Class 1984 ("I am the future !")

Par Olivier Walmacq

Genre : drame, anticipation (interdit aux - 12 ans)
Année : 1982
Durée : 1h38

Synopsis : Andy Norris est nommé professeur de musique à la "Abraham Lincoln Highschool", un établissement scolaire terrorisé par un gang d'élèves dirigés par un jeune pianiste psychopathe. Revente de drogue, brutalité, racket, menaces sont le pain quotidien de ceux qui y étudient et y enseignent. L'attitude ouverte mais ferme d' Andy envers le gang ne sert à rien. Au contraire, elle engendre de nouvelles provocations. L' affrontement n'est plus très loin et il s'annonce sanglant.

La critique :

Au cours de sa carrière cinématographique, Mark L. Lester s'est essentiellement spécialisé dans le film d'action et plus précisément dans les séries B modestes et impécunieuses. On lui doit notamment Armé et Dangereux (1986), Dans les griffes du Dragon Rouge (1991), Public Ennemies (1996) et Piège sur Internet (2002). Son plus grand succès se nomme Commando (1985), un nanar d'action avec Arnold Schwarzenegger. En 1982, Mark L. Lester réalise Class 1984, un long-métrage inspiré par plusieurs films populaires. En effet, Class 1984 apparaît à la fois comme le digne successeur de Mad Max (George Miller, 1979), New York 1997 (John Carpenter, 1981), Orange Mécanique (Stanley Kubrick, 1971), La Fureur de Vivre (Nicholas Ray, 1956) et Graine de Violence (Richard Brooks, 1955).

Class 1984 s'inscrit dans la culture populaire et science-fictionnel des années 1970, à la fois marqué par cette anticipation noire et pessimiste et cette Amérique libertaire menacée d'extinction par une jeunesse indocile et en pleine décrépitude. Si le long-métrage ne rencontre qu'un succès d'estime au cinéma, il triomphe néanmoins en vidéo. Très vite, Class 1984 s'octroie le statut de film culte, à tel point qu'il engendrera deux suites, Class of 1999 (toujours réalisé par Mark L. Lester en 1990) et Class of 2001 (Spiro Razatos, 1994).
Au moment de sa sortie, le film de Mark L. Lester provoque les anathèmes et les quolibets et écope carrément d'une interdiction aux moins de 18 ans en France. Par la suite, cette interdiction sera étrangement minorée pour une simple mention "interdit aux moins de 12 ans", voire même dans certains cas, un carré blanc en guise d'avertissement.

L'air de rien, Class 1984 va ouvrir une nouvelle ère dans le cinéma choc et polémique. Par la suite, de nombreux films vont répudier le système éducatif américain comme le ou l'un des responsables d'un marasme sociétal et juvénile. C'est par exemple le cas d'Elephant (Gus Van Sant, 2003), 187 Code Meurtre (Kevin Reynolds, 1997), The Substitute (Robert Mandel, 1996) ou encore Le Proviseur (Christopher Cain, 1987), pour ne citer que ces exemples.
De surcroît, Class 1984 s'inscrit également dans cette culture des vigilante movies, très célèbres dans les années 1980, le but étant de décrire des individus vindicatifs et en pleine insurrection. Mais Class 1984 n'est pas seulement un drame scolaire. Le long-métrage s'apparente aussi à un film d'anticipation, se déroulant dans un futur proche et inspiré par un fait réel.

Or, ce dernier détail serait mensonger. Une information à vérifier... Bref, on tient là un long-métrage controversé. La distribution du film réunit Perry King, Merry Lynn Ross, Timothy Van Patten, Roddy McDowall, Stephan Arngrim et Michael J. Fox. Attention, SPOILERS ! (1) Dans un futur proche, un jeune professeur de musique se heurte à un gang d'adolescents extrémistes, échappant à tout contrôle.
Andy Norris, jeune professeur de musique, est nommé en remplaçant au lycée Lincoln. Très vite, il se heurte à Peter Stegman, un adolescent meneur et sa bande. Il tente tout d'abord d'apprivoiser la violence des adolescents. Le suicide d'un étudiant, sous l'emprise de la drogue, le choque particulièrement. Il sait que la drogue a été vendue par Peter Stegman, mais l'unique adolescent témoin, Arthur, refuse de parler.

Très vite, Andy Norris subit les pressions et menaces des adolescents turbulents, particulièrement après avoir refusé Stegman dans son orchestre, malgré ses qualités musicales. Destructions de voitures, menaces, etc., la relation entre le professeur et son élève atteindra vite le point de non retour ! (1) Dès son générique, Class 1984 a le mérite de présenter les inimitiés puisque le film s'ouvre sur un titre d'Alice Cooper, I am the future. Le long-métrage aura donc une vraie consonance punk, rock 'n' roll et d'insubordination juvénile ! Pourtant, Mark L. Lester prend son temps pour planter le décor.
Sur ce dernier point, le scénario est plutôt basique et conventionnel. Dans sa première partie, le script se focalise sur l'arrivée d'un professeur, Andy Norris (Perry King), dans le lycée de Lincoln, un bahut sous l'égide d'une petite bande de gangsters, dirigée par Peter Stegman (Timothy Van Patten).

Ainsi, la violence et la tension montent crescendo. Cela commence de façon assez timorée, par quelques menaces et invectives. Certes, le professeur de musique alertera le proviseur. En vain. Certes, plusieurs élèves, malgré la vigilance de policiers postés à l'entrée du lycée, parviennent à faire passer des armes dangereuses et contondantes. Mais tout le monde ou presque ferme les yeux.
Déjà, en 1982, Class 1984 préfigure la défaite parentale et le glas du Patriarcat. Abandonnés à leur sort, les lycéens s'adonnent au trafic de stupéfiants. Après une petite demi-heure de bobine, les choses s'accélèrent. Terry Colligan (Roddy McDowall), un collègue et ami d'Andy Norris, pète les plombs, prenant les élèves en otages. La suite des hostilités se déroulent à l'extérieur du lycée, se terminant par la mort du professeur de biologie. 

Revanchard, Andy Norris déclare la guerre à Stegman et sa bande. Autrement dit, pour avoir la paix, il faut préparer la guerre. Class 1984, c'est aussi cette défaite des idéaux scolaires, éducatifs et sociétaux. En outre, Peter Stegman est le digne épigone d'Alex DeLarge (le "héros" criminel d'Orange Mécanique). Lui aussi se passionne pour la musique classique. Mais le jouvenceau a abandonné les sonates de Beethoven pour imposer son diktat dans un lycée de banlieue.
Certes, Class 1984 n'échappe pas aux stéréotypes et aux caricatures habituelles. Par exemple, le personnage d'Andy Norris est un peu trop timoré et policé pour convaincre sur la durée. Toutefois, certains acteurs secondaires tirent leur épingle du jeu. Mention spéciale à Roddy McDowall et à Michael J. Fox, encore méconnu à l'époque. Enfin, Class 1984 apparaît désormais comme une oeuvre certes visionnaires, mais (plus ou moins) obsolète. 
Si le film préfigure déjà le meurtre et la fusillade de Columbine, force est de constater qu'il est aujourd'hui complètement dépassé par une nouvelle forme de violence juvénile, celle qui s'amuse à filmer des scènes d'humiliation ou de barbarie dans les couloirs des lycées...

Note : 14/20

 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Class_1984