Eden Lake (Les révoltés de l'an 2000)

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Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2008
Durée : 1h31

Synopsis : Jenny est maîtresse d'école. Son petit ami et elle quittent Londres pour passer un week-end romantique au bord d'un lac. La tranquillité du lieu est perturbée par une bande d'adolescents bruyants et agressifs qui s'installent avec leur Rottweiler juste à côté d'eux.A bout de nerfs, ces derniers leur demandent de baisser le son de leur radio. Grosse erreur ! 

La critique :

Ce n'est pas la première fois que les enfants et/ou les adolescents s'immiscent dans le cinéma horrifique. Dès 1960, Le Village des Damnés (Wolf Rilla) se focalise sur une petite communauté assaillie par des enfants blondinets dotés d'étranges pouvoirs télépathiques. Impression confirmée quelques années plus tard, avec Rosemary's Baby (Roman Polanski, 1968) et son jeune moutard, qui n'est autre que l'incarnation de l'Antéchrist. Nos jeunes bambins deviennent peu à peu les démiurges et les annonciateurs de nos temps funestes et même de l'Apocalypse.
L'Exorciste (William Friedkin, 1973) et La Malédiction (Richard Donner, 1976) obliquent dans cette direction ténébreuse. Toujours en 1976, Narciso Ibanez Serrador réalise Les Révoltés de l'An 2000, soit l'histoire de jeunes enfants qui ont massacré la majorité des adultes sur une île perdue.

Le cinéaste espagnol s'est approprié le roman de William Golding, Sa Majesté des Mouches, par ailleurs adapté au cinéma dès 1963, par les soins de Peter Brook. Que ce soit le film et/ou l'opuscule original, ils marquent une rupture rédhibitoire entre le monde adulte et l'univers enfantin. Surtout, ils préfigurent à la fois la fin de la Seconde Guerre Mondiale et l'avènement de la société consumériste.
Indubitablement, Les Révoltés de l'An 2000 et Sa Majesté des Mouches restent les influences majeures de James Watkins pour Eden Lake, sorti en 2008. Mais le film n'est pas sans rappeler (non plus) certains survival et thrillers des années 1970, notamment Délivrance (John Boorman, 1972) et Les Chiens de Paille (Sam Peckinpah, 1971). En l'occurrence, Eden Lake est la toute première réalisation de James Watkins.

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Mais le cinéaste est loin d'être un débutant derrière la caméra. Il a déjà participé à la production et au montage de plusieurs films d'horreur, entre autres My Little Eye (2002) et Gone (2007), totalement méconnus et inédits en France. La distribution d'Eden Lake réunit Kelly Reilly, Michael Fassbender, Jack O'Connell, Thomas Turgoose, James Burrows et Thomas Gill.
Il est assez surprenant de retrouver Kelly Reilly dans ce casting. En effet, l'actrice n'est pas vraiment une grande adepte des films d'horreur. On connaît surtout l'interprète pour son rôle d'étudiante peu farouche dans L'Auberge Espagnole (Cédric Klapish, 2002) et ses suites. L'actrice a probablement envie de diversifier ses rôles au cinéma. Surtout, depuis le milieu des années 2000, les films d'horreur multiplient les stars féminines sur leurs affiches érubescentes.

Une tendance corroborée par le succès de The Descent (Neil Marshall, 2005). Certes, Eden Lake n'attirera pas spécialement les foules dans les salles obscures. Néanmoins, le long-métrage de James Watkins se taille rapidement une solide réputation au fil des années. Surtout, il obtient des critiques (presque) unanimement panégyriques. Il est souvent considéré comme l'un des meilleurs films d'horreur de ces dix dernières années. Reste à savoir si sa réputation est bel et bien justifiée.
Réponse dans les lignes à venir... En outre, le scénario est à la fois conventionnel et laconique. Attention, SPOILERS ! Jenny est maîtresse d'école. Son petit ami et elle quittent Londres pour passer un week-end romantique au bord d'un lac. La tranquillité du lieu est perturbée par une bande d'adolescents bruyants et agressifs qui s'installent avec leur Rottweiler juste à côté d'eux.

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A bout de nerfs, ces derniers leur demandent de baisser le son de leur radio. Enorme erreur ! Indubitablement, l'Angleterre est encore traumatisée par certains faits divers meurtriers perpétrés par de jeunes éphèbes. En 1993, deux enfants de dix ans torturent et dilapident à coups de pierres et de barre de fer le petit James Bulger, âgé seulement de deux ans, après l’avoir enlevé dans un centre commercial. Cette sinistre affaire a évidemment choqué le public et provoqué les anathèmes.
Surtout, elle inspire un autre long-métrage, Boy A (John Crowley, 2007). Que ce soit les éducateurs, les parents, les psychiatres et les différents experts en la matière, personne n'a d'explication sur cette violence gratuite et totalement incompréhensible. Tel est le terrible constat de James Watkins dans Eden Lake.

Visiblement "inspiré" (un terme vraiment à guillemeter...) d'un fait divers, Eden Lake raconte la montée de cette violence dans un contexte pourtant bucolique et propice à des temps plus cléments. Tout commence de façon assez banale. Le petit ami de Jenny, Steve Taylor, demande à une bande de gosses de baisser le son de leur radio. Parallèlement, leur rottweiler vient aboyer, renifler et menacer la tranquilité du jeune couple. Puis, la tension monte crescendo jusque l'inexorable.
Suite à une rixe, le canidé est poignardé par Steven. Le leader de la bande, Brett, réclame justice et vengeance. Il part à l'assaut de Steve et Jenny. Le fiancé est torturé puis littéralement carbonisé par les moutards extatiques. Un autre gosse est jeté dans les flammes... Dès lors, pour Jenny, c'est un survival douloureux et meurtrier qui s'engage...

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Oui, Eden Lake assène bel et bien l'uppercut annoncé. Eden Lake se révèle bien plus choquant et transgressif que la majorité des tortures porn des années 2000, notamment Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006). Dommage que James Watkins n'explore pas davantage ses thématiques pourtant passionnantes, n'engageant aucune réflexion ou presque sur ces jeunes éphèbes psychopathiques. En outre, le cinéaste se contente de filmer et d'exposer les faits, sans jamais proposer une lecture ou une réflexion personnelle. Ensuite, certains contempteurs pourront tonner et pester contre la trame scénaristique. Parfois légèrement complaisant, James Watkins choisit l'option de la facilité, à l'image de la séquence finale... En l'état, difficile d'en dire davantage.
Mais ne soyons pas trop sévères, on tient clairement là un bon film de genre, entre thriller, survival et horreur.

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver