Rec (Ne jamais cesser de filmer)

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Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2008
Durée : 1h20

Synopsis : Angéla est journaliste pour une télévision locale. Accompagnée de son caméraman, elle relate le quotidien de ceux qui travaillent la nuit. Ce soir, elle est dans une caserne de pompiers. La nuit est calme, aucune urgence. Jusqu'au coup de fil d'une vieille dame qui réclame du secours. Le tandem suit les pompiers et découvre en arrivant sur place des voisins très inquiets. D'horribles cris ont été entendus dans l'appartement de la vieille dame. Angéla perçoit la tension des habitants, son reportage devrait enfin sortir de la routine... Elle n'imagine pas à quel point ! 

La critique :

En 1980, la sortie de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato marque une rupture rédhibitoire dans le cinéma gore et extrême. En effet, le long-métrage utilise le principe de la caméra subjective et suit les pérégrinations d'un groupe de journalistes dans une forêt cannibale. Le found footage est né. Le concept est le digne épigone du "Mondo" et dans une moindre mesure du snuff movie.
Le film de Ruggero Deodato inspire plusieurs générations de cinéastes, dont Daniel Myrick et Eduardo Sanchez font partie. En 1999, les deux comparses réalisent Le Projet Blair Witch. Ce nouveau film d'épouvante reprend à son compte tous les codes et préceptes de Cannibal Holocaust, à la seule différence que le métrage raconte le périple puis la disparition de trois étudiants dans une forêt ensorcelée.

A son tour, Le Projet Blair Witch devient le nouveau parangon du cinéma horrifique. Un succès surprise qui engendre de nombreux succédanés. Narquois, Paco Plaza et Jaume Balaguero décident eux aussi de reprendre le principe de la caméra subjective avec Rec, sorti en 2007. L'air de rien, cette production ibérique va renouveler le monde des zombies et des macchabées.
En outre, Paco Plaza et Jaume Balaguero ont pour objectif de suivre, toujours par le biais d'une caméra, les péripéties de protagonistes piégés à l'intérieur d'un immeuble. Le concept est pour le moins basique et lapidaire. Une journaliste, Angela Vidal, enquête sur les activités et les métiers nocturnes. En compagnie de son caméraman, elle décide de suivre une équipe de pompiers, bientôt appelée en renforts dans un immeuble de Barcelone.

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Mais très vite, nos héros sont assaillis par des zombies particulièrement féroces et voraces. L'édifice est encerclé par la police. Aucune issue possible. Mais peu importe, Angela et son acolyte décident de filmer tous les événements qui se produisent. Dès lors, Paco Plaza et Jaume Balaguero optent pour une réalisation quasi documentaire, sous forme de réportage télévisé. Les deux réalisateurs ont également opté pour des acteurs méconnus du grand public.
Une façon comme une autre de mieux simuler les scènes de panique et d'improvisation. Dans un premier temps, Paco Plaza et Jaume Balaguero diffusent sur le net une bande annonce pour le moins originale. Il ne s'agit pas de montrer plusieurs extraits du film, mais plutôt d'asséner à l'écran les réactions d'un public ulcéré dans une salle de cinéma.

Un procédé qui va s'avérer judicieux. Non seulement Rec cartonne en Espagne mais connaît un succès triomphal en dehors de ses frontières. De surcroît, les critiques sont unanimement panégyriques. Le long-métrage remporte même plusieurs récompenses dans différents festivals, notamment le prix du jury et le prix du public au festival de Gérardmer. Matois, les producteurs américains s'emparent de ce nouveau phénomène via un remake, En Quarantaine (John Erick Dowdle, 2008), et une suite, donc En Quarantaine 2 (John Pogue, 2011). Paco Plaza et Jaume Balaguero exultent.
A leur tour, les cinéastes transmuent le premier chapitre en saga juteuse et mercantile, avec trois nouveaux chapitres. Hélas, au fil des épisodes, la franchise perdra de sa superbe.

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Reste à savoir si ce Rec premier du nom est bel et bien la claque annoncée. Réponse dans les lignes à venir. Attention, SPOILERS ! Angéla est journaliste pour une télévision locale. Accompagnée de son caméraman, elle relate le quotidien de ceux qui travaillent la nuit. Ce soir, elle est dans une caserne de pompiers. La nuit est calme, aucune urgence. Jusqu'au coup de fil d'une vieille dame qui réclame du secours. Le tandem suit les pompiers et découvre en arrivant sur place des voisins très inquiets.
D'horribles cris ont été entendus dans l'appartement de la vieille dame. Angéla perçoit la tension des habitants, son reportage devrait enfin sortir de la routine... Elle n'imagine pas à quel point ! En l'état, Rec n'est pas seulement le digne épigone de Cannibal Holocaust et du Projet Blair Witch.

En l'occurrence, Paco Plaza et Jaume Balaguero possèdent d'autres cordes à leurs arcs, notamment La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968) et surtout Démons (Lamberto Bava, 1985), un film d'horreur italien assez méconnu au-delà de ses frontières transalpines. Rec repose peu ou prou sur le même principe, à la seule différence que les inimitiés ne se déroulent plus dans une salle de cinéma, mais dans un immeuble assailli par des zombies. Les deux réalisateurs espagnols n'ont donc rien inventé.
Seule réelle nouveauté (si c'en est une...), le concept de la caméra subjective et cette volonté de s'éloigner à tout prix du discours politique et idéologique de George Romero. En ce sens, Rec est un film d'horreur résolument moderne, destiné à flagorner un public friand de sensations fortes. 
Sur ce dernier point, le long-métrage remplit largement son office. Rec fonctionne un peu comme un jeu vidéo, avec cette caméra qui arpente sans cesse les murs et les étages d'un immeuble transformé en labyrinthe de l'horreur, plongeant le spectateur au coeur de l'action.
Mutins, Paco Plaza et Jaume Balaguero rajoutent un côté survival, avec son lot de rebondissements, de cris d'orfraie puis de séquences se déroulant dans l'obscurité totale. Reconnaissons que le procédé, à défaut de marquer ou de choquer sur la durée, se révèle d'une redoutable efficacité.

Note : 14.5/20

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