Full Metal Jacket (Born to kill)

full metal jacket

Genre : drame, guerre (interdit aux moins de 16 ans)
Année : 1987
Durée : 1h56

Synopsis : Pendant la guerre du Vietnam, la préparation et l'entrainement d'un groupe de jeunes marines, jusqu'au terrible baptême du feu et la sanglante offensive du Tet a Hue, en 1968. 

La critique :

Est-il encore nécessaire de rappeler l'immense carrière de Stanley Kubrick, considéré à juste titre, comme le ou l'un des meilleurs réalisateurs du cinéma hollywoodien ? Sa filmographie se résume en plusieurs titres de prestige : Les Sentiers de la Gloire (1957), Spartacus (1960), Docteur Folamour (1964), 2001, l'Odyssée de l'espace (1968), Orange Mécanique (1971), Barry Lyndon (1975), Shining (1980) et Eyes Wide Shut (1999). Vient également s'ajouter Full Metal Jacket, sorti en 1987.
A l'origine, le long-métrage est l'adaptation d'un roman, Le Merdier (The Short Timers
 de son titre original) de Gustav Hasford), à ne pas confondre avec le film homonyme (donc Le Merdier) de Ted Post, et se déroulant lui aussi pendant la Guerre du Vietnam. Full Metal Jacket n'est donc pas le premier film à traiter de ce sujet douloureux et traumatique.

D'autres classiques incontournables l'ont déjà fait par le passé. C'est par exemple le cas de Voyage au bout de l'enfer (Michael Cimino, 1978), ApocalypseNow (Francis Ford Coppola), Platoon (Oliver Stone, 1986), Rambo (Ted Kotcheff, 1982) et Birdy (Alan Parker, 1985) pour ne citer que ces exemples. L'année 1987, soit la date de sortie de Full Metal Jacket, voit deux autres films de genre, Good Morning Vietnam (Barry Levinson) et Hamburger Hill (John Irvin), narrer à leur manière cette guerre meurtrière.
Pourtant, Full Metal Jacket obtient des critiques dithyrambiques, à tel point que le long-métrage s'inscrit parmi les 100 meilleurs films de l'histoire du cinéma selon l'American Film Institute, pointant à la 95e place. L'origine du projet remonte à 1973. A l'époque, Stanley Kubrick est impressionné par un film-documentaire d'Yves Boisset portant sur la guerre d'Algérie.

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Stanley Kubrick voit, à travers ce long-métrage, les nombreuses opportunités qu'offre le cinéma pour filmer les belligérances et l'impact de la guerre sur des hommes rompus et formés au champ de bataille. Pendant plusieurs années, le célèbre cinéaste tergiverse et hésite à réaliser un film sur la Shoah. Mais le projet est voué à l'opprobre et aux gémonies. Parallèlement, il voue une véritable fascination pour le roman de Gustav Hasford et décide de l'adapter sur grand écran.
Le cacographe se joint à l'écriture du scénario du film. Le but de Stanley Kubrick n'est pas forcément de réaliser une oeuvre anti-militariste mais de montrer "à quoi la guerre ressemble vraiment", selon les propres aveux du cinéaste. La distribution du film réunit Matthew Modine, Arlisse Howard, Adam Baldwin, Vincent D'Onofrio, R. Lee Ermey, Dorian Harewood et Ed O'Ross.

Le scénario de Full Metal Jacket se divise en deux parties bien distinctes. Attention, SPOILERS ! La première partie du film se focalise sur le personnage de J.T. Davis, surnommé "Guignol", un jeune engagé dans les marines durant la guerre du Vietnam, ainsi que son parcours dans un camp d'entraînement à la fin des années 1960. Le groupe de nouvelle recrues dont il fait partie est pris en main avec brutalité par le sergent instructeur Hartman.
Alors qu'il multiplie les jurons et les acrimonies, le sergent despotique concentre toute son attention sur le soldat Lawrence, dit "Baleine", pour sa stature imposante et ventropotente. Intellectuellement limité, le jeune homme est également victime des railleries et des quolibets de ses camarades. Peu à peu, son esprit se délite jusqu'à se confiner dans une sorte de folie et de neurasthénie irréfragables.

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Si dans un premier temps, "Baleine" se transmute rapidement en militaire discipliné et fan de la gâchette, il développe parallèlement un comportement psychopathique inquiétant. Il assassine le sergent Hartman et se suicide sous les yeux ébaubis de "Guignol". Fin de la première partie. La seconde section du film nous transporte en pleine guerre du Vietnam. Les inimitiés peuvent enfin commencer.
"Guignol" est envoyé en reportage sur le terrain. Il y retrouve l'un de ses camarades du camp d'entraînement, surnommé « Cowboy », aux côtés duquel il est engagé de manière directe dans les combats. Dès lors, "Guignol" se retrouve confronté à ses propres limites morales. Tuer ou se faire tuer... Indubitablement, la première partie de Full Metal Jacket reste la plus éloquente. Attention, néanmoins, à ne pas minorer l'impact de la seconde.

A travers cette première section, on retrouve tous les thèmes de prédilection de Stanley Kubrick, ceux qui forgent sa passion et son engouement depuis 2001, l'Odyssée de l'espace ; à savoir les conséquences de cet enfermement dans un espace confiné, transformant les hommes en bêtes sauvages et primitives. C'était déjà la thématique d'Orange Mécanique, soit ce long conditionnement réduisant les hommes à quia et à de vulgaires cacochymes. Pour les besoins de la guerre et de tous ces marchands d'armes, des soldats sont rompus au combat, envoyés dans des camps puis détruits psychologiquement, avant d'aller ferrailler contre l'ennemi de la Nation...
Après le suicide de "Baleine", Stanley Kubrick a déjà assassiné son public. La séquence, d'une violence inouïe, marque durablement les esprits.

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Puis, les échauffourées se déroulent en pleine terre vietnamienne. Le héros principal est donc plongé dans un champ de ruines où ne règnent que le chaos, la terreur, la mort et la désolation. Dans cette seconde partie, Stanley Kubrick affine ses effets visuels et stylistiques. Bien qu'il se trouve dans un champ de bataille et de belligérances, "Guignol" est à nouveau cloîtré dans une sorte de structure rigide et totalement déshumanisée.
Plus qu'un brûlot anti-militariste, Full Metal 
Jacket s'apparente davantage à un long réquisitoire contre ce travail de propagande et de condionnement.
Dès lors, les balles fusent dans tous les sens. Avec ses compagnons d'infortune, "Guignol" assiste au long marasme puis au glas d'une femme vietnamienne. Cette dernière exhale enfin son dernier so
upir sous le regard indifférent du soldat et de ses hommes. Full Metal Jacket est la parfaite antithèse d'Apocalypse Now. Au style lyrique de Francis Ford Coppola, Stanley Kubrick oppose une empreinte et une cicatrice indélébiles... Une froideur insondable.

Note :17.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver