas avec la psychologie de ses personnages. Le réalisateur a le mérite de se détacher rapidement de ses principaux protagonistes pour se focaliser davantage sur ses bourreaux, peu avenants, il faut bien le dire.

L'atout majeur de Resurrection County consiste à nous présenter une communauté de bouseux sournois, turpides et perfides englués dans leurs valeurs sudistes, religieuses et xénophobes. Les touristes ne sont donc pas les bienvenus dans cette contrée reculée et perdue de l'Amérique. Sur ce dernier point, Ressurection County n'est pas sans rappeler 2000 Maniacs (Hershell Gordon Lewis, 1964), une autre référence du cinéma trash. Côté torture, Matt Zettel délivre largement la marchandise.
Nos chers campagnards azimutés ne font pas de prisonniers. Ou alors, c'est pour mieux les ligoter, les violer, les supplicier, les pendre ou les carboniser. 
Certes, niveau gore, le film élude tout excès d'effusions sanguinaires. Toutefois, l'interdiction aux moins de 16 ans est totalement justifiée. Bref, on tient là un torture porn dans la moyenne habituelle et même supérieur à certains remakes infatués. Que dire de plus ?

Note : 11.5/20

 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.horreur-web.com/resurrectioncounty.html